Magazine France

Les vrais chantiers de Nicolas Sarkozy

Publié le 26 août 2009 par Juan

Nicolas Sarkozy a donc repris le chemin de l'Elysée. Mardi 25 août, après un mois de vacances, il a tenu son premier conseil des ministres de la rentrée. A en croire la presse, le Monarque a de nombreux chantiers en tête. Difficile de les passer tous en revue. On croirait un almanach de la contre-réforme. En fait, il s'agit souvent surtout d'un affichage. Voici donc les vrais chantiers de rentrée de Nicolas Sarkozy.

1. Favoriser sa réélection de 2012.

Nicolas Sarkozy y pense depuis longtemps. Avec près de 125 semaines de présence à l'Elysée, le président français entame la seconde partie de son mandat. Sa réélection passe d'abord par le scrutin régional de mars 2010. Après avoir limité la casse lors des élections européennes, il ne peut pas rater cette échéance. Cette préoccupation présidentielle de 2012 explique 3 sous-chantiers, simples artefacts de communication. Primo, la mise en oeuvre rapide d'une taxe carbone. Telle que présentée en juillet dernier par le "fonctionnaire" Rocard, la taxe carbone est une nouvelle TVA verte. Elle vise à séduire l'électorat écologiste. La visite surprise de Fillon sur les plages de Bretagne polluées par des algues toxiques, des semaines après la catastrophe, ne vise à rien d'autre. Secundo, la réforme des collectivités locales: le redécoupage des circonscriptions législatives suit son bon chemin, le projet étant prévu d'être présenté au parlement en octobre. La "simplification" des régions et départements suit : «Nous ne nous déroberons pas devant la réduction du nombre des élus.» avait promis Sarkozy en juin dernier. Il cache son dessein: il a explicitement demandé à ce que les scrutins soient uninominaux, et majoritaires dans les zones urbaines. A un tour, même avec une dose de proportionnel, la première liste emporte la majorité. Du surmesure pour un parti "majoritaire" étriquée mais en tête avec ses 28 à 30% du corps électoral. Rappelons aussi que les régions et départements sont majoritairement à gauche. Tertio, la déstabilisation permanente de l'opposition. Entamée avec l'ouverture, elle se poursuivra avec le débauchage cette semaine d'un radical de gauche corse. Les "prises" sarkozyennes sont de plus en plus maigres, mais elles font jolies sur la photo.

2. Profiter du prétexte grippal

La grippe A H1N1 est certainement la pire et la meilleure nouvelle du moment. L'attitude française a été étonnante face à la maladie: d'un côté, le gouvernement a rapidement communiquer sur ses commandes de millions de masques de protection et de Tamiflu. De l'autre, la communication sur l'extension de la maladie et ses conséquences fut rare. Au début, le mal n'était que mexicain. Aux premiers cas en France, on nous a parlé de cas isolés et très spécifiques. Quand es colonies de vacances entières se révélèrent contaminées, le gouvernement ne dit mot. Le virus ne tuait que rarement des personnes déjà fragiles. Lundi, deux personnes jeunes et sans fragilité particulière sont décédées en Nouvelle Calédonie, où l'on compte déjà 35 000 contaminés. Quelle est la suite ? Roseline Bachelot vient enfin de se décider à venir à la Réunion.
Le virus A H1N1 est bien parti pour pourrir l'automne 2009. Avec les conséquences économiques qui s'en suivent. Le gouvernement n'y peut pas grand chose. Cela lui fournit même un alibi supplémentaire pour éviter le jugement de son action. Après la grande crise financière de septembre 2008 (une imposture de nombreuses fois dénoncées), voici la grippe AH1N1 ! L'ennemi extérieur est bienvenu pour masquer l'échec sarkozyen.
3. Maitriser la casse sociale
Le gouvernement reste prudent sur les chiffres du chômage. Les destructions d'emploi s'étaient ralenties au second trimestre. Mais les plans sociaux du même trimestre devraient avoir leur plein effet à l'automne. Et l'entrée sur le marché du travail des jeunes diplômés (ou pas) n'arrangera rien. Les agences du pôle emploi sont toujours débordées. Seul facteur favorable, la mise en retraite massive des babyboomers se poursuit, n'en déplaise au slogan sarkozyen du travailler plus. Pour contenir la gronde, il faut des boucs-émissaires ou des pare-feux. Les banquiers se sont visiblement dévoués pour reprendre le rôle difficile. Il a fallu d'une annonce de provisions de bonus dans une banque française (BNP Paribas) pour que l'on s'enflamme. Lundi 24, les . Dans un mois, les 24 et 25 septembre, Nicolas Sarkozy promet de pousser une gueulante sévère lors du G20 de Pittsburgh (Etats-Unis). Dans un mois, cela fera un an quasiment jour pour jour depuis le krach boursier. Côté pare-feux, la montée en charge du RSA fera oublier la précarisation générale du travail.
4. Masquer la faillite des finances publiques
Mercredi, Nicolas Sarkozy "installera" officiellement la commission chargée de réfléchir aux priorités du futur "Grand Emprunt" et présidée par Michel Rocard et Alain Juppé. Les deux anciens Premiers ministres ne devront pas chômer, eux, puisque leurs conclusions sont attendues pour le ... 1er novembre. Sarkozy est pressé. Les déficits se creusent. Eric Woerth nous promet un trou budgétaire de 130 milliards d'euros à la fin de l'année. Les recettes fondent: la seule diminution du résultat des entreprises expliquait déjà 17 milliards d'euros de pertes fiscales pour le budget de l'Etat à fin juin... Et le gouvernement refuse de suspendre (a minima) certaines dispositions de sa loi TEPA, votée il y a deux ans, comme l'abaissement du bouclier fiscal, l'exonération des droits de succession ou la défiscalisation (anachronique) des heures supplémentaires.

5. Améliorer la lutte contre l'insécurité

Sarkozy souffre. La lutte contre l'insécurité est son "ADN" politique. Et elle patine. En fait, le moment du bilan est enfin arrivé, sept ans après 2002. Heureusement pour Sarkozy, ce sont ses successeurs qui assument l'échec. Les atteintes aux biens régressent ou stagnent. mais les violences aux personnes ne cessent de croître depuis 2002. Hortefeux, le titulaire, doit masquer son manque de moyens et ne pas remettre en cause la politique de son prédécesseur le plus illustre, son actuel patron. Rude épreuve ! Belle diversion, la "loi Loppsi II", qui développe les outils de cybersurveillance à disposition des pouvoirs publics, servira à montrer que le gouvernement agit face aux menaces de demain.
Réélection, grippe, chômage, déficit budgétaire, insécurité, c'est un beau programme !
Ami Sarkozyste, où es-tu ?


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Juan 53884 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte