Le premier camp action climat en France
L’aéorport de Nantes vous connaissez ?
En 1967, l’actuel aéroport situé un peu au Sud, prévoit une hausse de trafic tel qu’il faudra construire nu autre terminal, bien plus vaste. On envisage 7 millions de passagers pour l’an 2000.
En réalité, il accueille aujourd’hui 2.6 millions de passagers chaque année… Cependant, le projet est sorti de son sommeil il y a quelques années sans que l’on comprenne vraiment pourquoi. Pour comparaison, Genève accueille quatre fois plus de passagers pour une même surface.
C’est donc un gigantesque projet (1650 hectares à Notre Dame des Landes, terres agricoles, à 30 km de Nantes) qui fait rêver les élus de l’agglomération (» il faut laisser une trace de son mandat» ), les betonneurs (» il faut de la croissance» ) et les promoteurs immobiliers qui ont déjà spéculé. Aberrant dans un monde où le pétrole s’épuise et où il faut limiter nos émissions CO2.
Pour résister, on trouve les agriculteurs de la zone concernée, beaucoup d’élus du coin et… les militants climatiques.
Ceux-ci ont organisé le camp action climat, calqué sur de précédentes initiatives menées en Angleterre, aux Etats-Unis, en Australie, en Suisse, en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas, au Danemark, en Finlande etc.
Cela permet à la fois
- d’apporter un soutien massif aux résistants de Notre-Dame des Landes
- de créer un évènement médiatique autour de l’urgence climatique (Copenhague n’est plus loin) en réalisant des actions directes non-violentes (clown, défilé, blocage, vélorution…)
- de créer un lieu d’échange autour de l’écologie
- d’expérimenter l’auto-gestion.
C’est sur l’auto-gestion, terme mal compris, que souvent, ce type d’évènement est dénigré. Aussi bien par la presse locale que par certains organisateurs de la semaine de résistance elle-même.
Car peut-être avez-vous vu lu des articles évoquant le camp action climat. Tel média parle de vandalisme, tel autre de méthode nord-coréenne. Est-il bien nécessaire de préciser que tout cela n’est que calomnie. Calomnie qui peut très avoir pour origine l’incompréhension.
Car, pour les non-initiés, l’autogestion s’apparente à l’anarchie, au désordre et à l’absence de règles. Alors, que des règles, il y en avait un paquet… je peux vous l’assurer.
Et forcément, quand telle règle concerne les amis journalistes (pas de photo sans autorisation car c’est un lieu de vie), certains se sentent piqués au vif et crient à la censure…
Enfin, il y a eu ce fait divers, déconnecté du camp lui-même, mais qu’il est si tentant de relier: le vol (ou auto-reduction dans le jargon lénifiant des défenseurs de ce procédé…) dans un supermarché pour des produits alimentaires de base.
Bizarre tout de même que 40 personnes aient réalisé un tel exploit dans un coin bouclé par les gendarmes et quelques hélicoptères…
Retenons surtout du camp que c’est une formidable réussite.
D’abord car la journée d’action prévue samedi s’est bien passée. Les clowns n’ont peut-être pas réussi à bloquer l’aéroport mais la bonne humeur a contaminé passagers et policiers. L’altertour (pour la biodiversité) a franchi la ligne d’arrivée après deux mois de tour de France… sans dopage et avec des vélos de toutes les formes. Et surtout, le camp auto-géré a parfaitement fonctionné.
Empreinte écologique minimale voire dérisoire: toilettes sèches, douches solaires, électricité avec des éoliennes Tripalium, cuisine bio et végétarienne. Aucun déchet par terre alors qu’au plus fort, 2 000 personnes étaient présentes. Tout cela sans service d’ordre ni « responsables» .
Et le soir de la musique acoustique pour ceux qui veulent danser.
Un beau mélange de personnes qui expriment leur « solidarité climatique» en associant le fond à la forme.