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Pandémie d'inquiétude ministérielle en Sarkofrance

Publié le 17 août 2009 par Juan

Pandémie d'inquiétude ministérielle en Sarkofrance
La Sarkofrance commence à respirer. Clotilde Reiss, la jeune chercheuse française détenue en Iran depuis le 1er juillet et "jugée" il y a 10 jours, a quitté les geôles iraniennes. Elle reste pour l'heure en Iran, a priori à l'ambassade de France. Sarkozy exulte, soulagé. Mais derrière lui, la communication gouvernementale a perdu quelque cohérence ces dernières heures. Pas moins de quatre ministres se sont exprimés publiquement, sur des sujets très différents, mais tous sur le même registre, celui de l'inquiétude.
Sarkozy soulagé
Le communiqué élyséen est tombé à 21h13, dimanche 16 août : "Dès la sortie de prison de Clotilde Reiss, le Président de la République s’est entretenu avec elle. Il lui a exprimé sa joie et son plein soutien ainsi que celui de tous les Français, qui ont suivi avec inquiétude son arrestation et la procédure judiciaire à laquelle elle est soumise. Il a relevé la dignité et le courage avec lesquels Clotilde Reiss a affronté cette épreuve."
Une semaine de tractations téléphoniques. C'est l'affaire de l'été, le grain de sable dans les vacances. Depuis son élection, Sarkozy joue les gros bras contre l'Iran. Il tacle tous azimuts, ferme toutes les portes, sauf une, celle du nucléaire. Pas un mot conciliant pour le dictateur iranien. Pourtant, Nicolas Sarkozy sait être conciliant avec les dictateurs du monde. D'Afrique en Chine, la Sarkofrance a levé le pied très tôt sur les droits de l'homme et la démocratie. Quand Clotilde Reiss a été emprisonnée, Sarkozy a frémis. La tuile ! Quand les théocrates iraniens ont exhibé la jeune Française dans un simulacre de procès à la télévision, Sarkozy a dû trembler. Comment se raccommoder avec une dictature s'amuse avec nos nerfs sans perdre la face ? On saura plus tard, bien tard, quel fut le prix payé (à part la caution), à l'Etat iranien, ou, plus probablement, à l'Etat Syrien qui a joué les médiateurs. Pour l'heure, Sarko a le succès à peine modeste : "Le Président de la République continue de suivre les développements de ces affaires avec la plus grande attention." La jeune Française n'est pas encore en France, mais c'est un premier (grand) pas.
Cette annonce dominicale sauve l'été. Depuis des semaines, pendant que Sarkozy pédalait à bicyclette pour chercher des pizzas au lavandou, ses ministres ruminaient leur inquiétude grandissante. Chômage, grippe A H1N1, Afghanistan, déficit, aucune nouvelle positive à l'horizon. Ces dernières heures, quatre ministres se sont lâchés... prudemment.
Luc Chatel se rassure
A Aix-en-Provence, une habitante a porté plainte contre un magasin qui l'aurait refoulé, sous prétexte qu'elle portait un masque. De son lieu de vacances, Luc Chatel a tenté de rassurer, de se rassurer. En tant que ministre de l'Education Nationale, il a précisé, dans les colonnes du JDD, les règles de fermetures d'établissement en cas de pandémie.

"Si le chef d’établissement constate que plusieurs élèves sont absents en même temps pour le même motif, il alertera aussitôt l’inspection académique ou le rectorat qui, à son tour, préviendra le préfet. En accord avec les autorités sanitaires, c’est le préfet qui prendra la décision de fermer l’école, le collège ou le lycée. Nous avons décidé que si au moins trois cas de syndromes grippaux sont constatés dans une même classe en moins d’une semaine, celle-ci pourra être fermée."
Laurent Wauquiez s'inquiète
Wauquiez est conscient du caractère provisoire de l'accalmie. La dégradation de l'emploi et la montée du chômage vont repartir de plus belle. L'approche de l'été brouille l'analyse: "Cela étant, il n’y a aucune place pour le triomphalisme. Je ne modifie pas la prévision d’une hausse du chômage. Nous allons connaître encore plusieurs mois difficiles." a-t-il déclaré au JDD le 16 août. Selon un récent sondage, les Français restent pessimistes sur la reprise.
Fadela Amara s'agace
La secrétaire d'Etat à la Ville a comparé l'Islam radical à un cancer. Fichtre ! Elle se prononce aussi pour l'interdiction de la Burqa: "La burqa ne représente pas simplement un morceau de tissu mais la manipulation politique d'une religion qui réduit les femmes à l'esclavage et va à l'encontre du principe d'égalité entre les hommes et les femmes". La secrétaire d'Etat ose: "Je crois que si on veut réellement aider à lutter efficacement contre les fondamentalistes, la burqa ce n'est que l'expression visible et physique des fondamentalistes et des intégristes dans notre pays". Les services de police n'ont dénombré que 367 Burqa en France. Est-ce là la seule expression visible et physique des fondamentalistes en France ?
Kouchner masque
Un attentat-suicide, revendiqué par les Talibans, a frappé le quartier général de l'Otan à Kaboul samedi 15 août. Sept personnes ont été tuées et quatre-vingt onze blessées. Kouchner se terre. Le scrutin présidentiel afghan est dans 4 jours. Le ministre Français fait simplement publier un communiqué : la France "exprime à la population et aux autorités afghanes sa solidarité et sa détermination à demeurer engagée à leurs côtés pour contribuer à la stabilisation et à la reconstruction de l'Afghanistan". La libération de Clotilde Reiss est une bonne nouvelle... pour le ministre. De l'autre côté de la Manche, les Britanniques pleurent leur 201ème soldat tué en Afghanistan. Guerre sans issue
Woerth se terre
Sa collègue des Finances s'est montrée active pendant ces quinze premiers jours d'août. Il fallait commenter les "bonnes" nouvelles de la croissance et du chômage. Eric Woerth, lui, est resté discret. Ministre du Budget, il a dû faire un plateau Télé la semaine dernière pour expliquer qu'un déficit budgétaire multiplié par trois (sans plan de relance de dépenses immédiates), c'est pas si important que cela. Ce week-end, ni Eric Woerth ni Christine Lagarde n'ont jugé bon de réagir aux récentes révélations sur les bonus 2008 des 10 cadres les mieux payés de la BNP.
A ce rythme, la rentrée sera chaude.

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