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Trek du Condoriri au sommet du Huayna Potosi

Publié le 18 août 2009 par Remouille

Ca faisait quelques temps qu’on en entendait parler et que toutes les photos qu’on avait vu nous avaient fait rêvées. Monter en haut de Huayna Potosi, c’est possible ! Les renseignement pris auprès de différentes agences d’alpinismes à La Paz, nous le confirme à condition d’être en excellente ‘forme’. Après tout, c’est pas comme si on était sédentaire ces derniers mois… Ca se tente.

Avant toute chose, et pour mettre toutes les chances de notre coté, nous nous engageons dans un trek de trois jours dans le massif du Condoriri pour nous acclimater correctement. L’issu du trek est au camp de base du Huayna Potosi. Nous nous engageons avec Cédric et Caro, nos inséparables copains du tour du monde, ainsi qu’avec un couple Suisse, aussi en tour du monde.

Les choses sont rapidement mises au point, bien au delà de l’acclimation, ça aurait été un crime de ne pas découvrir cette région ! Les paysages sont splendides, mais en marchant, les changements sont moins rapides qu’en 4×4, comme dans le Salar. Pas grave, au moins on profite autant qu’on veut. Des lacs, des sommets tous plus beaux les uns que les autres, toujours nos amis lamas, des alpagas, des vigognes, des étendues désertiques à perte de vue. C’est splendide. Les lieus des campements sont toujours bien choisis. Les nuits sont fraiches. Plus question de se faire avoir, nous avons prévu le coup, et nous nous sommes équipé en conséquence ! La qualité de nos nuits est la clé de la réussite. Ca n’empêche pas qu’au petit matin la tente et la fermeture soient gelés. Mais pas nécessaire de pisser dessus pour sortir. C’est toujours le même émerveillement. Quoi de plus beau qu’un levé de soleil dans les montagnes ? Dès que ce dernier passe les cimes, c’est un peu la fête. Enfin la chaleur ! De quoi se réchauffer, faire sécher nos sacs de couchages et surtout décongeler la tente.

Bien que changeant, le temps est le plus souvent parfait. Dès qu’un nuage passe devant le soleil, il y a automatiquement une pause pour se couvrir. Les étapes sont longues. A chacun son coup de fatigue pendant ces trois jours. Nathalie traine un peu, mais apprécie les moments de calme en retrait du groupe. C’est elle aussi qui prend le temps de faire les photos. L’arrivée au camp de base du Huayna Potosi est une fête ! Un salon avec un feu de cheminée. Le responsable nous sert rapidement une soupe. A table les discussions vont bon train entre ceux qui comme nous arrivent de trek, ceux qui s’apprêtent à partir et ceux qui redescendent de la montagne. Les récits et leurs conseils nous rassurent rarement. “Couvrez-vous bien, il fait froid la haut”, “Préservez-vous au maximum pour la fin”, “Impossible de dormir dans cette boite de conserve (camp d’altitude)”… Au moins on est mis au parfum. La première journée, nous la passons à nous reposer, à vérifier le matériel et à nous entrainer à l’escalade sur glace. C’est amusant mais bougrement fatiguant !

Le lendemain nous montons au refuge d’altitude, enfin à la boite de conserve. Bien que courte, l’étape est souvent sous-estimée. D’ailleurs ceux qui se mettent dans le rouge ne récupèreront jamais et renonceront à l’ascension. Mieux vaut ne pas perdre son souffle à 5300m.

La soupe du soir est servie à 5h. A six heures trente tout le monde est dans son lit pour se reposer et trouver le sommeil  pour les plus chanceux. Nous sommes une bonne quinzaines dans les 10m² que composent 5 morceau de tôle ! Finalement il ne fait pas si froid que ça, la condensation ne tarde pas à couler sur mon sac de couchage et à perler sur mon visage ! Hmmm, les joies de l’alpinisme… Nathalie s’endort rapidement, moi je regarde les heures s’égrainer, et surtout compte les heures qu’il me reste à dormir. Le levé est prévu pour 1h du matin. L’aspirine ne change rien à l’étau Black & Dekker que j’ai dans le crane. C’est pareil pour tout le monde !

