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S. Thomas d'Aquin, Commentaire sur Jean 6 (19)

Publié le 21 août 2009 par Walterman

COMME LE PÈRE QUI EST VIVANT M’A ENVOYE ET QUE MOI JE VIS À CAUSE DU PÈRE, AINSI CELUI QUI ME MANGE VIVRA A CAUSE DE MOI.

Le Christ pose ici la mineure, à savoir que celui qui lui est uni a la vie; et il l’induit en révélant la similitude sui vante: le Fils, à cause de son unité avec le Père, reçoit la vie du Père; donc, celui qui est uni au Christ reçoit la vie du Christ: COMME LE PERE QUI EST VIVANT M’A ENVOYE, ET QUE MOI JE VIS A CAUSE DUPERE... Ces paroles peu vent être explicitées de deux manières au sujet du Christ: selon sa nature humaine ou selon sa nature divine. Si elles se rapportent au Christ Fils de Dieu, alors le COMME implique une similitude du Christ avec la créature sur un point (mais non pas sur tous): le fait d’être d’un autre. Il est en effet commun au Christ Fils de Dieu et à la créature d’être d’un autre. Mais d’un autre point de vue, il y a dissimilitude, parce que le Fils a ceci de propre qu’il est du Père de telle sorte qu’il reçoit cependant toute la plénitude de la nature divine, en tant que tout ce qui par nature est au Père est aussi par nature au Fils (alors que la créature, elle, reçoit une certaine perfection et une nature particulière): Comme le Père a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même. Il le montre en ne disant pas: "Comme je mange le Père et que moi je vis à cause du Père", puisqu’il parle ici de sa procession, alors qu’à notre sujet il dit: CELUI QUI ME MANGE VIVRA A CAUSE DE MOI, puisqu’il parle de la participation à son corps et à son sang, qui nous rend meilleurs (la manducation exprime, de fait, une certaine participation). Mais le Christ affirme qu’il vit A CAUSE DU PERE non pas en le mangeant, mais en étant engendré par lui sans que cela supprime l’égalité.
Mais si ces paroles s’entendent du Christ-homme, COMME implique alors, sur un point, une similitude entre le Christ-homme et nous, en ceci que, comme le Christ-homme reçoit la vie spirituelle par l’union à Dieu, de même nous aussi recevons la vie spirituelle par la communion au sacrement. Mais il y a dissimilitude du fait que le Christ-homme reçoit la vie par union au Verbe avec lequel il est une unique personne, alors que nous sommes unis au Christ par le sacrement de la foi. Et c’est pourquoi il affirme à la fois: M’A ENVOYE, et PERE. Si donc on réfère le pas sage au Fils de Dieu, alors il affirme: MOI JE VIS A CAUSE DU PERE parce que le Père est vivant. Mais si on le réfère au Fils de l’homme, alors il affirme: MOI JE VIS A CAUSE DU PERE parce qu’il M’A ENVOYE, c’est-à-dire, il a fait que je m’incarne. En effet, la mission du Fils de Dieu est son Incarnation: Dieu a envoyé son Fils, engendré d’une femme, engendré sous la Loi.
Par ces paroles, selon Hilaire, est exclue l’erreur d’Arius. Si en effet nous vivons à cause du Christ, parce que nous possédons quelque chose de sa nature, comme il le dit lui-même: QUI MANGE MA CHAIR ET BOIT MON SANG A LA VIE ETERNELLE, le Christ vit donc aussi à cause du Père parce qu’il possède en lui la nature du Père, non pas une partie de celle-ci — elle est simple et indivisible — mais toute la nature du Père. Ainsi le Fils vit à cause du Père, la naissance ne lui apportant pas une nature autre, ni numériquement ni spécifiquement.



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