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La fange de l’amérique se déchaîne contre barack obama

Publié le 26 août 2009 par Anomalie
LA FANGE DE L’AMÉRIQUE SE DÉCHAÎNE CONTRE BARACK OBAMA Il ne leur en fallait pas plus. Barack Obama, en difficulté sur la réforme de santé, voit sa cote de popularité s’effriter de jour en jour. Et le GOP, lessivé par la défaite de McCain, en proie à sa plus grave crise de leadership depuis les années Reagan, soumis à l’offensive intégriste de la droite religieuse, recroquevillé sur ses bastions ruraux, laminé dans les grandes villes, confronté à la multiplication de scandales sexuels impliquant les obsédés des « valeurs familiales », plafonnant à 21% d’opinions favorables, espère désormais se refaire sur le dos de la bête. Les fondamentalistes de la droite chrétienne prient comme des forcenés pour que le faux Messie se casse la gueule, tout en faisant assaut – ils ne sont pas à une contradiction près – de déclamations patriotiques. Les vieux conservateurs charognards se prennent à rêver d’une reprise en main, une fois démystifiée l’escroquerie du Président et son insupportable faconde. Et en embuscade, la cruche Sarah Palin, la Tariq Ramadan de l’Alaska, dont les ancêtres directs, il y a 5000 ans, chevauchaient des dinosaures pour s’en aller taquiner le caribou. Mais cette fange de l’Amérique nauséeuse, furetant Bible à la main et flingue au poing dans la boue de la basse politique politicienne, est désormais rejointe par l’autre Amérique, celle qu’elle exècre, mais qui se retrouve à ses côtés dans un combat de circonstance. Voilà qu’entre en scène l’Amérique des gauchistes, des complotistes, qui touille ses désillusions de rédemption personnelle et joint sa frustration à la haine de la droite. Au soir de la victoire triomphale de Barack Obama, nous écrivions : « Une fois l’euphorie passée, ceux que j’appelle les « partisans irrationnels » de Barack Obama ne tarderont pas à se rendre compte que leur héros n’a rien de l’idéaliste tiers-mondiste che-guévarisé qu’ils se sont façonnés avec un patchwork de bons sentiments. Barack Obama est un homme politique pragmatique, et son pire ennemi sera, à terme, et paradoxalement, l’espoir fou qu’il a suscité. Comme partout, comme toujours, l’état de grâce prendra fin, et Barack Obama devra contenir l’inévitable déception pour qu’elle ne se transforme pas un jour en désillusion ». Nous y sommes. Les conservateurs feignent de découvrir la foudre, et les gauchistes impénitents sonnent l’hallali. Comme prévu.

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Ce qui n’était pas prévu en revanche – bien que notre blog en ait maintes fois annoncé les soubresauts – est la forme que revêt ce torrent de boue. Jamais, même sous l’ère Bush, la référence au national-socialisme en général et à Hitler en particulier n’avait à ce point irrigué la verge vengeresse de ces impuissants de la politique. Comme des damnés, ils repoussent chaque jour un peu plus les limites du point Godwin, s’acharnent à débusquer les scories hitlériennes dans l’action d’un pauvre Barack Obama qui n’en demandait pas tant ! La vieille droite raciste et religieuse, les néoconservateurs et les gauchistes complotistes se retrouvent ainsi dans une improbable Internationale de la reductio ad hitlerum, qui achève de démontrer aux indécrottables naïfs la communion de valeurs entre le gauchisme le plus rance et le néoconservatisme le plus égrillard. Et rendons à César ce qui est à César : ce sont des rangs de l’extrême gauche que sont venus les premiers boulets de canon.

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Premier acte. Lyndon LaRouche, extrémiste détraqué qui navigue aux marges d’un parti démocrate qui n’en peut mais et s’échine à l’ostraciser comme un bubon contagieux, a franchi le Rubicon en lançant, avec son comité d’action politique LaRouche PAC, une odieuse campagne représentant Barack Obama affublé de la petite moustache caractéristique. Conspirationniste invétéré, le Thierry Meyssan d’outre-Atlantique brasse depuis plusieurs décennies déjà sa tambouille faisandée au goût amalgamé d’anti-impérialisme, de protectionnisme, de réaction et d’autoritarisme patriotique. Cette fois, c’est la réforme du système de santé du Président Obama qui est, excusez du peu, comparée à une résurgence du programme médical du IIIe Reich ! Et Lyndon LaRouche de philosopher : « C’est vraiment une copie de Néron. Vous pensez peut-être que Néron était une grande figure historique, mais en réalité ce n’était qu’un petit bout de merde occupant une grande position. C’est pareil pour Obama : une petite merde occupant une grande position. Et son ego est proportionnel à cette disproportion ».

