Manuel Valls et le piège de la sécurité

Une polémique supplémentaire prend naissance entre Manuel Valls et la direction nationale du PS qui entendait le réserver à un débat sur la sécurité. La sécurité est un "faux booster" pour le PS. Il s'agit de combler un déficit de son offre mais de là à en faire un fer de lance ... La question de la sécurité fait l'objet de nombreuses déclarations enflammées. En réalité, l'étude attentive des dernières enquêtes apporte des précisions importantes. Tout d'abord, la sécurité n'est pas la première priorité des Français. Au cours des dernières années, le classement a traduit une progression de la sécurité. Mais ce n'est pas pour autant la priorité nationale n°1. L'attente d'actions précises prioritaires en matière de sécurité correspond à un profil très précis : - personnes âgées de plus de 65 ans, - aux sensibilités partisanes fortement ancrées à droite. De façon d'ailleurs étonnante, cette attente arrive à égalité dans les espaces à dominante urbaine et dans les espaces à dominante rurale. Ensuite, des faits majeurs symboliques d'atteintes graves au climat de sécurité sont-ils en tête des conversations des Français ? La réponse est non. Ils ne le sont que sporadiquement au gré d'évènements forts de pure actualité. Enfin, pour l'opinion, existe-t-il une seule politique pour lutter contre l'insécurité, bref pour résumer de façon simplifiée est-ce que le PS peut égaler Nicolas Sarkozy ? La réponse a toujours été non. A gauche, la 1ère cause de l'augmentation d‘insécurité est considérée comme étant " la dégradation des conditions de vie et l'augmentation de la pauvreté " alors même que l'appréciation que " l'insécurité est avant tout due au trop grand nombre d'immigrés en France " ne recueille qu'un tiers d'opinions favorables (argument important à droite). L'approche " sécuritaire " est loin d'être " la potion magique " d'un rassemblement national. L'opinion est considérablement plus contrastée. D'où la volonté légitime de Manuel Valls de ne pas se "spécialiser" sur ce dossier.