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Cure et jeûne: miracle ou danger?

Publié le 31 août 2009 par Marieclaude

Que sont les toxines?
«Les toxines, ce sont tous les composés auxquels notre corps est exposé qui peuvent avoir un effet négatif sur lui», explique Olivier Barbier, professeur et chercheur en régulation du métabolisme du foie au département de pharmacie de l'Université Laval.
D'où viennent-elles?
Notre corps fait face en tout temps à une quantité phénoménale de toxines. Elles proviennent de notre alimentation et de l'environnement... Il en produit même lui-même. «Chaque cellule de notre organisme est une mini-usine qui fabrique de l'énergie, mais qui génère aussi des déchets», illustre Olivier Barbier. Ainsi, la digestion des protéines produit l'urée, une molécule toxique éliminée par les reins dans l'urine. C'est tout à fait normal: on ne peut pas digérer sans produire des toxines à éliminer.
Sur le plan environnemental, nous sommes exposés à l'air pollué et aux émanations toxiques produites par les industries ou la combustion du pétrole: benzène, dioxines, toluène et dioxyde d'azote, sans compter les composantes toxiques de la cigarette, auxquelles s'exposent les fumeurs.
Il y a aussi les pesticides. Même si 99 % des fruits et légumes étaient conformes aux normes de résidus chimiques en 2005-2006 au Canada, nous en mangeons, et pas seulement dans les végétaux. Selon Olivier Barbier, plusieurs études montrent qu'«il y aurait une relation entre la quantité de gras qu'on mange et l'absorption de pesticides». Il arrive, lors d'un empoisonnement alimentaire par exemple, que des micro-organismes comme les salmonelles libèrent des toxines qui nous rendent malades.
Comment l'organisme réagit-il?
Notre principal allié dans la détoxication, c'est le foie, par lequel passent les toxines en circulation dans le sang et à l'intérieur duquel des enzymes les traitent en plusieurs étapes. Elles sont d'abord inactivées, puis leur structure est changée pour les rendre solubles dans l'eau. À leur sortie du foie, selon leurs caractéristiques, elles sont évacuées dans l'urine ou par la bile puis les selles. Le foie élimine aussi l'alcool, les médicaments et même les hormones que notre organisme produit.
Les reins sont aussi d'importants organes excréteurs de toxines. En filtrant le sang, ils éliminent une bonne partie des métaux qui y sont présents, en plus des substances traitées par le foie. Les poumons, de leur côté, expulsent les substances volatiles toxiques. Par exemple, lorsqu'on a respiré un gaz ou une vapeur toxique, le sang s'en décharge par la respiration. La sueur? C'est «une voie très mineure d'excrétion, précise Claude Viau, toxicologue, titulaire de la chaire en analyse et gestion des risques technologiques et membre du Groupe de recherche en toxicologie humaine, de l'Université de Montréal. Les toxines peuvent-elles s'accumuler?
«Normalement, non. L'organisme les traite à mesure», explique Olivier Barbier. Toutefois, certaines parviennent à s'incruster. Ainsi, le plomb se loge dans les os, le cadmium dans les reins, le mercure, les BPC et les pesticides dans les graisses. Si le plomb est aujourd'hui, grâce à la disparition de l'essence qui en contenait, de trois à quatre fois moins présent dans l'environnement, le cadmium fait toujours partie de la vie des fumeurs (la fumée de cigarette en est la principale source). Quant aux pesticides, ceux qu'on utilise de nos jours «ont une durée de vie dans l'organisme qui est beaucoup plus faible que ceux de la première génération comme le DDT, note Claude Viau. Comme ils se détruisent au contact de l'air ou de la lumière, les résidus éventuels sur les fruits et légumes ont généralement une durée de vie relativement courte.»

