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Comité Richelieu & Innovation

Publié le 30 août 2007 par Olivier Girault

Il apparaît important à notre société de reprendre le compte-rendu public du 24 août du Comité Richelieu le compte-rendu public du 24 août du Comité Richelieu pour d'une part en promouvoir la diffusion et d'autre part contribuer à des prises de décision clef pour l'avenir des sociétés technologiques sur le sol français.

Nous souhaitons en effet mettre en exergue certaines facettes de la R&D en France qui est certes majoritairement mise en avant sur un plan purement technologique mais qui existe également sur d'autres axes tels que l'organisation du travail ou les sciences humaines (aussi appelées "sciences molles" par certains).

Nous reconnaissons que l'innovation française issue des grands groupes ou laboratoires publics est importante et indispensable car elle permet d'atteindre des effets de seuils et, par vocation tout comme par mise à disposition des moyens nécessaires, permet de supprimer une partie de la pression de rentabilité ou résultat immédiats. En complément, la recherche et l'innovation existent également (et sont fondamentalement nécessaires) à la dimension d'une PME. Nous ne devons pas oublier que la valeur d'une société réside aujourd'hui dans ses hommes et sa propriété intellectuelle !

Pour autant, engager des travaux de recherche au sein d'une PME  s'avère aujourd'hui ardu...

L'idée dominante aujourd'hui est que les PME doivent trouver leur R&D au sein "de centres de recherches R&D agréés" et qu'elles doivent venir y chercher leur avenir. Implicitement, cela sous-entend qu'une PME ne peut intrinsèquement pas effectuer une recherche à moyen terme ou innover technologiquement. En est-on bien sur?

Ce qu'il faut retenir c'est qu'une PME cherche justement à se différencier par rapport à ce qui existe sur un marché et en recherche conventionnelle. Elle se doit de trouver des éléments différenciateurs sur le plan technologique certes, mais aussi sur d'autres plans (organisationnels, humains, artistiques, de marchés...).

La R&D étant une nécessite, la PME doit être en mesure de s'organiser afin de concilier Recherche ("L'avenir") et Production ("Le quotidien") et de concrétiser ses axes d'innovation avec les moyens - souvent assez limités - à sa disposition. Différentes alternatives lui sont proposées :

L'externalisation
Bien souvent, en externalisant trop tôt sa R&D, elle prend un risque certain de voir ses idées copiées ou détournées par des acteurs majeurs disposant de moyens excédentaires. Bien entendu, la mise en œuvre de R&D au sein des PME n'exclut pas de travailler conjointement avec des organismes de recherche, des universités, des organismes publics idoines mais elle doit se faire dans un contexte où des facteurs - assurant une relation gagnante-gagnante, une parfaite confidentialité et une protection effective de la propriété intellectuelle - sont réunis.

Le recours aux aides
Malgré de récentes améliorations, force est de constater que dans la majorité des cas une PME/PMI rencontre des difficultés pour s'intégrer dans les démarches officielles d'aide, compte tenu de la lourdeur de ces dernières ou tout simplement par "jeunesse" de l'entreprise. Cet effet "Jeunesse" a tendance à réduire la crédibilité de la société indépendamment de ses actes, ses acquis ou ses réalisations. Il est en effet difficile de témoigner "d'expérience" lorsque l'on est "jeune" et sorti de nulle part. C'est un phénomène malheureusement bien connu.

Pour illustrer de façon pragmatique les propos précédents, voici le témoignage de notre société, qui comme certains de nos supporteurs le savent déjà, a justement bénéficié du statut de "Jeune Entreprise Innovante" en juillet 2006 après un parcours du combattant de ... plusieurs très (trop) longues années et obtenu ses premiers Crédits d'Impôt Recherche [CIR]. Pourquoi autant de temps me direz-vous?

