Magazine Humeur

Sauce Rochelaise sur tarte à la crème

Publié le 29 août 2009 par Jlhuss

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Martine Aubry aurait donc concocté une sauce pour faire digérer la tarte à la crème des discussions à gauche : la primaire ouverte ?

Même Laurent Fabius, longtemps très réticent, s’y rangeait («Il est devenu inévitable que ce ne soient pas simplement les militants socialistes mais un ensemble beaucoup plus vaste, disons des gens de gauche, qui votent pour le prochain candidat») , Bertrand Delanoë était prêt à signer une pétition dans ce sens. Nous rappellerons pour mémoire l’extraordinaire forcing du sémillant avocat, Arnaud Montebourg n’hésitant pas, dans un ample mouvement de manche dont il a le secret, à remettre en cause son appartenance au PS dans le cas d’un abandon de cette procédure pour désigner le candidat opposé à Sarkozy en 2012. Effet de manche éphémère, tant il est vrai que dés le lendemain il se montrait moins péremptoire quant à son éventuelle démission du parti : « vous verrez bien …»

On a vu ! Toutes ces agitations préliminaires ont été prestement balayées par le discours inaugural de la première secrétaire à La Rochelle. Désirant trois jours sereins en Poitou, elle a frappé fort d’emblée pour dégonfler le buzz. Quelques discours vengeurs sont à refaire ou à rengainer !

aubry2.1251493025.jpgCelui de Martine fut offensif : Elle annonce un vote militant sur la rénovation du parti le 1er octobre prochain. Des questions précises seront posées et cinq thèmes plus particulièrement soumis au vote:
- Le mandat unique des parlementaires. (pas rien!)
- Des primaires ouvertes pour designer le candidat socialiste. Tout en précisant, «Qui vous dit que nous aurons besoin d’un seul candidat pour gagner?» (l’ambiguïté)
- Inscrire partout la parité dans toutes les instances.
- Créer une charte d’éthique, avec une commission d’éthique, pour garantir un «civisme interne». (Mais Valls a aimé!)
- Des règles pour faciliter les adhésions et les procédures internes. (C’est parti pour 10 euros !)

Elle déclare, plus précise, que les primaires ouvertes pour désigner le candidat socialiste à la présidentielle de 2012 se tiendraient «sûrement au premier semestre 2011» ajoutant, «Nous déciderons des modalités tous ensemble», et il faut discuter avec «toutes les forces de gauche» et «non pas en décidant nous-mêmes à la place des autres». Formule admirable qui renvoie de facto les choses aux oubliettes … Car s’il est sûr que la proposition de primaire ouverte gagnait du terrain au PS; il est non moins certain qu’à gauche, nombreux sont encore ceux qui ne se laissent pas séduire par cette mode et ce nouveau concept : Jean-Luc Mélanchon et les partisans de son parti « la gauche »,le NPA et le PC ; les verts étant toujours et encore en réflexion.

2009_02_04_melenchon_inside.1251494154.jpgOn peut comprendre les arguments de ces opposants à la nouvelle idée. Il faudrait en effet bien définir l’emprise partisane pouvant concernée cette primaire ; et l’on voit alors immédiatement surgir le spectre du Modem ou pas Modem. Ce parti de droite, certes en opposition à Sarkozy, mais de droite tout de même, serait-il concerné par ce mode de désignation ? Dans une telle hypothèse il ne s’agirait plus d’une primaire à gauche mais d’une primaire chez les « anti-sarko » : combinaison purement conjoncturelle et non structurante. Il faudrait aussi valider l’hypothèse que l’ambition d’un Bayrou accepte la suprématie d’une désignation qui ne serait pas la sienne.

bayrou.1251494319.jpgEnsuite comme le souligne Mélanchon, il devient urgent de connaître plus précisément la position des uns et des autres sur des thèmes tels que : la retraite à 60 ans, la fixation d’un salaire maximum, l’élévation du salaire minimum, la relocalisation des entreprises et la réduction du commerce international … j’en passe et des meilleurs.

Ces questions très idéologiques n’étant pas tranchées, la désignation risque de se faire sur un plus petit dénominateur commun, un programme « mouchoir de poche » conçu pour ne pas froisser les différentes sensibilités, dans lequel il sera difficile de dégager des lignes alternatives véritablement mobilisatrices. Pourtant, comme le souligne à juste titre le même Jean-Luc Mélanchon « une élection se gagne par des dynamiques et pas des procédures administratives ».

Martine Aubry a pu sembler jouer «fine». Elle accepte la primaire ouverte en l’affublant d’emblée des conditions de son échec; elle ne repousse pas Bayrou mais lui demande de venir la corde au cou et elle en profite pour bien effrayer ses barons récalcitrants, s’appuyant sur les militants pour menacer d’une rénovation du PS “de A à Z”, de non-cumul absolu des mandats et de «la parité absolue à tous les niveaux» … Dangereuse l’artiste : Je parierais bien que ses jours à la tête du PS sont comptés.

juppe_alain.1251495238.jpgL’exemple du rassemblement à droite naguère (UMP), est à méditer.

Juppé le réalisa, Sarkozy s’en empara pour gagner. Mais à l’époque, les différentes formations qui le composent maintenant, ne  savaient plus quoi inventer pour se «distinguer». Les différences véritables entre l’UDF, le RPR, le CDS, les Radicaux devenaient indiscernables par le plus grand nombre et tout se résumait en querelles de clochers. Ces conditions ne sont pas remplies actuellement à gauche ou les divergences idéologiques ne sont pas minces. Certains allant même jusqu’à écrire (dans Libération , sous le titre “grande alliance”) :

Qu’on l’appelle «Rassemblement démocratique, écologiste et social» comme Daniel Cohn-Bendit, ou «Grande Alliance» comme Laurent Joffrin, ce machin, qui prétendra faire suite à l’Union de la gauche ou à la Gauche plurielle, ne fait même plus semblant d’invoquer quelque chose de gauche, ne fût-ce que dans son intitulé. Et pour que les choses soient bien claires, tout ce qui se réclame encore de la gauche ou de l’anticapitalisme y est désigné comme pestiféré.»

On ne peut guère faire mieux en terme de divergences.

A l’époque de la fondation de l’UMP, nous savons que la fusion ne fut ni indolore, ni facile; elle laisse encore quelques traces. Mais prenant acte de leurs «identités» de plus en plus proches ces partis firent l’impasse de l’égo pour gagner. Il y avait également des enjeux financiers non négligeables. Certains sont restés un peu sur le bord du chemin, trop attachés à un passé plus enthousiasmant pour eux, mais il est indiscutable que cet effort fut «payant» en terme de résultat partisan


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