Rencontre du troisième type!

Dans un premier temps, je me suis rendu à son appartement jeudi soir dernier pour faire sa rencontre, et dans un deuxième, l’aider à sélectionner le matériel d’escalade qu’il aura besoin au courant de notre expédition. Je cogne à sa porte et j’entends un oui signifiant que je pouvais entrer. J’ouvre la porte et je tombe pratiquement nez-à-nez avec un livre d’Ed Viesturs. Je vois que celui-ci a pris pour modèle un des  grands noms de la montagne.  Après seulement quelques mots échangés avec lui, j’ai tout de suite sus que Michael allait être le troisième type qui allait compléter l’équipe.

Lorsque ma conjointe m’a demandé comment c’était passé notre première rencontre, j’ai tenté de lui résumer le tout en une phrase. Michael me semble être la bonté incarnée. Ma plus grosse crainte était de tomber sur une «grosse tête». Dominic avait raison, Michael est le genre de gars qui s’adonnerait bien avec pratiquement tout le monde. Il avoue ne pas connaître grand-chose dans le monde de l’alpinisme et de l’escalade, mais est prêt à s’investir pour rétablir la chose. Je vois également qu’il s’est relativement bien documenté sur la région que nous allons fréquenter au courant du mois prochain. Donc, ce que nous devrons faire au courant des prochaines semaines, c’est de lui faire voir du terrain et de lui montrer quelques notions de base avec l’équipement et quelques techniques.

Je suis conscient que je suis le membre de l’équipe qui a la plus grande expérience en montagne et au point de vue technique, cependant, je ne veux pas avoir la pression d’être la personne qui devra décider à tout coup quand monter, quand  s’arrêter et quand redescendre. Chacun doit y mettre du sien dans sa préparation psychologique de la gestion du risque. Tout comme le résume bien Ed, l’escalade doit être un voyage aller-retour. Ceux qui me connaissent bien doivent savoir que je laisse la place qui se doit à l’humilité.

Le moment que j’anticipe le plus présentement et que je sais qui sera dur à surmonter, sera le moment ou je devrai me séparer de Karine, de ma petite Julia et de mon p’tit homme Jacob. Je sais qu’une fois rendu au Pérou, ils seront ma préoccupation majeure et que je devrai savoir les mettre de côté dans ma tête pour être en plein contrôle de mes moyens et empêcher mes sentiments de me pousser à précipiter les évènements pour en finir avec la montagne. Dans la vie, un père doit être un passeur, et dans la mienne, ce fut mon petit Jacob qui fut le mien. Celui-ci a du mener un dur combat dès sa naissance pour survivre. Sans le savoir, c’est lui qui m’a poussé vers cette aventure. Je voulais savoir ce que c’étais pour lui de mener une lutte chaque jour pour respirer et de voir un lendemain. C’est ma façon de montrer à mon tour de quoi je suis capable. Autre réalité, l’une des cousines de Karine mène une dure lutte contre le cancer. Même si l’on sait que Marie-Claude à l’étoffe d’une gagnante, on trouve que la vie se voit injuste à l’occasion. Si mon p’tit Jacob saura être ma détermination pour mener mon aventure à terme, Marie-Claude se verra être mon NOS (Nitrous Oxide Systems) lorsque mes jambes faibliront et que le mal prendra place. Je suis parfaitement conscient que l’expérience que je me prépare à vivre n’est rien en comparaison à la sienne, c’est pourquoi il n’y aura pas de place pour les excuses facile.

Au courant du prochain mois, je vais me lancer dans mes calculs interminable pour déterminer le poids que chacun devra porter et comment nous nous le répartirons, la quantité d’eau et de nourriture voir de calories que nous devrons ingurgiter selon notre situation de chaque jour, la progression que nous devrons suivre pour parfaire notre acclimatation, la quantité de combustible que nous devrons nous approvisionner, etc….  C’est signe que les préparatifs vont bon train.

Dur à croire, on vient tout juste de commencer l’été et dans un mois, notre trio se replongera dans l’hiver pour revenir quasiment à l’automne. Le moment présent n’est donc que de passage et on doit savoir le saisir et en profiter pleinement avant qu’il ne nous glisse entre les mains…ce qui est inévitable.

Christian Gauthier….de l’équipe Tontrip