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Le spectacle continue au PS

Publié le 01 septembre 2009 par Vogelsong @Vogelsong

Les esprits chagrins pointent la propension à juger du verre à moitié plein. Les primaires au PS ou à gauche, ou dans le camp d’en face se profilent. L’intention est louable, les efforts colossaux. Ce qui marche pour N. Sarkozy et sa légion silencieuse laisse toujours un goût d’inachevé à gauche. Les “opposants” au leader conservateur sont en mouvement, enfin. En place pour un grand show sanglant. Les hiérarques du parti présidentiel vont pouvoir contempler et boire du petit lait. Dans l’attente d’achever d’hypothétiques survivants.

TN
Il n’est pas trop tôt pour penser à l’échéance primordiale de 2012. Pour les poujado-conservateurs, les choses sont entendues. On ne change pas une marionnette qui triomphe. C’est humain. Compte tenu des enjeux économiques, mégoter même une victoire crasse serait déraisonnable. Le script semble acquis, les Français finalement friands de dynasties vont avoir leur polichinelle. Le reste (valeur travail, pragmatisme économique, sécurité…) n’est que littérature et packaging.

Devant ce néant, la gauche de gouvernement rejoue un spectacle dont elle seule connaît les ficelles. Une tragédie maintes fois ressassée, maintes fois interprétée. O. Ferrand du “think tank” Terra Nova monte le nouvel opus. Diplômé d’HEC, énarque et haut fonctionnaire, il présente son projet de primaires à gauche comme un choix clair entre “H. Emmanuelli ou B. Hamon et E. Valls“. Et pourquoi pas entre “S. Royale ou D. Strauss-Khan* et L. Blum” tant qu’il y est ? Mettre fin à la crise de leadership en poussant dans l’arène les hypertrophiés de l’égo. Et trancher, pour soulager ce corps politique stérile et sclérosé. L’ancien conseiller de L. Jospin travaille ardemment à la création d’une alliance “arc-en-ciel”. Le conseiller au grand emprunt mandaté par N. Sarkozy s’inspire de l’expérience magnifique de R. Prodi*. La stratégie de recentrage par l’exercice démocratique est en marche.

La perspective de nouveaux psychodrames au PS est saluée par les médias avec entrain. Le PS est un sujet inépuisable d’articles au vitriol et de bons calembours. Et psychodrame, il y aura. On reprend les mêmes (qu’à Reims), en y ajoutant les quadras et d’autres, si l’on s’en tient à la parole de M. Aubry. Chacun croit en sa bonne étoile. Conscient qu’il est médiocre, mais lucide sur l’absence de géants en lice. Les factions échafaudent en catimini des scénarii victorieux pour leurs champions. Une paix armée s’instaure en attendant le massacre.

Lors du congrès de Reims, la S. Royale, seule, avait rassemblé la moitié (et plus pour certains) des militants. Cette base paraît suffisante pour asseoir son avance sur les sympathisants de gauche. Son positionnement anti-système PS pouvant lui servir de sérieux argument.

Pour éliminer la présidente du Poitou-Charente, l’appareil du parti mise sur ces mêmes sympathisants. Tempérer l’engouement en interne de S. Royal par une frange des électeurs “de gauche” bien plus rétifs à recommencer l’expérience de 2007. En effet, les enquêtes d’opinion donnent D. Strauss-Khan en tête des candidats les plus sérieux pour battre N. Sarkozy. Au PS, les prophéties auto-réalisatrices sondagières pourraient servir les ambitions du directeur du FMI. Beaucoup y pensent, en particulier les instigateurs du processus de primaires. Seul subsiste un contre temps dû à ces responsabilités internationales que l’ancien ministre négociera sans mal.

La direction du PS annoncera les modalités du scrutin à l’automne. La danse macabre pourra alors commencer. Avec un ressentiment et une haine tels que les uns pensent éradiquer, impitoyablement, définitivement les autres.

Ensuite, le MODEM, et les verts entreront dans la mêlée. À moins que F. Bayrou ose d’emblée. En septembre 2007, J. Dray avait évoqué l’hypothèse d’une OPA de l’ancien ministre balladurien sur la gauche. Cela avait beaucoup amusé son auditoire…

Que cela se fasse sur une primaire, lors d’alliances ou au second tour de la présidentielle, chacun pense, surtout en jaugeant les autres, qu’il peut être le leader de l’opposition. Derrière les déclarations, les leaders ont en tête des hypothèses pour appliquer le baiser de la mort à leurs (ex-)partenaires.

Au mois d’août 2009, l’euphorie d’une initiative (comme les primaires) à gauche cache les prémices d’une séquence sanglante. Une faction aura le droit d’exister. Toutes les autres accumuleront encore des rancoeurs. Les fabiusiens, strauss-khanien et autres aubrystes mettront-ils encore toutes leurs forces pour soutenir S. Royal dans une campagne électorale si elle vire en tête ? Et la réciproque ? Le Nouveau Centre présentera un candidat, combien d’électeurs du MODEM se réfugieront (en cas de frustration) dans ce vote conservateur ? Quid des candidatures sauvages ?

Discréditer toute démarche “positive” à gauche, comme les primaires est un exercice facile. Cette initiative permet, il est vrai, l’amorce d’un mouvement. Personne ne battra N. Sarkozy en demeurant statique. Personne ne battra N. Sarkozy en se présentant lessivé par des luttes intestines. À gauche chaque initiative se transforme en mauvaise solution. L’exercice consiste alors à choisir la moins pire en tentant de limiter les écueils. Le recentrage issu d’une élection primaire annonce de belles empoignades programmatiques et idéologiques. Un boulet que traîne la parti socialiste et dont il n’est pas prêt de se défaire.

*dont O. Ferrand fut (aussi) conseiller (D.Strauss-Khan pendant les primaires 2006, R. Prodi, L. Jospin, une belle collection de gagneurs)

Vogelsong – 31 août 2009 – Paris


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