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A ma copine qui ne comprend pas que je puisse lire (et aimer) Frédéric Beigbeder

Par Noalita

Tout d'abord, je n'ai pas lu tout Beigbeder, j'ai lu "99F" et "Windows of the world". J'ai beaucoup aimé ce dernier (à mon avis son meilleur roman), pas du tout le premier.
Et puis dimanche dernier, gare de Lyon, en attendant de voir apparaître le numéro de quai du TiGiVi direction chez moi, je suis entrée dans un Relay, j'ai lu les premières lignes d"Un roman français" et je l'ai acheté, j'avais envie de savoir la fin...

A quoi reconnait-on un bon livre ? Je ne sais pas. Pas de règles en la matière, pas de dogme. Juste le feeling. Marc Levy me tombe des mains, Amélie Nothomb me gonfle et j'ai adoré le très sirupeux "Ensembles c'est tout" d'Anna Gavalda. Un bon livre, c'est peut-être celui que je lis d'une seule traite. Un qui m'embarque, qui me happe et me touche malgré ses défauts. Cette autobiographie de Frédéric Beigbeder m'a embarqué, happé et touché. Malgré ses défauts, ses blagues à deux balles et sa narration parfois un peu chaotique.  J'y ai trouvé beaucoup d'humanité, de simplicité et de cynisme. Ca m'a plu. Touchant et agaçant. Agaçant et touchant.

"un homme pris le nez dans le sac des ses contradictions".


C'est l'histoire d'un mec qui se fait une ligne de coke sur le capot d'une voiture, une nuit en plein Paris et qui, pour ce délit, va passer 2 jours en garde à vue dans un bouge infect du commissariat du 8ème.


"...quand on enferme quelqu'un dans une niche de très petite taille, il gamberge affreusement, il tente en vain de repousser la panique... J'aurais donné n'importe quoi pour un livre ou un somnifère. N'ayant ni l'un, ni l'autre, j'ai commencé d'écrire ceci dans ma tête, sans stylo, les yeux fermés. Je souhaite que ce livre vous permette de vous évader autant que moi, cette nuit-là."

J'ai aimé parcourir ce récit, celui de son enfance perdue de jeune écolier bien né, timide et rebelle. J'y ai trouvé un peu beaucoup de moi, de mon enfance, aussi. De cette enfance de petite française plutôt bien née, dans une France d'avant 68 et dont je ne gardais, moi aussi, que très peu de souvenirs. Et pourtant... Je me suis souvenue que j'appelais moi aussi mon grand-père "bon papa", que j' écoutais le 33t du Petit Prince dit par Gérard Philippe tout pareil, que j'avais une raquette de tennis Donnay et un prof très bronzé, en short blanc qui nous entraînait le dimanche, mes cousins et moi (en rang d'oignons de l'autre côté du filet), à exécuter un service parfait; que je faisais des parties de mille bornes avec ma grand-mère, enregistrais mes chansons préférées sur cassettes audio BASF ou Maxell Chrome, et regardais les shadoks pomper à la télévision, entre un our Colargol qui rime en fa, en si, en sol et une gaine 18 heures de Playtex. Cette époque qui m'échappe, et où nous roulions sans ceinture de sécurité, mes parents la clope au bec, où le divorce était tabou, où tout le monde baisait sans capote et où certains films, interdits aux enfants, avaient un carré (qui était un rectangle) blanc en incrust en bas à droite de l'écran de télévision familial.


"la grande différence entre mes parents et moi : dans leur jeunesse les libertés augmentaient ; durant la mienne, elles n'ont fait que diminuer, année après année."

Mes parents, contrairement aux siens, n'ont jamais divorcé. Lui en a beaucoup souffert. Moi aussi. Je crois même pouvoir écrire maintenant que ce fut leur pire décision. Rester ensemble. Pour ne pas traumatiser les enfants. Comme quoi... les enfants ne sont jamais contents.

Caroline, une amie, me répète souvent, quand j'ai tendance à faire ma chipoteuse : " Allons, il faut donner sa chance au produit !" "Un roman français" mérite qu'on lui donne sa chance. Je trouve. Prise dans mon élan de "je lis les têtes de gondole qui passent à la télé", j'ai attaqué, sur les conseils de Romain Blachier, "Quelque chose en lui de Bartleby" de Philippe Delerm (qui a bien senti d'où venait le vent). Petit résumé : Arnold Spitzweg, un employé de bureau discret jusqu'à l'effacement cède à la modernité sans renier ses principes. Il crée son blog. Y fait l'éloge de la lenteur, décrit l'inclination naturelle à la paresse et devient célèbre. Forcément, ça ne peut que me plaire ?!? A voir.

A ma copine qui ne comprend pas que je puisse lire (et aimer) Frédéric Beigbeder

crédit illustration : Amazon


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