Plusieurs raisons à cela :
1 - nos fondamentaux étaient trop décalés par rapport "aux normes" : Que nous parlions d'innovation organisationnelle [nous utilisions en 2001 les notions de société virtuelle portée et de "portage salarial" parce que n'avions pas la taille critique suffisante pour avoir une indépendance juridique complète. Celle ci a été  acquise en avril 2003], d'innovation sociale ou d'innovation de services, notre façon d'envisager l'Entreprise ne répondait visiblement pas aux modèles connus et acceptés.
2 - notre société a démarré après "l'explosion de la Bulle Internet" : Disposant pourtant d'un Business Model solide, loin des "gadgets non viables" constatés durant cette période de frénésie financière, peu de personnes nous donnaient la moindre chance de succès.
3 - nos travaux étaient trop en "avance de phase" par rapport à la capacité de compréhension et d'assimilation du marché ou bien étaient "amalgamés" à des concepts parasites...concepts pourtant d'une pertinence bien réelle pour les entreprises !! [Il ne sert à rien en tant que tel d'avoir raison...]
4 - nous n'étions pas un "spin off" d'un grand groupe;
5 - nous ne pouvions pas entrer dans "des cases établies" ["Vous ne répondez pas aux "critères". Cf. point #1];
6 - nous devions faire face à une règlementation terriblement complexe si nous voulions rester dans les cadres juridiques et fiscaux [Regardez la complexité pour rédiger un "dossier de rescrit" en bonne et due forme];
7 - nous devions arbitrer entre Production et Recherche ce qui est plus complexe selon nous pour une PME qu'un grand groupe (notamment quand la recherche doit intégrer la complexité des démarches. cf. point #6)
8 - nos ambitions se trouvaient fortement réduites par cette spécificité bien française liée aux fonds propres [d'où 4 augmentations de capital par moyens internes - c'est à dire sur les résultats propres - depuis la création de la société]...
9 - ...

On constate ainsi pleinement les difficultés rencontrées.

La R&D est fondamentale tant pour la différenciation qu'elle doit apporter que pour le "devenir" qu'elle sous-tend, mais pour en amoindrir les coûts et les contraintes inhérentes il faut batailler ferme. Le Corollaire de la R&D pour une PME est donc aujourd'hui encore "un prix à payer" élevé :
1 - Temps (et donc coûts!) pour monter les nombreux "dossiers" [souvent redondants mais peu réutilisables entre eux].
2 - Temps (et donc coûts!)  pour trouver et qualifier des partenaires agréés (Un partenaire doit être agréé par le MRT pour que ses interventions puissent être décomptées dans le cadre de la JEI/CIR, et la liste des partenaires potentiels reste malheureusement encore assez mince) et gérer éventuellement les mauvaises surprises (Déréférencement sans préavis d'organismes de recherche agréés, impactant directement les éventuels crédits)
3 - Recours aux conseils d'expertise pour contrebalancer la complexité des textes;
4 - Ressources internes "réquisitionnées" pour faire face aux audits ou contrôles;
5 - Recherche des financements en tenant compte de nombreuses contraintes [la capacité d'emprunt par exemple est liée au niveau des fonds propres];
6 - Temps pour expliquer aux organismes (de conseil) financiers [au sens large] le bienfondé de toutes sortes de décisions;
7 - Structuration des systèmes financiers, de production et de R&D coûteux [nécessaire intégration des systèmes afin de fournir un reporting très précis des travaux réalisés];
8 - Contrôle permanent des ratios juridiquement très stricts d'au moins de 15% des dépenses [sous peine de perdre définitivement l'acquis du statut de JEI]
9- ...

On voit donc bien la difficulté pour une PME de faire face à toutes ces "contraintes" qui ont tendance à la disperser de sa richesse véritable que sont ses clients et des idées et à ne pas lui apporter l'aide effective dont elle aurait réellement besoin.

A titre d'illustration, d'un point de vue financier, nous pouvons estimer que les gains que nous avons obtenus avec les mécanismes existants aujourd'hui ont finalement été assez marginaux depuis la création de notre société. (En particulier, si nous intégrons les coûts mis en œuvre pour les obtenir.)

Nous espérons sincèrement que les nouvelles lois à l'étude, la montée en puissance des pôles de compétitivité et la prise de conscience collective de l'importance d'avoir davantage de PME/PMI créatrices d'emplois (Nous avons été stupéfaits d'apprendre récemment que notre société faisait partie des 6,67% d'entreprises ayant plus de 10 salariés. Ce ratio est par exemple tout autre de l'autre côté du Rhin) permettront d'entrer dans une réelle dynamique d'innovation et d'accompagnement efficace des entreprises ou porteurs de projets innovants.

En conclusion, nous espérons que les initiatives en cours seront concrétisées et procureront aux entreprises une aide effective : simplification des démarches, réels effets de levier de développement. Dans ce cas, nous nous inscrirons pleinement dans la démarche pour en bénéficier activement. Nous sommes en train de franchir un seuil de croissance très important où l'international est déjà un élément clef. Venez nous rejoindre pour continuer ce développement ! Nous sommes prêts à accueillir des propositions de solutions concrètes !


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