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Chronique economique Les mises a pied déferlent sur le Quebec

Publié le 06 août 2009 par Raymond Viger

image Certains de ces travailleurs ne retrouveront pas leur emploi lorsque l’économie reprendra de la vigueur.

Quand on perd son emploi, les mots récession économique prennent toute leur signification. Si vous êtes parmi les 48 800 Québécois qui ont connu ce sort au cours des trois premiers mois de l’année, vous pouvez sûrement en témoigner.

La récession a finalement frappé le Québec durant cette période. «Alors que le marché du travail québécois avait résisté jusqu’à la fin de 2008, la situation s’est fortement détériorée au cours du premier trimestre de 2009», explique Joëlle Noreau, économiste principale à la Fédération des caisses populaires Desjardins.

Ce n’est pas fini. D’autres rejoindront les sans-emplois d’ici l’automne, car plusieurs employeurs importants, tels Abitibi Bowater, Bombardier et Pratt et Whitney, ont annoncé des mises à pied.

Cette tendance à la baisse va se poursuivre sûrement pendant six mois, craint Mme Noreau. Jusqu’à 70 000 travailleurs pourraient perdre leur emploi au Québec en 2009.

Combien parmi ceux qui ont perdu leur emploi le retrouveront-ils? Pour ceux qui ont été mis à pied uniquement parce que l’économie connaît une récession sévère, il y a de l’espoir.

Prenons les mises à pied chez Bombardier. La récession a entraîné une forte diminution de la demande d’avions d’affaires. L’entreprise a donc été forcée de réduire drastiquement sa cadence de production et sa force de travail.

L’effet boule de neige

Les licenciements chez Bombardier se répercutent ailleurs. Les fournisseurs de pièces destinées à ces avions voient eux aussi la demande pour leurs produits baisser et licencient des travailleurs. Même les restaurants situés à proximité des usines de Bombardier et de ses fournisseurs doivent pour la plupart réduire leur personnel, compte tenu d’un achalandage forcément moins grand à l’heure du lunch.

Mais il est probable que tous ces emplois pourront être recréés lorsque la récession sera terminée et que les commandes d’avions d’affaires reprendront. Toutefois, cette reprise n’est pas pour demain. Les premiers signes d’une relance n’apparaîtront pas avant, au mieux, le quatrième trimestre, soit tard cet automne selon les plus récentes prévisions de la Banque du Canada. Cette reprise sera très graduelle.

Comme dans l’aéronautique, plusieurs secteurs ont effectué des compressions de personnel importantes à cause de la détérioration de la conjoncture économique. Pour les travailleurs de ces secteurs, l’espoir n’est pas perdu de retrouver un jour son emploi.

D’abord, le secteur minier. Une diminution de la demande a fait chuter les prix et réduire la production. Mais une relance économique, principalement chez les pays émergents, permettra éventuellement une remontée.

Puis dans le secteur de l’habitation, dont la contraction s’est accélérée en 2009, une réelle crise de la construction domiciliaire a pris naissance aux États-Unis et s’est propagée au Canada et au Québec. La construction reprendra un jour. Mais une reprise valable des mises en chantier au Québec n’est prévue qu’en 2010, selon Hélène Bégin, également économiste au Mouvement Desjardins.

Enfin, les secteurs du commerce de détail et de la restauration encaissent le coup de la récession. Ces secteurs n’attendent qu’une relance de l’économie pour réembaucher.

Industries en mutation

Si le temps ramènera les emplois perdus à cause d’une conjoncture économique défavorable, on ne peut en dire autant des emplois éliminés par un changement fondamental de l’industrie. C’est le cas du secteur forestier, du textile et, dans une moindre mesure, de l’automobile.

Pour les produits du bois conventionnels, l’industrie québécoise est de moins en moins concurrentielle à cause de sa trop petite taille, et du fait qu’il faille aller chercher le bois de plus en plus loin, explique Joëlle Moreau. Il est douteux que cette industrie retrouve sa vigueur d’antan.

Pour l’industrie du textile, les pertes d’emplois risquent d’être permanentes, ce qui n’est pas un phénomène nouveau. De nombreux postes se déplacent vers la Chine ou vers d’autres économies émergentes et ne reviendront jamais.

Pour ce qui est de l’automobile, certains travailleurs retrouveront leurs emplois mais devront peut-être accepter de changer d’employeur, l’industrie américaine risquant fort de ne jamais récupérer les parts de marché perdues durant la crise actuelle.

Reflet de Société, Vol. 17, No. 4, Juin/Juillet 2009, p. 30


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