Google et la BNF : le photocopieur et le gagne-petit

Publié le 26 août 2009 par Lilzeon

Citoyens !

C’est à une nouvelle vente de bijoux de famille de la République qu’on assiste aujourd’hui !

Ah ! le grand Google offre sa bénédiction photocopique à la BNF ! Oh Google va donner un peu plus de liberté d’accès à notre grand patrimoine !

Sauf que l’hypothétique accord entre Google et la BNF déroge à des lois d’économie primaires :

  • ce qui est rare est cher : donner la main ou un duplicata d’une ressource à un autre propriétaire amoindrit sa valeur pour le détenteur initial (logique)
  • les missions de Google sont de générer des revenus en apportant le contenu que le consommateur / citoyen cherche. A la manière d’un tenancier de bordel de bar, vous ne payez pas directement l’accès au lieu. Mais sur place, vous allez consommer boissons, prestations, être exposé à des messages publicitaires (je vous conseille les bars australiens à Londres où au-dessus des pissotières se dressent des écrans TV passant en boucle moult divertissements
  • quand on a un patrimoine ou un flux de bon cru, on espère le faire fructifier. On le fait grandir, on le chérit. Mais on ne le donne surtout pas à prix dérisoire

Ce qui est beau avec Google, c’est qu’on arrive à aborder des débats stériles sur l’exception culturelle, sur le patriotisme anti-libéral des Français, dès qu’on souhaite égratigner un tant soit peu son image. La modernité à tout prix. C’est vrai qu’une entreprise qui distribue des jus de fruit gratuitement à ses employés et qui autorise le T-Shirt, c’est un truc forcément de dingue. Ou pas.

D’où l’enjeu de tenir un discours sans perte mais avec fracas sur de l’argument économique. Savoir si Fred M. va faire la blague, j’en doute.

Heureusement, ceux qu’on attendait commencent à s’exprimer :

Jean-Noël Jeanneney, historien du contemporain, ancien président de la Bibliothèque nationale de France (2002-2007), initiateur de Gallica et de la bibliothèque numérique Europeana et auteur du pamphlet Quand Google défie l’Europe traduit dans treize pays, aurait-il pu ne pas réagir devant la résignation de la BnF face à la volonté du numéro un mondial des moteurs de recherche de numériser son fonds afin de devenir également le numér

“Le moteur de recherche Google est une réussite universelle et il rend bien des services. Mais lui confier, et à lui seul, qui vit du profit de la publicité et est enraciné, en dépit de l’universalité de son propos, dans la culture américaine, la responsabilité du choix des livres, la maîtrise planétaire de leur forme numérisée, et la quasi-exclusivité de leur indexation sur la Toile, le tout étant au service, direct ou indirect, de ses seuls gains d’entreprise, voilà bien qui n’était pas supportable.””