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Lettre à mes soeurs

Publié le 04 décembre 2008 par Taliax

Lettre à mes soeursLa toile recèle quelques trésors concernant le bégaiement, des témoignages touchants de personnes se mettant à nu pour se décharger du poids de leur camisole nommé "bégaiement". J'ai découvert hier le texte d'une femme épanouie, bègue, qui a connu le tabou du bégaiement et qui a écrit à ses sœurs en 1995 une lettre pour qu'elles comprennent sa souffrance et son combat face à son bégaiement. C'est cette lettre que l'auteur a aujourd'hui choisi d'exhumer pour la partager avec les internautes en la dédiant à toutes les personnes qui souffrent de cet handicap. Car au-delà de cette lettre touchante, on trouve un formidable message d'espoir et le constat d'un certain détachement par rapport au monstre bégaiement : "Je suis consciente que si je n'avais pas eu cet handicap, ma vie n'aurait pas forcément été heureuse !". Ce texte m'a beaucoup ému parce que j'ai vécu comme elle cette souffrance de la personne bègue et que cette lettre comme exutoire m'a rappelé ce qu'était pour moi ce blog à ses débuts.


Écrite en septembre 1995 et envoyée à mes deux sœurs

Ne dramatisez pas, je vais bien. Cette lettre va vous paraître stupide mais cette souffrance que je ressens depuis très longtemps, je ne la supporte plus. Depuis 20 ans (je n'exagère pas) intérieurement, je me sens seule, je me bats sans cesse pour vivre au mieux ma vie. Mon problème, j'hésite à parler, disons franchement, je n'aime pas ce mot, " je bégaye". C'est un léger bégaiement mais assez pour gâcher la vie. J'ai du me battre pour arriver à me contrôler, à supporter les critiques , la méchanceté de mon entourage. Ce léger handicap a sans cessé freiné mon objectif , l'objectif de caractériser la personnalité incrustée en moi, tous les jours, j'essayai de me prouver à moi-même et aux autres individus que je suis un être humain, capable de s'assumer, de prendre des responsabilités. Je n'ai pas vécu mon adolescence, pas vraiment de relations amicales, encore moins de relations amoureuses. Ce n'est qu'un 1985, que les yeux d'un homme de mon âge se sont fixés vers moi. Ce regard m'a aidé moralement, car en plus de cet handicap, je me trouvais physiquement laide. Sans conclure cette relation, ce regard m'a soutenu durant des années, aujourd'hui encore.

Pour m'aider, j'observais "une étoile", celle de l'espoir. C'est stupide, cette étoile était ma confidente, je lui parlais de mes souffrances, de mes passions, de mon avenir mais aussi mon désir de suicide.(je l'ai vécu une fois) Pour moi, le suicide est un corps où jaillissent des gouttes de souffrance, leur unique but est de disparaitre dans l'espace à la recherche d'une "étoile", aller à la découverte du bonheur. Je reconnais que j'ai de temps en temps une sensation de peur, que le démon destructeur se réveille en moi et persiste dans l'objectif de réduire mon corps en une poussière de l'inutile.

J'ai tout essayé pour vaincre cet handicap, au lycée, le proviseur m'a conseillé un psychologue, j'y suis allée, rien d'anormal. Avec difficulté et fierté , j'ai obtenu le bac (je précise au bout de 2 fois) Arrive la vie active. Tout était échec. Que des emplois où la communication était rare. Rien d'intéressant. L'emploi que j'occupe actuellement. (j'y suis restée 15 ans après un licenciement dû à la cessation de l'activité, départ en retraite de l'employeur) , je suis contente de l'avoir obtenu sans aide, un travail nul mais suffisant pour mon handicap. J'ai pratiqué le yoga, la relaxation. Moyennement efficaces. Par l'intermédiaire de la télévision, des magazines, j'ai pris connaissance d'une méthode pour les troubles de l'audition du langage. Dr Tomatis, travail sur l'oreille droite, l'oreille directrice. Il existe un centre à Tours. J'ai suivi un bilan très complet, c'est là que j'ai appris l'origine de mon handicap. Je ne m'écoute plus depuis l'âge de 3ans.

Manque de communication et d'affection. Dû certainement à la naissance des jumeaux (mes frères nés 1 an après moi) Sans être responsables, maman et papa n'ont pas eu le temps de s'occuper de moi. J'avais certainement besoin plus d'attention que les autres. Après ce bilan, j'en ai parlé à maman. Elle pensait que j'étais timide comme Pascal (mon frère ainé d'1 an de plus que moi) qu'avec le temps j'arriverai à me contrôler.

J'étais obligée d'en parler à maman. Pour réussir au mieux cette méthode, il fallait une cassette de la voix de maman pour représenter la voix intra-utérine. Lorsque j'ai pris connaissance de cette méthode, je travaillais, malgré le prix très coûteux, j'étais prête à m'inscrire et à suivre cette méthode. Mais j'ai dû y renoncer, à cause des horaires de travail.

Alors j'ai continué à vivre en disant que les autres sont plus malheureux que moi. Ce n'était pas la bonne solution, par cette pensée, je devenais de plus en plus pessimiste. Alors continuer à se battre, à espérer le meilleur, à guérir ce mal par mes propres moyens. Physiquement, je me sens mieux. ..................................................................... Si j'ai eu des coups de déprime, ce n'était pas toujours à cause de lui (le père de mon fils) mais à cause de cet handicap. Mal dans ma peau, ne pas dire ce que je ressens. ............................................................ Depuis l'inscription à un club de gym, je suis positive, j'ai confiance en moi, je désire parler de ce que je ressens (je croyais) La tendresse et la communication sont les bases sincères pour réchauffer l'esprit et le cœur de tout être humain. J'ai essayé de me les procurer sans voir en quelque sorte, la réalité de la vie. Je vivais dans mes rêves par l'intermédiaire de l'écriture. Anthony (mon fils) est mon amour adoré, sa beauté, c'est une victoire sur l'injustice que j'ai subi. Pour lui, je suis prête à continuer, à espérer une vie explosive de choses agréables, que l'Amour est au bout du chemin. La seule chose que je vous demande, d'en parler à la famille. Je ne pouvais plus garder ce secret en moi. En le révélant, cela m'aidera peut-être à mieux accepter la vie. Sincèrement, ils n'ont pas à se sentir coupables, c'est déjà dure pour moi de vivre ce problème. L'essentiel pour moi, c'est de l'avoir dit, que l'on soit à mes côtés QUE L'ON M'AIME TOUT SIMPLEMENT

Je vous embrasse.


Source : La lettre....... sur le blog Tout simplement moi!


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