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La conviction

Par Daniel Valdenaire
De fortes convictions forgent-elles une personnalité ? Voilà une question qui ne devrait pas se poser ! La réponse est immédiate. Il est évident que les convictions que l’on pourrait imaginer comme des moellons empilés les uns sur les autres, constituant l’ossature solide et résistante d’une maison,  pourraient de même constituer la structure d’un développement intellectuel.   Mais voilà, des convictions ne sont pas du béton et je préfère rapprocher celles-ci  de l’image de l’hélice d’une éolienne  qui tourne au gré de la force du vent, et qui demande de gros efforts pour éviter qu’elles ne s’envolent définitivement.   Pour d’autres les convictions sont des refuges au sein desquels ils peuvent se reposer, persuadés qu’ils sont dans le droit chemin et qu’il n’y a pas lieu d’en changer.   Enfin, pour certains, les convictions sont à l’image de nuages vaporeux que l’on garde dans son champ de vision, mais dont l’éloignement force celui ou celle qui veut les conserver à rechercher désespérément des appuis, des soutiens, des étais solides et rassurants. Il leur faut maintenir ce point d’horizon à l’image d’un phare envoyant inlassablement ses signaux.   Pourquoi vouloir ainsi imager ce que l’on appelle une conviction ?   Parce que la conviction est l’ennemie du doute. Le doute doit être en permanence la baguette du berger qui maintient son troupeau dans un espace déterminé, mais non confiné. Si on enlève le doute, la conviction prend vite sa place et l’espace devient alors paradoxalement confiné. Le doute, face à la conviction ne peut lutter à armes égales, il  préfère alors rechercher des pâturages plus fertiles, afin d’éviter de créer  un espace conflictuel ou tout au moins d’incompréhension.   L’homme est ainsi fait qu’il ne maîtrise qu’un faible pourcentage de sa capacité d’expression. De sa capacité d’exemple. De sa capacité d’abandon.  Et c’est ainsi que de pâturages en pâturages, il maintient son troupeau hors de portée. Accepter d’autres troupeaux l’obligerait à des concessions remettant en cause la vision qu’il a de gérer sa vie.   Depuis que je parcours les blogs, et alors qu’auparavant je n’avais pas perçu ce questionnement je me suis étonné du clivage politique d’un côté comme de l’autre.     J’ai pris conscience que les troupeaux ne pouvaient se mélanger et surtout de l’importance négative dans l’expression des convictions   A chacun son pâturage ! Et les vaches seront bien gardées, dit-on !   Tous les conseils, toutes les réponses, toutes les solutions que l’on pourrait partager pour que le troupeau se porte mieux sont évincés au nom de la conviction.   Vous pourrez constater le temps que j’ai mis pour écrire le mot droite et le mot gauche. Voilà c’est fait !   A la suite de plusieurs commentaires sur ma façon d’exprimer ma conscience politique, j’en suis arrivé à me poser la question de savoir pourquoi j’avais une sensibilité de droite alors que la plupart du temps, j’ai des idées de gauche. Vous vous dîtes, il écrit n’importe quoi ! Peut-être avez-vous raison ? Ma réponse est simple, elle est que je ne fonctionne pas en terme politique, mais en terme d’humain, d’humanisme. L’humanisme, un grand mot qui me dépasse un peu. Pour moi, la symbolique de la droite ou de la gauche n’existe pas. J’éprouve le besoin de connaître les méthodes de fonctionnement du troupeau voisin. Je suis curieux de le découvrir. La notion de droite et de gauche issue de la Révolution Française c’est façonnée au fur et à mesure du développement industriel en Europe. Deux sentiments destructeurs se sont alors imposés, l’arrogance d’un côté et le sentiment d’infériorité de l’autre. Le développement industriel a bâti ses fondations sur l’exploitation d’une main d’œuvre importante due en partie à la révolution agricole du XVIII et du XIX siècles. Et depuis rien n’a changé. Bien sûr les luttes syndicales ont permis des avancées sociales importantes jusqu’à nos jours, mais dans les esprits, rien n’a changé. Le monde patronal conserve toujours de nos jours, son arrogance et sa suffisance et le monde salarial conserve ce sentiment qu’il ne peut que subir.   On peut voir ainsi qu’il est aisé de définir sa vie en fonction de ses convictions, une conviction de gauche et une conviction de droite, et voilà tout est dit. Passez votre chemin ! Pourtant, il est vital que la distance entre ces deux convictions se réduise ou du moins diminue, si l’on veut réduire les ressentiments. Et c’est cette option qui m’amène à placer l’humanisme avant le matériel. Comment se résoudre à ne  percevoir chez une personne que son orientation politique ? Gauche ou droite ? Utopie, me direz-vous ! Peut-être. Mais n’est-ce pas plus gratifiant que de se réfugier dans le moule de sa conviction, attendant en vain que des jours meilleurs arrivent.

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