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Réduire les effectifs des CHU pour les sauver ?

Publié le 16 août 2009 par Kamizole

hopital-panneau.1250390203.JPGQuant à sauver les malades, c’est une autre paire de manche ! et je doute que désormais cet objectif soit dans le débat… Voilà ce que m’inspire un article du Figaro Réduire les effectifs pour sauver les CHU, entretien avec Paul Castel qui porte une triple casquette : directeur du CHU de Lyon, représentant des directeurs de centres hospitalo-universitaires et président de la conférence des directeurs de CHU…

Certes, comme il le souligne, le personnel – tous emplois confondus – représente 70 % du budget de fonctionnement des hôpitaux. Mais ce n’est pas nouveau, c’est ce que nous apprenions entre 1982 et 1984 quand je fis un stage d’administration hospitalière. C’est d’ailleurs ce fait qui m’avait conduite à l’époque à envisager sur le plan plus général de l’emploi une réforme des cotisations sociales assises non plus sur la masse salariale mais sur la valeur ajoutée.

Mais dans un pays où l’on ne sait que taxer, certains n’ont pas manqué de se saisir de ce principe mais en imaginant une nouvelle TVA ! alors que la réforme normale ne ferait que substituer une assiette à l’autre pour le mode de calcul des cotisations patronales. Réforme sans doute rendue impossible dès lors que la mode est à l’exonération des charges sociales, d’où les déficits sociaux qui ne peuvent que se creuser.

D’un point de vue très global il m’était vite apparu que la gestion des hôpitaux était loin d’être parfaite. Quelque soit sa taille, l’hôpital public est en général le premier employeur de la ville. Le maire, en tant que président du Conseil d’administration, avait toujours tendance à multiplier les investissements parfois dispendieux alors même qu’il eût été plus judicieux de les «mutualiser» avec d’autres établissements géographiquement proches. Mais la concurrence l’emportait.

Par ailleurs, sur le plan du budget de fonctionnement – distingué du budget d’investissement qui concerne uniquement les équipements et la construction ou l’entretien des locaux, etc… - j’ai été frappée de voir que le système de prix de journée appliqué à l’époque favorisait les déficits… En effet, le prix de journée – qui était alloué par la Sécu – tenait compte des dépenses de l’exercice N-2 et pour qu’il soit relevé en sus de l’inflation, il fallait que l’établissement ait accusé un déficit !

Malheureusement, toutes les réformes du mode de calcul du prix de journée – budget global, etc… - intervenue depuis ont été plus calamiteuses les unes que les autres. La dernière en date - tarification à l’activité (T2A) appliquée à tous les hôpitaux depuis 2008 - étant très certainement la pire !

J’avais par ailleurs constaté, tant dans la documentation écrite que dans la pratique que la durée d’hospitalisation pouvait être fort variable pour des pathologies semblables et hors complications… En effet, pour ne pas risquer de voir réduire les effectifs ou fermer des lits voire des services – même temporairement - les médecins avaient tendance à garder les malades plus longtemps que nécessaire si le taux d’occupation et d’activité se réduisait.

Autant de gaspillages qui pesaient bien évidemment sur l’économie de la santé et le budget de la Sécu. Aujourd’hui, c’est la tendance inverse qui est sans nul doute un remède pire que le mal alors que la nécessaire rationalisation des coûts passait par une meilleure utilisation des ressources techniques et humaines et une gestion plus rigoureuse mais sans «sabrer» dans les effectifs et les établissements comme ce fut le cas depuis presque 20 ans.

Cette politique : haro sur l’emploi ! ne tombe nullement par hasard… Elle vient directement de l’Elysée – où pourtant l’on n’est point avare de personnel (2000 personnes environ) dont la seule fonction est de mettre en musique les lubies du Troll et d’assurer sa réélection en 2012… la France peut attendre ! – et d’une «promesse» de Nicolas Sarkozy qui a dit à l’automne 2007 qu’il ne voulait plus de déficit dans les hôpitaux à la fin de son mandat…

«Voilà pourquoi la fille est muette» eût dit Molière - je crois me souvenir que c’est dans le «Médecin malgré lui» - avec Nicolas Sarkozy dans le rôle d’un Diaffoirus au petit pied. Le roi veut et tout doit suivre. Surtout les conneries ! Mais du moment qu’il peut recevoir les meilleurs soins au Val de Grâce, le sort du vulgum pecus lui importe bien peu.

Il est patent qu’aujourd’hui l’hôpital public n’est plus en mesure d’assurer ses missions de service public, au premier rang desquelles soigner les malades. Sera-ce désormais une simple machine à faire de l’argent ? Je ne peux que vous inviter à lire une pertinente chronique de Caroline Fourest parue dans Le Monde le 25 septembre 2009 Allez donc mourir ailleurs !… dont j’extrais ces passages où tout est dit, mieux que je ne saurais le faire :

«Au nom de la “culture du résultat” et d’une conception managériale de l’hôpital public, le président de la République souhaite en effet “responsabiliser” les établissements de santé. Comment ? En rendant public un tableau qui les classera selon des “indicateurs simples” comme le “taux d’infection” et le “taux de mortalité”. “Je veux des résultats concrets”, a-t-il prévenu.
Les hôpitaux qui obtiendront un bon score seront récompensés, les autres sanctionnés. Pour obtenir de bons points (entendez : des budgets), les hôpitaux publics devront donc veiller à ne pas admettre trop de malades susceptibles de trépasser, comme les victimes d’un carambolage sur l’autoroute, sous peine de faire chuter leur classement au tableau d’honneur.
Loin des discours censés mettre un peu de raison dans la foi en l’utralibéralisme, celui tenu sur la “réforme des soins” montre que le président tient à appliquer une grille de lecture commerciale au monde médical. L’hôpital y est envisagé comme une entreprise, et la santé publique comme une marchandise.»

Comme si avec sa mentalité de petit boutiquier - de VRP selon mon amie Clio - Nicolas Sarkozy était susceptible d’envisager les services publics en général, les questions de santé publique et l’avenir de l’hôpital en particulier en Chef d’Etat conséquent et soucieux des intérêts tant des patients que des personnels !

Pour compléter ce tableau peu reluisant, vous pourrez lire également un autre article du Monde paru le 9 janvier 2001…

Comment l’hôpital réduit ses effectifs
LE MONDE | 09.01.09 ©
Réduire les effectifs des CHU pour les sauver ?

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