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La politique française vue à distance.

Publié le 05 octobre 2007 par Cabinetal

Entretien téléphonique, ce matin, avec un journaliste sur l'actualité politique. A Madrid, depuis une semaine, à vrai dire, je n'ai rien suivi des aimables échanges survenus, paraît-il, entre l'Elysée et le Sénat. Les deux questions que mon interlocuteur souhaite évoquer concernent le rôle du Sénat et la course à sa présidence, l'an prochain.
S'agissant du Sénat lui-même, je lui confie ma perplexité sur la manière dont le débat s'engage. S'agit-il de doter la France d'institutions démocratiques efficaces ? Ou de régler des comptes entre partis, groupuscules, factions ou personnalités ?

Je préfère commencer tranquillement par le début : faut-il ou non deux chambres ? Selon moi : oui ! Deux fois oui ! C'était d'ailleurs le sentiment profond du fondateur de la 5ème République. Dès lors, quel mode de scrutin pour le Sénat ? Le même que celui de l'Assemblée ? Stupide ! Les 2 chambres vont immédiatement se disputer sur leur légitimité respective. Le système actuel permet à la France de tous les territoires d'être représentée. Ceux qui dénoncent ce modèle doivent nous dire si la Lozère, le Cantal, la Creuse ou l'Orne n'ont plus droit à la parole dans la République. Je ne suis naturellement pas de cet avis. S'agissant du scrutin proportionnel, il est déjà en vigueur dans les départements qui élisent 5 sénateurs. Faut-il passer à 4 ou à 3 ? Pourquoi pas, mais franchement, est-ce-bien le problème ? Puisque le but, non avoué, semble de vouloir y faire entrer Messieurs Le Pen et Besancenot. Avec la proportionnelle, ils n'y parviendront pas davantage. Le système à déjà permis à Robert Hue et Dominique Voynet d'y siéger. Tout simplement parce qu'ils ont des élus grand électeurs, pas les autres !

Mais l'essentiel, au fond, n'est pas là ! Il est dans le juste équilibre à trouver impérativement entre l'Exécutif et le Parlement. On nous parle d'un régime présidentiel. Pourquoi pas, là encore. S'est-on cependant avisé que cela suppose, corrélativement, le renforcement substantiel des pouvoirs du Parlement ? A défaut, nous serions menacés d'une sorte de monarchie élective aux relents bonapartistes incongrus dans un premier temps et dangereux dans un second.
Si l'exécutif veut aller vers un système présidentiel, alors qu'il donne immédiatement des gages, en mettant, par exemple, la moitié des corps d'inspection à la disposition du Parlement pour que celui-ci accomplisse mieux encore sa mission de contrôle, désormais plus importante que la fonction législative. J'adorerai m'occuper d'un sujet pareil, en duo avec Didier Migaud. Je suis sûr que nous saurions faire progresser bien vite les choses.

S'agissant de la course à la Présidence du Sénat, j'ai répondu que nous étions bien loin du rendez-vous pour en parler concrètement. Selon moi, il y a 2 manières de désirer la fonction. La voir comme un aboutissement, le nirvana de son prestige personnel. Ou en faire un vrai levier de modernisation du Pays. La course au prestige me semble offrir bien peu de valeur ajoutée aux Français. Moderniser la France et, au passage, le Sénat, serait, en revanche, un bien meilleur projet. Pour redonner du punch à la Présidence du Sénat, il faudrait, de toute manière, limiter la durée du mandat à 6 ans ! C'est à dire ne permettre qu'un seul renouvellement triennal. Ainsi les Sénateurs pourraient, sans risque de se les garder 20 ans, élire des présidents jeunes, déterminés, audacieux, modernisateurs. Le Sénat prendrait ainsi dans les institutions du Pays un rôle majeur, salutaire. Il pourrait notamment se poser en garant d'un contrôle approfondi de l'efficacité de l'action publique et aussi en garant de la protection si urgente des intérêts des générations futures mal traitées depuis trop longtemps.
J'ai retrouvé, pour ceux que cela peut amuser, un récit de la primaire à laquelle j'ai participé, en 2004, pour la Présidence du Sénat. Je n'en ai pas changé un mot, pour lui laisser toute sa fraîcheur du moment. Même si, depuis, les circonstances ont bien changé et que mes rapports avec Christian Poncelet sont restés les plus cordiaux et, je crois, confiants.
Enfin, j'aurais bien aimé parler du nécessaire redressement de nos comptes publics, mais mon interlocuteur a souhaité remettre à plus tard. On verra donc la prochaine fois. Il y a pourtant beaucoup à dire.
C'est la première fois que je commente un entretien avant qu'il n'en soit, éventuellement, fait état dans la presse. On verra si les blogs peuvent jouer un rôle d'anticipation utile.


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