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Le Nouveau Parti Affaibli

Publié le 21 août 2009 par H16

La politique, ce n'est pas toujours joli joli. Vu de loin, on peut toujours prétendre qu'elle est une façon de gérer les affaires d'une société. Vu de près, cela ressemble beaucoup plus à une bataille de chiffonniers pour conserver sa parcelle de pouvoir, son paquet de strass et de paillettes...

Ici, je pourrai parler en long et en large (et peu être de travers :) ) des performances poivrées du PS, dont les ébats sont devenus tellement bruyants après les élections européennes qu'ils ont été obligés de se calmer, terrorisés par les conséquences qui se profilaient devant eux.

Je pourrai aussi évoquer, comme certains autres de par la vaste blogosphère, les derniers phagocytés par l'UMP, grand parti gloubiboulga où il ne manque plus guère que le MNR et le FN pour boucler un ratissage complet de tout ce que la France compte de droite colbertiste.

Mais cette fois-ci, j'ai décidé d'aller voir d'un peu plus près les récentes mésaventures d'un parti que le libéral aime bien, le NPA.

Il l'aime bien, parce qu'il est devenu, en quelques mois d'existence, le parti du Tout Deux Fois Avec Beaucoup de Sauce, ce qui, dans un restaurant, se traduit à la fois par une addition salée et une indigestion carabinée. Et soyons clair, ne boudons pas notre plaisir : quand le révolutionnaire bolchevique s'étouffe avec ses propres manœuvres, c'est toujours amusant à voir.

Pour rappel à ceux qui ne suivraient pas les tristes gesticulations politiques en France, le NPA, c'est l'impasse tout au fond à gauche, la gôchdelagôche, la mélenchonite version terminale avec des bouts de révolution dedans. C'est, en somme, la gôche qui résiste, un peu comme le steack résiste après une trop longue cuisson.

Et le NPA, c'est quoi ? Rien de nouveau.

C'est du LCR rebooté avec - conformément à l'introduction de ce billet - des paillettes et du strass.

Question programme, c'est tout à fait LCR-kasher : du communisme cru 1917, avec deux adjuvants (écologie, féminisme) pour donner du tonus. Il y a aussi - pour les fins gourmets français - les avertissements habituels au consommateur : « rien à voir avec la Chine ou l’ex-URSS », pour se dédouaner des effets secondaires qui ne manquent pas d'advenir dès qu'on dépasse les doses homéopathiques, effets qui commencent dès le départ par - je vous le donne en mille - une bonne révolution des familles ; concept évoqué sans pudeur dans le nom initial de la boutique trotskyste, et qui disparaît avec le nouveau.

Bref, la lecture des Principes Fondateurs ne laisse aucun doute. Si la boutique change, le produit est toujours le même : du gros rouge (sang) qui tâche.

Question paillettes et strass, on camoufle un Krivine poussiéreux et on le remplace par un Olivier B. et sa bouille de poulbot marketing qu'on met en devanture pour appâter le chaland. On modifie les rayonnages, histoire de donner un petit polish de jeunesse frétillante au vieux magasin, et on pousse hors de la vue les vieilles canettes de trotskysme aux dates de péremptions d'un autre siècle, on cache les bocaux de stalinisme aux opercules gonflé de botulisme, et on place de l'altermonde et des barils de bienpensance en tête de gondole pour faire décoller les ventes.

Le Nouveau Parti Affaibli

Marmotte communiste : de plus en plus rare
Mais ne nous y trompons pas. Si les techniciens de surface ont bien passé la cireuse et épousseté les étalages, la direction et les méthodes de management restent bien ancrées dans la version LCR. Et après quelques mois d'euphorie, les adhérents finissent par en avoir un peu ras la soupière du positionnement continuel anti-tout, en ce compris l'unité de toutes les gôches, et ... finissent par s'en aller.

Et le pire, c'est que cette constatation d'un autisme pourfendeur d'unité léni(ni)fiante, elle ne vient même pas de moi, mais de la gauche elle-meme : une fois n'est pas coutume, je vais faire un lien sur un article de l'Humanité, le journal pourfendeur du Grand Kapital et détenu à 20% par Hachette/TF1/Caisse d'Epargne, et dont le fond peut se résumer comme suit : le NPA, en rejetant toute forme d'union, rate son pari d'occuper une vraie place à gauche.

On comprend pourquoi le doute s'immisce de plus en plus dans le libéral goguenard : et si ce Nouveau Parti, de plus en plus Affaibli, n'était pas là, surtout et avant tout, pour saboter la gauche des extrêmes ? En plus de foutre le malaise dans un PS ringardisé, et déjà fort mis à mal par les ponctions, pardon, ouvertures opérées par la droite colbertiste, le NPA ressemble de plus en plus à un petit missile téléguidé sur les partis et autres groupuscules de gauche.

Missile dont la durée de vie semble d'ailleurs destinée à être courte ; et c'est sur le site-même du NPA (gasp !) qu'on trouve des pépites prévoyant rien moins qu'un ...effondrement.

Le Nouveau Parti Affaibli

Pire : à la lecture du petit article, on découvre en fait que le politologue Raynaud semble avoir fait preuve de trop d'optimisme : voyant le parti fleurir pendant quelques années, il prévoyait une réussite aux européennes, avant un délitement divisant le nombre de ses adhérents par deux. Force est de constater que le score des européennes, tout à fait logique suite à la fine stratégie du boudeur solitaire, ne peut pas être qualifié de franche réussite, ce qui aura sans doute précipité le départ des kikoolols altercomprenants qui forment le gros des derniers encartés... Bref : les prédictions du politologue semblent exactes, bien que plus tôt que prévu.

Depuis, l'actualité ressemble à une enfilade de petites vexations qui finiront probablement par fâcher tout rouge le leader révolutionnaire. En attendant, il se prend des vents d'un peu partout, et notamment de la part de la CGT.

C'est assez piquant parce qu'en temps normal, les mamours entre la gauche extrême et les syndicats ouvriers français sont réguliers et assumés : on ne comptait pas, jadis, les manifestations où les gauches diverses, variées, et toujours très à gauche, se mêlaient aux syndicats pour réclamer en France des moyens, un recul du gouvernement sur ceci ou cela, ou ... des moyens.

Mais là, non. Bernard Thibault boude. Il n'aime pas le ton de donneur de leçon d'Olivier. Ce dernier aurait-il un peu chopé le melon au point d'agacer ses camarades de lutte, vieux briscards de la politique et depuis suffisamment longtemps dans le "métier" pour ne pas se laisser marcher sur les pieds ?

On ne peut que lancer des suppositions, tout comme sur les éventuelles manœuvres du pouvoir en place visant à favoriser le parti extrêmiste pour saboter les partis plus traditionnels, mais au-delà de ces pures spéculations, il n'en reste pas moins que ce parti, issu d'une LCR peu vaillante, n'aura en définitive bénéficié que très temporairement de l'"effet Besancenot" avant de retomber dans ses vieilles pratiques combinardes, qui reviendront à ramener l'impact politique du NPA dans son étiage normal de feu la Lutte, à savoir ... à peu près nul.

Je ne suis pas sûr que ce soit un mal.


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