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Différenciation/intégration

Publié le 24 août 2009 par Jfa

Je sais depuis longtemps qu’une société uniforme et égalitariste ( que je distingue d’une société égalitaire,  comme je distingue un musulman d’un islamiste) produit de la violence intrinsèque, perd son dynamisme et voit augmenter vertigineusement ses taux de suicide, d’alcoolisme et autres dérivatifs morbides.

Je sais aussi, depuis encore plus longtemps, qu’une société où fleurissent trop les inégalités, produit de la violence des uns contre les autres, même si cette situation peut être maquillée, un temps, par le Spectacle.

Je crois donc savoir qu’un corps social a besoin, à la fois d’un certain degré d’inégalités (qui ne sont qu’une espèce parmi les différences), pour que sa différence de potentiel interne facilite ses évolutions, nourrisse sa dynamique mais aussi que ces inégalités doivent rester au dessous d’un certain seuil, variable selon les époques et les cultures.

Il en va de même pour les simples différences qui sont aussi problématiques, certaines acceptées, d’autres refusées. En témoignent les polémiques sur la burqa (alors que des retours barbares tels les anneaux dans le nez sont socialement à peu près acceptés). Pour ma part, je crains les sociétés uniformes.

Je crois donc savoir qu’une société figée dans ses différences et ses inégalités, une société de la rente et du patrimoine, se reproduisant quasiment à l’identique fonction de la naissance est une société explosive. Voilà pourquoi je regarde, avec inquiétude, les indicateurs de reproduction sociale, notamment ceux, en baisse, qui indiquent les pourcentages de fils (et filles) d’immigrés, de petits paysans, d’ouvriers et de petits employés accédant aux filières les plus prestigieuses. La méritocratie de façade de notre système éducatif s’efforçant de masquer un système fondamentalement ségrégatif sauf sur ses marges.

Je crois donc savoir, enfin, qu’un corps social a besoin d’avoir un socle minimum, longtemps confondu avec les services publics, offert à tous et à toutes, dont les composantes varient selon les époques et les cultures, pour qu’y existe un minimum de liens et de consensus sociaux, évitant que la violence ne dépasse l’admissible, ancrant culturellement les solidarités.

Je m’interroge donc depuis longtemps sur les mécanismes conjoints de la différenciation et de la reproduction sociales et sur ces seuils observables:  en vrac,  la fréquence et la dureté des conflits sociaux, les indicateurs de délinquance, de consommation de stupéfiants, le taux de suicide, … Plus exactement, au delà des revenus (où là, nous savons et pouvons mesurer), comment fonctionnent culturellement l’ascenseur et le descenseur sociaux au niveau d’un individu ?

Au delà de la différence, aisément constatable de ce qui distingue culturellement un parvenu d’un héritier, on sait comment réagissent ces héritiers face à une démocratisation qui, conjointement à l’accession à la culture des classes moyennes, se sentent envahis et éprouvent l’impérieuse nécessité de se “distinguer” et se reconnaître, se déplaçant sur d’autres champs d’activité sociale.

Mais, plus globalement, comment se régule sur le long terme le couple antagoniste différenciation/ reproduction sociale?  Au plan des individus, comment fonctionne et se régule la dynamique antagoniste de différenciation/conformité aux règles de tel ou tel groupe  d’appartenance, d’attirance ou d’affinités ?

J’essaierai, dans les semaines qui viennent, par bribes, de continuer à réfléchir là-dessus.

- Analyse et commentaires, brillants, à propos d’une photographie inattendue. Blog Arhv.

- “Bonus et crédits : Nicolas Sarkozy rappelle à l’ordre les banques françaises”. Le Monde. Une fois de plus: “Paroles, paroles, paroles…”, à prononcer en chantant et avec l’accent italien.


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