COLETTE ET LE
GUEPARD
Les folies bergères
Paul était fier de tenir par le bras ces deux jeunes demoiselles.
La haute bourgeoisie était à son comble. Les marches des escaliers étaient recouvertes d’un tapis rouge feutrine. Les employés
s’affairaient. Les serveuses aux petits soins tendaient sur des plateaux d’argent une coupe de champagne en guise de bienvenue. Ce temple qui devenait l’antre des discussions de la gente
féminine était au complet. Certains trouvèrent conférence entre deux halles, d’autres rejoignaient le bar avec des rires qui remplissaient le cœur de gaieté. Chacun prit sa place. Tout le monde
se bousculait lorsque l’on annonça l’entrée de la grande Sarah Bernhardt. Sa voix était répandue dans le monde presqu’entier. Le fait de sa présence durant l’exposition donnait une grandeur
inestimable à notre France. Durant la cérémonie finale, sa voix devait se répandre aux confins des champs Elysées. C’était la vedette dans son absolu.
« Vous l’avez-vous aperçu ?»
« Non, pas encore »
« Et toi Colette ? Il parait qu’elle serait malade. Quel dommage, mais mon Dieu quel sincère dommage ma chère cousine que de ne pas la voir. »
Disait Géraldine
Les places sur le perron devenait très chère quand tout à coup mademoiselle Yvette Guilbert apparut. Elle virevoltait sur elle-même faisant de grands gestes
sûre d’avoir réussi son entrée. Cette femme était la cancanière de Sarah, une chanteuse de café-bar à se méprendre et à se méfier si toutefois elle vous avait dans sa manche. En l’occurrence ce
n’était pas l’amie de Sarah, par jalousie sans doute. car elle aussi donnait des représentations au moulin rouge depuis 1891 déjà. Elle avait eu l’ouverture par la connaissance direct de
Monsieur Charles Zilder le créateur et elle en était très fière. Elle était venue ici pour se distraire. Coquette et féminine elle portait une robe cintrée à la taille de la nouvelle collection
en début de ce siècle. Sa réputation avait été longue à venir. Cela l’avait beaucoup fatiguée même épuisé.
Paul le frère de Colette s’intéressait énormément à cette chanteuse qui pouvait lui faire rencontrer ce grand Marcel Proust.
C’est donc dans la joie que la troupe terminait cette soirée.
« Savez vous mon cher Paul, je vais quitter Paname, la France. Jamais je n’oublierai le succès que j’ai rencontré. Oh !je sais vous faites parti de mes admirateurs et j’en suis fière, croyez-moi. Que penseriez-vous de vous joindre à ma soirée que je donnerai en guise d’un aurevoir, pas d’un adieu juste d’un aurevoir car je reviendrai, oui je reviendrai, Paname est si belle et si pleine de vie ! Les gens telle que vous et votre famille sont si accueillant ! Cependant l’Amérique m’attend, la grande et la glorieuse » dit-elle en agitant son beau mouchoir à dentelles dont on en distinguait les initiales.
« Avec plaisir, Madame, mais si vous me le permettez je serai accompagné de ma sœur Colette que voici. Elle est jeune certes mais elle est très attirée par la Culture vous verrez elle sera
capable de vous surprendre dans ces discussions et ses interrogations. »
« Que cela me plait, Paul, un peu de gaieté autour de nous donnera à ma fête que plus d’intérêt. Je dois vous avouer, mon cher
Paul que rien que votre présence en ma demeure est déjà une étincelle de bonheur. »
Paul se mit à sourire devant cette déclaration fortuite.
Il prit congés de Sarah et allé rejoindre sa sœur dans un état de fébrilité bienheureuse.
Ignace qui savait la soirée venue à son terme attendait devant les escaliers dont la rampe était dorée. Dans la calèche sur le
chemin du retour, une seule voix se faisait entendre.
« Savez vous qu’en réalité Yvette Guilbert est très malade oui très malade comme une pneumonie ! Qu’importe de ne pas avoir eu la surprise d’entrevoir Sarah Bernhardt» chuchotait Géraldine.
AURORE