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Le 12 avril 2008, en pleine campagne électorale, devant ses partisans des jeunesses larouchistes (WLYM – Worldwide LaRouche Youth Movement), l’âme damnée du conspirationnisme avait déjà tenu des propos racistes d’une rare virulence, rapportés par l’excellent site ConspiracyWatch : « Ainsi, LaRouche compare le mouvement pro-Obama au mouvement hitlérien en trouvant qu’il n’y a aucune différence entre les deux : “There’s no distinction between the mechanism of the Obama movement and the Hitler movement, none !”. Il parle du mouvement pro-Obama comme d’un mouvement fasciste : “The Obama movement is a fascist movement, by any historical standard.” Et d’Obama comme d’un raciste : “I mean : Obama is a racist.” Ces déclarations sont dignes d’intérêt à au moins un titre : elles rendent compte de la rhétorique totalitaire qui consiste à inverser le sens des mots, à utiliser un mot pour son contraire et vice-versa. Bref, l’adversaire de John McCain, celui qui incarne une Amérique multiculturelle réconciliée avec elle-même et qui symbolise précisément l’effacement de la fracture raciale aux Etats-Unis devient un raciste dans la bouche du raciste LA FANGE DE L’AMÉRIQUE SE DÉCHAÎNE CONTRE BARACK OBAMA Lyndon LaRouche. Car LaRouche ne s’arrête pas en si bon chemin. Il explique que le père de Barack Obama était non seulement un mauvais père mais aussi un agent du MI-5, les services secrets britanniques (sic) ; il continue en prétendant que la mère de Barack Obama a couché avec des hommes de tous les continents et a eu plusieurs maris successifs. Et LaRouche de finir en apothéose : « Vous trouverez dans l’ascendance d’Obama, si vous remontez son arbre généalogique, des gens en train d’escalader et de se balancer sur les branches, là – de tous les coins du monde ! De toutes les parties du monde ! Ce type est l’homme universel. Tous les singes dans tous les arbres, de tous les coins du monde, ont pris part à l’acte sexuel qui a produit Barack Obama. Et il travaille pour le crime organisé – qui est une branche des services secrets britanniques ». Prise en étau dans ce climat délétère, l’opinion ne cesse de se crisper, et les incidents se multiplient. Le 18 août dernier, un député de Georgie favorable au projet de réforme, David Scott, a retrouvé son bureau maculé de croix gammées. Deuxième acte. Les conservateurs et les amis de Sarah Palin ne sont évidemment pas en reste. Rush Limbaugh, le crapuleux radio-poubelliste conservateur qui cajole quotidiennement la jobardise redneck d’une Amérique terreuse, par la grâce de laquelle ses banalités de comptoir se transfigurent en un courageux « politiquement incorrect », a également comparé, le 6 août, la manière de gouverner de Barack Obama à celle d’Adolf Hitler. Toute honte bue. Il n’y a pas si longtemps, la bave écumante de cet étron se déposait pourtant avec véhémence sur les petits inconscients gauchistes qui osaient comparer son chouchou W. au maître du IIIe Reich… Autre temps, autres mœurs, sans doute, et les Républicains donneurs de leçons révèlent une fois de plus leur morale à géométrie variable.

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Tout ce que l’Amérique compte de petits blancs racistes, de conservateurs primaires, d’admirateurs de Sarah Palin et de sa philosophie régressive que ne renierait aucun islamiste, de chrétiens compatissants assassinant des médecins avorteurs à l’office et vouant les pédés au bûcher, se retrouve dans la détestation viscérale du « socialiste », voire du « national-socialiste » Barack Obama. « Ils veulent la peau d’Obama », titrait le 9 août dernier un article du Matin, repris par l’excellent Slate. Et l’article de détailler : « Depuis son élection, le Président américain reçoit environ 30 menaces de mort par jour. Cela représente une augmentation de 400% par rapport à l’époque où George W. Bush était en fonction ! « Je vais assassiner le président des Etats-Unis. Vous avez 48 heures pour m’en empêcher ». L’auteur de ce courriel, envoyé à la Maison-Blanche le 12 janvier, a été condamné il y a une semaine par un tribunal de Denver. Pour avoir menacé Barack Obama, Timothy Gutierrez, 21 ans, devra passer quatre ans en liberté surveillée, dont 10 mois de détention à domicile. LA FANGE DE L’AMÉRIQUE SE DÉCHAÎNE CONTRE BARACK OBAMA Aux Etats-Unis, ils sont des dizaines de milliers à vouer, comme lui, une haine viscérale au président. Reste à savoir qui sont ces citoyens qui haïssent Obama au point de vouloir sa mort. Le politologue Daniel Warner esquisse un portrait-robot : « Celui qui envoie des lettres de menaces est généralement un marginal, originaire d’un Etat rural. Il déteste le président parce que c’est un Noir, un démocrate, un intellectuel et un personnage cosmopolite. Obama incarne tout ce que rejette l’Amérique profonde ». Pour Romain Huret, professeur d’histoire à l’Institut d’études politiques de Paris, ceux qui en veulent à la vie d’Obama se subdivisent en trois catégories : les défenseurs de la suprématie blanche, les militants ultraconservateurs et les miliciens : « Tous ces groupes se confondent dans une même détestation de l’étranger, des Noirs et des démocrates. Ils forment une sous-culture politique très marginale, mais inquiétante ». En marge des grandes organisations conservatrices, il existe une multitude de groupuscules ultraréactionnaires, qui agissent à l’échelle locale : « Forts de quelques dizaines ou quelques centaines de membres, ils s’organisent autour d’une cause bien précise, que ce soit l’interdiction de l’avortement ou le droit au port d’armes », analyse Romain Huret. Ces organisations, qui accueillent bon nombre de militaires à la retraite, se bornent généralement à envoyer des pétitions aux élus locaux. Mais leurs actions peuvent être plus violentes. Plus inquiétants sont les militants de l’extrême droite américaine : les membres des milices. Très hostiles au gouvernement fédéral et partisans farouches du droit à l’autodéfense, les miliciens sont actifs notamment lors des foires aux armes, poursuit Romain Huret. Et l’historien d’évoquer un inquiétant autocollant qu’on peut trouver aujourd’hui sur les stands de ces foires, et qui associe le nom d’Obama à celui de deux présidents assassinés : « D’abord Lincoln, ensuite Kennedy, maintenant Obama ».

Les héritiers spirituels de George W. Bush ont déjà de la merde plein la caboche. Auront-ils bientôt du sang sur les mains ? POUR EN SAVOIR PLUS (CLIQUEZ SUR LA BANNIÈRE)
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