L'un des premiers signes apparents du cliché qu'il dénonce est sans aucun doute cette appellation condescendante de "gauche caviar", emprunte de cette relation conflictuelle qu'entretiennent les français avec l'argent.
Je dénonçais déjà dans ce billet:
L'équation est simpliste et manichéenne: faire le procès d'intention d'inconnus sur la simple foi de leur compte en banque est en soi, déjà inacceptable.J'aurais même pu citer Daniel Balavoine:
Ce sous-entendu selon lequel le montant de votre capital disponible est inversement proportionnel à votre bonté d'âme aura fini d'avoir raison de la logique.
A ceux qui croient que mon argent endort ma tête,Mais je ne peux m'empêcher de penser que les clichés vont bon train aussi du côté de la gauche qui associent bien trop souvent les "gens de droite" à de sombres individualistes, égoïstes, prêts à laisser crever les plus démunis la bouche ouverte. C'est ce que Valery Giscard D'Estaing avait justement relevé dans le célébrissime débat présidentiel de 1974 qui l'avait opposé à François Mitterrand :
Je dis qu'il ne suffit pas d'être pauvre pour être honnête
Vous n'avez pas le monopole du coeur.Ainsi s'adressait le futur Président de la République à cette partie de la gauche prisonnière d'un cliché tout aussi inepte, la solidarité serait une "valeur de gauche". On s'est ainsi renvoyé la patate chaude entre gauche et droite, jouant le jeu d'un bilatéralisme fort commode pour les deux grands partis monolithiques, s'enfermant dans des postures idéologiques.
A gauche, la solidarité et la défense du travail. A droite, les valeurs familiales, l'ordre et la répression.
Comme si ces valeurs étaient fondamentalement opposées, des tabous se sont installés. D'aucuns au PS ont poussé des cries d'orfraies lorsque Ségolène Royal se réappropria les thèmes de l'identité nationale et de "l'ordre juste".
Rien ne permet aujourd'hui de penser qu'à l'UMP comme au PS, on ne s'est toujours pas débarrassé de ces préjugés.
Aussi, ne peuvent-ils admettre que certains se lassent d'une telle opposition stérile et se sont empressés d'hurler à l'opportunisme politique ou à insulter les sympathisants démocrates en les traitant de "mous du cerveau", de personnes sans idées.
Le signe que ceux-là ne peuvent concevoir qu'on peut être à la fois ardent défenseur de la solidarité et militant pour une juste répression.
Alors, s'il est stupide de dénoncer la fortune des "gens de gauche", j'aimerais aussi que l'on rappelle que les militants démocrates ont effectivement des idées fortes et qu'à droite, il n'y a pas que de vulgaires individualistes.
C'est là que commence le rassemblement qu'il est nécessairement d'organiser afin de relever les défis qui se posent à la France.
Il n'empêche que pour ce faire, il faudra se réunir contre Nicolas Sarkozy. Depuis le NPA jusqu'au MPF, à gauche comme à droite, car ce serait une lourde erreur que de croire que Nicolas Sarkozy est à droite.
Il n'a qu'un seul positionnement idéologique: l'oligarchie en faveur des puissants.