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Est-ce dangereux?
C'est la dose qui fait le poison, rappelle Claude Viau. Tout est question d'exposition. «Monsieur et madame Toutlemonde, s'ils ne sont pas des travailleurs industriels spécialement exposés par exemple, vivront toute leur vie normalement et mourront avec un peu de plomb dans leurs os, un peu de cadmium dans leurs reins et des pesticides dans leurs graisses sans qu'il y ait eu d'effet notable», tempère-t-il.
Comment le corps élimine les toxines?
Quelques toxines peuvent sortir par la sueur, mais c'est très marginal. «À tout moment de la journée, des toxines circulent dans notre sang, et l'organisme s'ajuste constamment pour les évacuer de manière optimale, poursuit Olivier Barbier. Même si on sait que le foie est spécialisé dans cette tâche, on a de plus en plus de preuves que chaque cellule du corps, pas seulement celles du foie, serait équipée pour éliminer les toxines.»
Comment fonctionnent les produits de détox?
La plupart sont un mélange d'extraits de plantes à prendre sous forme de capsule. Les plantes agiraient sur le foie, les reins ou les intestins pour stimuler l'élimination des toxines. Parfois aussi, il s'agit de jeûnes et de traitements d'irrigation du côlon.
Et c'est efficace?
«Il est impossible de se prononcer là-dessus puisque aucun essai clinique ou étude probante n'a été réalisé sur les cures de détox», répond la Dre Sylvie Dodin, titulaire de la chaire d'enseignement et de recherche sur les approches alternatives de l'Université Laval.
«L'efficacité de certaines plantes a été démontrée, mais pas selon le principe de cure, nuance Jean-Yves Dionne, pharmacien consultant en produits naturels. La grande difficulté avec les plantes, et surtout avec les cures qui en contiennent plusieurs, c'est qu'on peut difficilement déterminer quels composés sont actifs. Ce n'est pas comme en médecine traditionnelle, où on ne teste qu'un élément à la fois.» Est-ce possible de déloger les toxines tous les jours? Comment?
«Aucune évidence scientifique ou médicale n'appuie cette possibilité», répond le Dr Peter Pressman, spécialiste en sciences nutritionnelles et médecin de médecine interne au Centre médical Sinai-Cedars à Beverly Hills, en Californie. Jean-Yves Dionne souligne qu'il a déjà été démontré que l'utilisation à long terme du chardon-marie peut diminuer la concentration de pesticides dans le sang. «Mais ce n'est pas une cure de quelques jours qui fera un miracle!» ajoute-t-il.

