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Par Christophefaurie

J’ai vu ce film parce que je n’avais rien d’autre à voir. Je craignais un discours bien pensant. Et j’avais tort. Non seulement le film est simple et bien fait. Pas prétentieux pour deux sous. Mais il n’y a pas de bons et de méchants. Chacun à une logique compréhensible et respectable.

Le plus intéressant, je crois, est le contraste entre le héros et son ex femme. Elle c’est l’intellectuelle qui sympathise immédiatement avec la cause des immigrants. Lui est une sorte de Français moyen qui n’a pas d’idée sur la question, probablement du côté hostile. Peut-être est-ce là la raison de leur divorce : sa médiocrité ? Pour impressionner son ex épouse, il héberge deux clandestins, une nuit. Il se prend de sympathie pour l’un d’eux, à tel point que rien de pourra lui faire lâcher prise, il ira jusqu’au bout pour l’aider dans ses projets. Il ne pense pas, il est sujet à une obsession, qui ne peut le lâcher. Il fait peur à sa femme et à l'ami de celle-ci, qui jugent son attitude déraisonnable.

Eux calculent (même si c’est pour le bien de l’humanité), lui pas. Et c’est probablement ce qui fait la différence entre l’intellectuel et celui qui ne l’est pas. Ce que j’ai entraperçu dans les propos de R.Debay et de D.Bensaïd. L’intellectuel compte, évalue, il n’a pas de conviction chevillée au corps, il rationalise autant qu'il raisonne, c’est un médiocre facilement manipulable. S’il fait la révolution, c’est qu'on lui a dit que c’est bien de la faire. Quant au Français moyen, c’est son inconscient qui parle. Il réagit plus lentement que l’intellectuel, mais quand il est en marche, rien ne peut l’arrêter, pas même la mort. Probablement il est poussé par des raisons bien plus puissantes et fondamentales que toutes les raisons que la raison peut inventer.

S’il y a quelque chose de mal, c’est l’évolution de la loi, qui semble dire qu’il est un crime d’avoir le moindre contact avec les immigrants. Les descentes de police qui s’ensuivent, les délations que cela provoque et qui rappellent les plus belles heures de la collaboration. Un état qui fait de la solidarité, vertu sans laquelle il n’y a pas de société, un crime est sur une pente inquiétante. Il est bien plus inquiétant encore qu’il puisse prendre de telles décisions sans que les mécanismes de la démocratie ne provoquent un débat préalable.

Compléments :

  • Je suis probablement proche de Rousseau dans mes points de vue sur l’intello et le primitif (Inégalités). Ils vont aussi dans le sens de la scène finale des Sentiers de la gloire, le film de Kubrick.
  • Cette discussion relève aussi de la distinction entre éthiques de valeurs et de responsabilité de Weber.

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