Matin brumeux et grumeleux. Pas de bonne humeur il faut l’avouer.
Mais dans ces cas là l’Inde vous rappelle à l’ordre rapidement.
Je suis passé ce matin par la même petite rue que d’habitude, celle où les jeunes tirent de l’eau à la fontaine*, où une chèvre, attachée là depuis des lustres ne cesse de se frotter au béton granuleux de la maison.
Cette même rue où vous trouverez un marchand de marmites, et où le matin, tous les habitants semblent se donner rendez vous pour se brosser les dents dehors quand je passe.
Ce matin, une petite foule compacte et bavardeuse était réunie autour d’une des maisons.
En passant, j’ai vu qu’ils entouraient le corps d’un homme enseveli sous des fleurs et dont seule la figure moustachue émergeait.
Les enfants riaient, les femmes, assises près du mort, parlaient entre elles comme elles le font le matin et les hommes devisaient entre eux mais ils se tenaient debout, .
Et lui, au milieu, avec sa grande moustache et ses yeux fermés.
Sous des fleurs**.
Il sera probablement incinéré au cimetière non loin de là.
Je passe devant chaque jour, je crois vous l’avoir dit. Et les crémations ne sont pas plus tristes ou solennelles que n’était la scène de ce matin.
J’aime ce pays. Il est joyeux car on ne peut être triste.
C’est peut être cela le secret de l’Inde.
Peut être.
.
*Rappelez-vous ici
** Déjà l’année dernière, j’avais croisé une scène de ce type, c’était ici