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Le Soupir de l'immortel par Antoine Buéno

Publié le 20 août 2009 par Mry

Image 2 Aujourd'hui sort dans les librairies aux éditions Héloïse d'Ormesson, le quatrième roman de Antoine Buéno, Le Soupir de l'immortel. Je l'ai lu.

L'histoire est à mi-chemin entre Blade Runner et une série Z de science fiction. Plus littérairement, entre Le Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley et un Arlequin s'essayant au gossip du futur... Bref, le livre de Antoine Buéno se veut être un mi tout de ce qu'il y a de très bien dans la prospective et ce qu'il y a de pire.

Antoine Buéno dépeint un monde qu'il situe 570 ans après Ford. Ford est le nouveau Jésus Christ. Le monde est devenu libéral en tout sauf en matière de procréation gérée par une grande Matrice universelle qui se rapproche de celle d'un 1984 de Orwell ou d'un Matrix. Un peu comme en Chine actuelle. Et pour les même raisons : éviter le surpeuplement. Mais dans le roman, l'immortalité est la réalité de l'histoire. Bien sur, les cas de suicides sont nombreux et font même l'objet de grandes tirades nécessaire pour donner de l'épaisseur au propos. Un peu comme dans Blade Runner où l'on s'aperçoit que les répliquants ont finalement quelques onces d'humanité en eux. C'est en cela que le titre du livre de Antoine Buéno est parfait : Le Soupir de l'immortel (une expiration sur le sens de la vie de ceux qui ne connaissent la mort que par qualité...).

A la fin des 640 pages de son roman, Antoine Buéno m'a laissé bizarre. J'ai vécu la même impression en sortant du livre de Gilles Tréhin, autiste, Urville qui dépeint lui aussi une vi(ll)e tout en prospective.

Si je trouve que Antoine Buéno a vraiment bossé son monde et conforte son positionnement d'écrivain prospectiviste en imaginant une réalité plausible, il n'est pas allé jusqu'au bout des choses qu'il pose en, notamment, s'arrimant trop souvent, avec des pieds de nez malheureux, à notre réalité trop actuelle. Un exemple parle tout seul : Google devient Gogol.

D'autres détails sont sujets à caution, mais après tout pourquoi pas. Dans le monde de Antoine Buéno, il n'y a plus de femme, ni d'homme, mais des êtres hermaphrodites ayant une légère dominante masculine ou féminine. Les pédophiles ont un rôle positif en matière d'éducation sensorielle des enfants. Les églises sont des lieux de communion particulière. Le sexe est le référent central à cette société une et universelle. Les êtres sont stériles sauf s'ils partent à la conquête de nouveaux mondes. Les nouveaux nés ont comme mère une couveuse, l'humanité devient transhumanité... Bref, un ensemble de considérations prospectivistes et dont le trait est parfois lourd.

Je reconnais à Antoine Buéno dans Le Soupir de l'immortel au moins une qualité universelle : parfois, il parvient à décaler un tout petit peu mon regard sur quelques évidences actuelles, un peu comme si on n'était en droit de se demander si Ben Laden n'est pas le Dante de notre époque ou pourquoi les terroristes des anglais du XVIIIème siècle, les américains, sont devenus les fervents de l'anti-terrorisme mondial...

Alors pour cette ultime raison et son exercice de style de créer un nouveau monde, je vous recommande le livre de Antoine Buéno, Le Soupir de l'immortel (que vous pouvez vous procurer ou ).

Disclaimer : j'ai essayé d'oublier qu'il enseignait l'Utopie (à l'IEP), sinon, je n'aurais été qu'éloge !


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