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La détox nuit-elle à notre santé?
Certaines cures sont des tord-boyaux! dénonce Jean-Yves Dionne. J'ai ramassé trop de monde avec des crampes au ventre, des douleurs et des hémorroïdes après avoir utilisé des produits populaires trop forts.
Il faut éviter les laxatifs stimulants comme le séné, le cascara, la bourdaine, la racine de rhubarbe et l'huile de ricin, qui irritent la muqueuse intestinale. Un cardiaque, chez qui le taux de potassium est vital, ressentira de la fatigue ou développera même une arythmie à la longue. Et le radis noir, qui agit sur le foie pour provoquer la sortie de la bile, peut aussi causer des crampes. Quant à la question des interactions avec les médicaments, peu de cas sont rapportés. Il faut vérifier avec le médecin ou le pharmacien, surtout pour les anticoagulants (comme le Coumadin).»
Ce qui est inquiétant, ajoute Olivier Barbier, c'est que ce soit en vente libre sans contrôle médical. Comme pour tous les médicaments, il faut que ce soit fait dans un environnement contrôlé. Si certaines plantes peuvent avoir un effet bénéfique, il reste que ce qui est offert sur le marché, ce sont des dosages et des mélanges de plantes uniques qui ne saurait convenir à tout le monde, car on n'a pas tous le même métabolisme.
Si vous stimulez un processus de détoxication qui implique des milliers de molécules, vous ne pouvez pas savoir quelles conséquences cela aura sur l'organisme.» Il souligne aussi que, si l'on prend des produits qui stimulent le traitement des toxines par le foie, on ne doit pas oublier qu'on stimule aussi l'élimination des médicaments, des hormones et d'autres composés qui sont nécessaires à l'organisme.
Que penser du jeûne?
«Non seulement ça ne nettoie pas, mais ça met le corps en état de choc!» répond la nutritionniste Nathalie Jobin, directrice de la nutrition et des affaires scientifiques chez Extenso, un centre de référence sur la nutrition humaine de l'Université de Montréal.
Dans les cures de détox, le jeûne proposé consiste souvent à prendre des jus de fruits et légumes, beaucoup d'eau, et des fibres comme le psyllium pour donner une impression de satiété. C'est insuffisant pour combler les besoins énergétiques du corps. «Ce n'est pas un grand ménage, on met seulement le système digestif au repos, analyse Nathalie Jobin. On se sent mieux, moins ballonné, mais c'est juste parce que, la plupart du temps, on mange trop et à des heures irrégulières, ce qui fait que notre système digestif n'est pas dans un état de bien-être.»
Attention: un blitz de fruits et légumes ne suffit pas à rattraper le temps perdu: «Si on n'en mange pas suffisamment tous les jours, le fait de ne manger que ça pendant une semaine ne rétablira pas le manque qu'on a eu pendant l'année», ajoute-t-elle. De plus, le corps n'a pas besoin d'être «mis au repos», selon le Dr Pressman. «Nos cellules et nos organes sont faits pour fonctionner et ils sont dans leur état normal quand ils sont au travail», précise-t-il. Pour ou contre l'irrigation du côlon?
Entre le discours des naturopathes, celui des médecins et les témoignages allant du cauchemar au traitement miracle, pas facile de trancher.
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Aussi appelé hydrothérapie du côlon ou lavage du côlon, ce traitement vise à vider le contenu du gros intestin. On injecte de l'eau par une canule insérée à 5 cm dprofondeur dans le rectum. puis on stimule l'évacuation d'eau par des massages du ventre.
Pourquoi le faire? «Il y a autant de raisons que de clients, explique Jocelyne Varin, hygiéniste du côlon et naturopathe, mais plusieurs veulent soulager la constipation. Ça redonne du tonus à l'intestin. Ça accompagne aussi les cures du foie et les jeûnes pour éliminer les toxines.» Mme Varin explique que le système digestif est vu comme un tout en naturopathie et que libérer le côlon pourrait aider le foie à faire son travail de détoxication.
Par contre, le gastro-entérologue Pierre Paré, du Centre hospitalier affilié universitaire de Québec, pavillon Saint-Sacrement, croit qu'«il n'y a pas de raisonnement scientifique et médical qui recommande les irrigations du côlon. Je ne ferais pas ça à ma famille. J'ai vu plusieurs patients déçus par un tel traitement.» Aucune étude publiée dans une revue scientifique reconnue ne montre l'utilité ou l'efficacité d'un tel traitement.
De plus, il existerait toujours un risque de perforation du côlon par l'insertion d'une canule et la pression de l'eau, pouvant entraîner une grave infection dans la cavité abdominale. Les toxines, même si elles transitent par le côlon, n'y sont pas absorbées; donc, nul besoin de le vider pour l'empêcher de s'intoxiquer. «C'est une dépense inutile. Et il est surtout important que les gens n'adoptent pas cette pratique tout en interrompant un traitement médical utile et nécessaire», poursuit le Dr Paré. Quelles sont les conséquences des excès comme l'alcool ou la cigarette?
Si le foie est submergé de travail, il fait le plus urgent en premier: mettre les toxines hors d'état de nuire. L'élimination complète se fait ensuite progressivement. «Si on a fait des excès de table, on essaie de rééquilibrer le tout après. On a juste à manger plus léger, à inclure plus de fruits et légumes dans notre alimentation et à éviter les aliments trop gras, les desserts et les boissons alcoolisées, suggère Nathalie Jobin. On n'a pas besoin d'aller dans l'extrême du jeûne. En faisant plus d'exercice et en prenant des plus petites portions aux repas, on peut y arriver. Malheureusement, on joue souvent dans les extrêmes. Si on était tout le temps un peu plus dans le milieu, ce serait mieux.»
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L'essentiel à retenir
Les experts s'entendent: le meilleur moyen de réduire les toxines dans notre organisme, c'est d'abord de réduire notre exposition.
Qu'est-ce qu'un toxicologue comme Claude Viau fait pour se tenir le plus loin possible des toxines? «Je lave mes fruits et légumes. J'évite le barbecue, car ce mode de cuisson génère des substances chimiques dont certaines sont cancérogènes. J'évite les aliments dont la teneur en gras est trop élevée parce qu'il peut y avoir des résidus de substances toxiques solubles dans leurs graisses. J'essaie d'avoir une alimentation saine et je ne me mets pas le nez dans le tuyau d'échappement de mon automobile!»
On évite la cigarette, ou au moins on ne la mélange pas avec l'alcool puisque cela favorise l'entrée et le stockage des toxines dans les graisses.
Le plus important? Garder une bonne moyenne au bâton dans ses habitudes de vie: une alimentation équilibrée, de l'eau en quantité, et suffisamment d'exercice et de sommeil.On garde ainsi notre organisme en forme et capable de faire face aux toxines. Ce sont les bonnes pratiques quotidiennes qui déterminent la santé, d'autant plus que «c'est difficile de corriger sur un court laps de temps des problèmes qui s'étalent sur de longues périodes», conclut Olivier Barbier.
Bonne journée,