Le réveil sonne déjà, j’ai du dormir 3heures mais j’ai la patate. Il n’en est pas de même pour Nath, qui commence cette longue journée en vomissant. La sélection naturelle est rude ! Nous la convainquons de partir mais ça ne sera que pour quelques minutes, ses jambes ne la portent pas. C’est pas la peine de continuer, c’est plus dangereux qu’autre chose.

Je repars donc sans elle, un peu peiné en repensant à l’émotion forte que nous avions vécu tous les deux à Tasi Lapcha au Nepal. On ne peut pas avoir toujours de la chance. Je me joins d’abord à la cordée de Caro et Cedric. C’est Caro qui mène le rythme ça me va bien, tranquillement mais surement, mais les guides ne sont pas du même avis. Je me retrouve tout seul avec un guide pour aller plus vite. Je m’efforce de le freiner des 24 crampons. Le guide est sans cesse obligé de me rappeler qu’on est en retard. Sur les coups de 4h Cédric se joint à moi, contraint et forcé, abandonnant ainsi Caro. Le rythme est trop lent pour les guides, ils ont décidés de la faire craquer, pour la redescendre.

Nous sommes à 5800, la difficulté se fait sentir. Mais même si nous sommes dans le noir, le cadre nous motive à continuer. On voit les lumières de La Paz au loin. Nous sentons les éléments qui nous entourent et qui nous laissent progresser. On se sent vraiment tout petit. Les premières lueurs commencent à percer pour nous laisser entrevoir les reliefs. D’ailleurs les 200 mètres qui restent ne sont pas encourageant ! Le guide à décidé d’innover et de quitter le chemin habituel pour une voie plus raide. Je lui fait remarquer que la trace me parait plus aisée. Il me répond que dans tous les cas il faut monter. Je ferme ma gueule. On nous avait pas menti les derniers mètres sont les plus durs et les plus techniques.

Nous voila enfin sur l’arrête qui mène au somment. Cédric est pris de vertiges. C’est vrai que la face ouest descend à 90°. Je ne suis pas bien fier non plus. On doit être à 50 mètre du but. Ca fait longtemps que j’ai oublié mon altimètre, bien qu’à 50cm de ma bouche, il est couvert de la buée de mon souffle. La petite bouteille d’eau que j’ai mis dans ma veste pour boire régulièrement, est complètement gelée.

Le soleil pointe enfin son nez. Les première lumières sont incroyables, mais je n’ai pas le courage de sortir l’appareil photo. D’ailleurs je n’ai rarement autant pesté sur les reflexes et sur les Monsieurs Patate. Ils pourraient faire plus léger quand même. On croise les premières cordées qui redescendent et qui nous encouragent. Les derniers efforts… avant la redescente.

Nous y sommes ! Et comme sur les dessins animés c’est un pic. Il n’y a pas de place pour 2 paires de chaussures. On se contentera de la position assise. C’est l’heure de congratulations. D’abord le guide puis Cédric. Pas le temps d’en faire trop, il est temps de faire les photos, et de manger un peu. Le vent est glacial, il n’est pas question de trainer la.  Pourtant le spectacle est grandiose. Dans mon dos j’aperçois le Lac Titicaca, ainsi que le Pérou. Devant c’est une mer de nuage. Le soleil rougeoie dedans. C’est splendide. Un avion en sort, c’est bien la première fois que je suis au dessus d’un avion ! Je sors monsieur Patate pour faire quelques photos, le guide est consterné. “Mais pourquoi ce gringo se trimballe-t-il un jouet de gamin à plus de 6000 mètres ?”. Il finit par m’aider pour le prendre en photo, en effet, tout déplacement sur cet angle est périlleux.

Nous entamons la redescente, rapidement nous croisons Caro qui tient toujours tête à son guide. Elle finira par avoir raison de lui ! Cédric décide l’attendre un peu plus bas pour faire la descente avec elle. Moi j’ai hâte de retrouver Nath et de me reposer un peu. La descente au camp d’altitude est réglée en un peu plus d’une heure. Nath m’attend anxieusement. Il est dix heures du matin j’ai l’impression qu’il est 17 h, je suis exténué. Un thé, des tartines, des snickers, je me repose en attendant les autres. J’ai hâte de rejoindre le confort du camp de base.

Le soir à La Paz nous fêtons ça tous les 6 autour d’une bière. Pas la peine de préciser que la soirée ne s’est pas éternisée. Nous rentrons à l’hôtel fourbus mais pas peu fiers.


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