Hier soir sur le port de Gansbaai
Qu’est-ce que j’ai dans ma valise ? Un bermuda, un slip de bain, quatre slips, trois t-shirts blancs, un t-shirt bleu, un polo, deux pulls légers, une casquette, des tongues, ma paire de Camper que j’avais envisagé de jeter à Paris, des chaussettes, un nécessaire de toilette, des livres, un appareil photo, un ordinateur portable, mon passeport et un ouvre-boîtes.
Dans mes pensées les plus sombres et ridicules, j’avais pensé à ce film où Tom Hanks interprétait le rescapé d’un crash et se retrouvait seul sur une île déserte ; je me souviens de ces scènes où il se blessait parce qu’il ne parvenait pas à ouvrir les boîtes de conserve miraculeusement échouées à ses pieds. Voici à quoi je pensais lorsque j’ai subtilisé l’ustensile dans un des ces hôtels miteux pendant ma semaine parisienne, ne sachant pas à quelle sauce je serais mangé, ne sachant pas où me mèneraient mes divagations, ignorant même si, dans un accès d’inconscience – ou de lucidité – je n’aurais pas sauté d’un pont pour en finir. Dans une réponse à ma lettre, C écrivait quelque chose comme « tu aurais pu choisir de partir de façon plus digne ». Je lui ai répondu qu’il s’agissait d’un suicidé raté. En ce sens que j’avais sérieusement songé à mettre fin à mes jours mais que je n’en avais pas eu le courage.
Dans mes bagages, j’ai même un couteau de cuisine de 20cm – Tiaan l’a vu et il en était bouche bée. Je vous avais dit de ne pas dire que c’était dangereux de me promener nu. Heureusement que la femme de ménage de Jonathan n’a pas mis son nez dans affaires. Elle aurait été terrifiée.