Outre-mer, on le considère déjà comme le nouveau prince du raï. Lundi soir, cheb Najim, puisque c’est de lui qu’il s’agit, en a apporté la preuve par des mélodies arrangées avec tact et brio. Le Franco-Algérien a, durant trois quarts d’heure, fait retentir sa voix puissante dans l’enceinte du stade du 24 Février devant un public venu à sa découverte.
C’est par un hommage à Cheikha Rimitti que Najim entame son show en reprenant Ana ou ghzali, l’une de ses chansons cultes. Un hommage auquel il tenait particulièrement, lui qui a été choriste sur le dernier album de Rimitti. « J’ai bénéficié d’une participation rare et honorifique sur le titre N’rouhou n’zourou, duo unique et exceptionnel avec la regrettée Rimitti. Un morceau enregistré quelques jours avant le décès de la diva du raï », a-t-il expliqué après son passage sur scène. A la voix haut perchée et à la gestuelle très suggestive, Najim enchaîne avec une autre reprise, Mali mali de cheb Mami, et une chanson anti-harga, Khtini mel bouti, qui n’a pas eu l’effet escompté auprès d’un public juvénile et potentiellement harag. Surfant aisément entre différents styles, Najim rectifie aussitôt le tir avec l’époustouflant Sidi l’houari, une chanson gnaoui-marocain hyper rythmée.Le public bronche et reprend en chœur : « Sidi l’houari ravitaille-nous en zetla (drogue) ». Ceci étant, les férus de la chanson raï se sont délectés, sans aucun doute, à la découverte de cette nouvelle voix. Placé sur orbite par le producteur, parolier et compositeur de raï, Salah Rahoui, Najim (21 ans) a enregistré un premier album kount enhawes ( je cherchais), sorti en 2004 et vendu à plus de 10 000 exemplaires.
C’est un album aux sonorités sentimentales ; un clin d’œil à son idole cheb Hasni. Dans son prochain album, qui sortira dans quelques semaines, il se propose de revisiter le répertoire de Aïssa Djermouni, chantre de la musique chaouie. Cheb Nacim, qui a ouvert la deuxième soirée du Festival du raï, est passé presque inaperçu. Il s’est d’ailleurs contenté de reprendre des tubes très familiers, tels que Mazal kayen l’espoir de Hasni, Ana ou ana de Nani, Olé olé de Billal et cheba ya cheba de Khaled. Dans un style complètement différent, Zahi Chraïti, a, après un long istikhbar poétique, mis le cap à l’est avec des chansons staïfi, entre autres, Mechi mahboul (je ne suis pas fou) et rouler. Il faut tout de même être un peu fou pour chanter du staïfi dans le bastion du raï ! « Les chansons sétifiennes au tempo rapide connaissent un succès fou, même à l’ouest du pays », se plaît-il à dire, tout en se plaignant de ne pas avoir été invité à la dernière édition du Festival de Timgad. L’honneur de clôturer la soirée est revenu à cheb Akil qui, sur insistance du public, finira par interpréter l’un de ses morceaux préférés : Rana Gâa (on est tous) des malades mentaux….
Par M. Abdelkri/ El Watan