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Sanctions et punitions mineures

Publié le 19 août 2009 par Soseducation

Cet article est le premier d’une série à venir sur les sanctions et punitions mineures à l’école.

J’ai connu toutes sortes de punitions à l’école. C’est allé de me ficeler sur ma chaise au ramassage de papiers gras dans la cour de récréation, en passant par les lignes, les colles, le coin, le zéro de conduite (aujourd’hui interdit) et bien d’autres inventions de mes professeurs.

Celle qui m’a le plus marqué toutefois était une spécialité de mon maître de CE2, qui me forçait à tenir un stylo entre mes lèvres, sans utiliser les dents, pour me punir d’avoir bavardé. Ce « supplice » était particulièrement dissuasif. Dans la classe de CE2 où j’étais, le silence était monacal.

À mesure que j’avançais dans ma scolarité, les punitions étaient de moins en moins concrètes et de plus en plus symboliques. Elles n’en étaient pas forcément plus intelligentes : il s’agissait, dans mon collège, de recopier le règlement intérieur, par exemple. Lequel règlement intérieur portait principalement sur des détails de l’organisation administrative du collège, dont on ne voyait pas en quoi il faisait réfléchir l’élève sur la nécessaire discipline à l’école. Si ce type de sanction avait le mérite de faire réfléchir à deux fois tout élève perturbateur, il n’en était pas moins fort peu constructif.

J’avais fini par rejeter le principe-même de sanction, du fait de l’incongruité de celles qui étaient infligées aux élèves bavards. Pourtant, si les modalités de la sanction étaient discutables, il faut reconnaître que celles-ci étaient souvent nécessaires pour que le professeur puisse faire cours dans le calme, et que tous les élèves bénéficient un maximum de leur temps passé à l’école.

Ainsi peut-on réfléchir à des sanctions plus judicieuses. Plutôt, comme certains de mes instituteurs, que de menacer les élèves récalcitrants de leur fermer la bouche à l’aide de scotch (!), pourquoi ne pas imaginer des sanctions qui, sans être humiliantes, rempliront leurs deux fonctions de punition et de dissuasion ?

On a beaucoup critiqué, après coup, les instituteurs qui tapaient sur les doigts de leurs élèves avec une règle. Pourtant, cette sanction avait le mérite de n’être pas traumatisante pour les élèves à qui elle était infligée, ni humiliante comme peut l’être le stylo tenu entre les lèvres, et n’était pas dangereuse. Elle avait aussi l’avantage d’être brève. Le cours pouvait recommencer aussitôt.

De même, il paraîtrait inadmissible aujourd’hui d’imposer des séries de pompes aux élèves rebelles. Mais en quoi un tel exercice, qui prend une minute tout au plus, est-il plus dégradant que le recopiage fastidieux du règlement intérieur de l’établissement, qui prive l’élève de longues heures de travail ou de loisirs ?

Le symbole le plus marquant de la punition de l’élève reste, dans l’imaginaire collectif, le « bonnet d’âne », que l’élève devait porter « au coin ». Nombre de spécialistes de l’éducation l’ont jugé dégradant pour l’élève, et il ne s’agirait pas de revenir à l’usage d’un tel objet. Il faut néanmoins reconnaître qu’en rendant l’élève honteux de son attitude, on était davantage en mesure de lui faire changer de comportement. Souvent d’ailleurs, imposer le port du bonnet d’âne constituait plus une plaisanterie qu’autre chose, l’élève portant le bonnet d’âne trouvant là une occasion finalement assez comique de faire le pitre. À l’inverse, aujourd’hui, la punition consiste surtout en l’exclusion de l’élève du cours, ce qui semble, à bien y regarder, plus humiliant pour l’élève, littéralement rejeté de la communauté.

Finalement, pourquoi faudrait-il que l’administration impose ou interdise aux professeurs d’envoyer leurs élèves au coin ou de donner des lignes de copie, de leur infliger des tours de cour de récréation ou des corvées de ramassage de papiers gras, des colles le mercredi après-midi, des pompes ou des zéros de conduite ?

L’essentiel n’est-il pas que chaque professeur puisse, selon son style, les circonstances et, pourquoi pas, son humeur, imposer à ses élèves les punitions qui lui semblent le plus adaptées ?

Et dans cette optique, que les élèves ont-ils réellement gagné à ce qu’on réduise de façon drastique la palette de sanctions à disposition des professeurs ? Une chose est sûre : il ne semble pas que l’atmosphère dans les salles de classe s’en soit considérablement améliorée.


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