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Professionnel, mais pas trop...

Publié le 23 août 2009 par Ansolo

A l'occasion de la deuxième journée du Top14, les internationaux Lionel Nallet et Julien Tomas ont tout deux été victimes d'un coup de chaleur. Plus de peur que de mal, et après avoir été respectivement rafraîchi et perfusé, les deux joueurs ont pu regagner leur foyer.

Ce double épisode souligne, s'il en était besoin, le danger qui peut exister à organiser des rencontres de rugby, en plein mois d'août , à des horaires où il est plus indiqué de rester à l'ombre que de courrir après un ballon ovale. Samedi, on est resté, largement, en deçà du drame. Cela pourrait bien changer le jour où un organisme dira "stop", et ce définitivement...

Tout comme la mascarade des interdictions de jouer faites aux internationaux pour cause de coupure obligatoire de 8 semaines (tout en autorisant les mêmes à disputer des rencontres amicales...), la programmation des matches de championnat à des horaires déraisonnables illustre la situation d'un rugby qui a encore du chemin à parcourir avant de pouvoir se qualifier vraiment de professionnel.

Actuellement, ce mot signifie simplement que des joueurs sont rémunérés pour disputer des matches de rugby, et ne faire que cela. Et que des clubs sont rétribués pour la publicité qu'il font de marques commerciales.

Aussi, aujourd'hui, qu'on le veuille où non, le rugby emprunte au professionnalisme ses travers les moins recommandables.

Draîner des recettes financières, est certes important, pour ne pas dire fondamental. Cependant, cela doit-il conduire à accepter qu'un diffuseur impose ses choix, fussent-ils discutables voire dangeureux, au motif qu'il paie ?

A cet égard, le rugby est doublement soumis. D'abord parce que Canal plus, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a un monopole sur la diffusion des matches du Top14. Ensuite, parce que le rugby, malgré un essor indénibale, reste loin du football en termes de médiatisation et d'intérêt du public. Sans parler du fait que les droits télévisuels payés par la chaîne cryptée pour avoir le droit de retransmettre la Ligue 1 sont à des années lumières de ceux qu'elle verse pour le rugby. En conséquence de quoi, lorsqu'il faut choisir quel sport retransmettre un samedi soir, il n'y a pas photo...

Eric Bayle, le responsable "rugby" de Canal plus, a beau jeu de dire qu'en hiver il fait trop froid, et qu'on devrait donc arrêter de jouer au rugby les soirs de novembre ou décembre. Jusqu'à preuve du contraire, un joueur présente peu de risque de mourir de froid. Est-il certain qu'il ne risque rien en disputant une partie par 37° à l'ombre, sachant qu'il est rare qu'un terrain propose des zones ombragées ? Le rugby moderne est devenu d'une rare exigence en termes d'intensité physique. Il serait bien que cette exigence s'observe aussi dans la protection de ceux qui le font vivre. 

Professionnel, le rugby ne l'est pas du tout, lorsqu'il essaie de réguler maladroitement les relations entre les joueurs, salariés de leurs clubs, et ces derniers. La volonté de protéger les rugbymen, et en particulier les internationaux, est louable. Mais il serait souhaitable de laisser la place au discernement et au sens des responsabilités. Après tout, le pari de l'intelligence n'est pas forcément perdu d'avance. Autoriser les clubs à faire jouer des internationaux en parfaite possession de leurs moyen, tout en s'assurant qu'ils respectent la règle du repos obligatoire n'est peut-être pas si difficile ?

Dans le monde de l'entreprise, qui inspire pourtant nos dirigeants de tous poils, les congés sont à la carte, dans le respect de l'intérêt de la société. Il devrait pouvoir en être de même dans ce sport où les plages de récupération sont essentielles.

Le rugby hexagonale a largement comblé le fossé qui le séparait de ses voisins au tout début de l'ère professionnelle. Mais on a le sentiment que le rythme du professionnalisme s'est quelque peu emballé, au point qu'on se demande s'il existe une vraie réflexion sur les orientations globales qu'il conviendrait de donner à ce sport.

On répondra que la critique est facile et l'art difficile. Et que l'avis d'un simple amateur ne sera jamais qu'une goutte d'eau au sein d'un océan de critiques, dans un pays qui compte autant de sélectionneurs ou de présidents de fédération que de supporters.

Mais on aimerait croire que le bon sens, ou celui des affaires (qui veut qu'un produit défectueux ne soit pas vendeur...) l'emportera un jour...


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