Marie claude

ref: coup de pouce .com


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LES COMMENTAIRES (2)

Par mathurin
posté le 25 avril à 10:43
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Merci de la leçon! Mais peu de vraie information! un large étalage des raisonnements médico-expertistes révélant l'empirisme et l'impuissance de la médecine concluant à ne pas faire grand chose. Pourtant loin de faire application de ce sage précepte, la médecine ne se prive pas d'intervenir et assure largement sa prospérité en faisant un des rares secteur d'activité si florissant. Les humains comme tousleurs prédécesseurs vivant sur terre ont forcément étés adaptés au jeune, les autres n'ont pas transmis leurs gènes. Quant à la puissance des molécules et l'inconnu des interactions, les records sont battus par la chimie industrielle de la pharmacie. Ceci pour une meilleure pondération.

Par Hélène
posté le 09 septembre à 21:33
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Alors ces gens qui écrivent ça sont des gens normaux, des diététiciens, des nutritionniste, des médecins et pharmaciens FINANCÉS par des laboratoires , alors forcément c'est mauvais de faire un break à son corps;

Oui c'est bien gentil de manger sainement et en quantité raisonnable, je suis totalement d'accord mais, dans notre civilisation occidentale, nos coutumes alimentaires ne sont pas les meilleures et quand on regarde les pesticides et le traitement des animaux, et bien il y a une dose surélevée de toxines. Donc le corps ne suit plus, on les accumulent et on attrape une maladie + facilement. C'est drôle dans cet article il ne parle a aucun moment du bio.

Ces gens ne connaissent pas les méthodes alternatives de la santé; la preuve ils critiquent la médecine par les plantes soit disant car on ne connait pas la dose du concentré actif;et bien au lieu de consommer un complément alimentaire concentré en radis noir, et bien mangeons du radis noir dans nos repas! Et l'homéopathie alors!

Et puis un jeûne ou une cure cela fait un choc au corps si on arrête brusquement. si on se prépare, le corps l'accepte volontiers .On a bien un jour de repos par semaine, pourquoi pas notre corps?

Et puis dans cet articles on parle toujours :"le physique", le "scientifique", les chiffres. Mais il n'y a pas que ça, il y a l'esprit, la philosophie, le mental, la volonté, la psychologie, l'entourage qui jouent et qu'il faut prendre en compte. Et oui nous sommes humains, nous avons une âme et nous ne sommes pas des machines a qui il faut donner TANT de gramme de protéines, TANT de grammes de glucides,.... Nous sommes tous différents, mais tous humains. Nous avons UNE vie et une seule. C'est l'occasion de s'explorer, de se connaître soi même , de savoir qui ont est, et d'être ami avec son corps!

Et pourquoi tant de personnes s’intéressent et pratiquent les méthodes natures et alternatives de santé? parce que ce sont des méthodes ancestrales qui ont prouvé leur efficacité : nos grand-mères les utilisaient, encore en afrique aussi, les indiens,.... oui, tous leurs coutumes et leurs rituels ne sont pas là pour décorer, mais ça les occidentaux et les gens modernes, pour ça, ils ont tout faux et ils n'ont rien compris. Des personnes qui ont guéri après une cure ou un jeûne, j'en connais et il y en a un bon nombre mais les "gens normaux, les diététiciens, les nutritionniste, les médecins et pharmaciens FINANCÉS par des laboratoires et l'Etat" font la sourd-oreilles, voilà tout!

Ouvrez vos oreilles, instruisez vous, lisez Pratiques de Santé,...... Ne restez pas sans rien faire, à vous laissez dépérir ou à ne pas aider votre "voisin", cela pourrait être pris comme une infraction de non assistance à personne en danger !

A méditer sérieusement

Hélène

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