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Sous le masque des apparences

Publié le 02 juin 2009 par Livmarlene
Sous le masque des apparences
"L'habit ne fait pas le moine." Qui ne connaît pas le proverbe... Mais pour autant, qui pourrait affirmer ne s'être jamais laissé abuser par ce qui semble être ?
Pas bien différente de la foule, j'ai pris hier soir en pleine figure la preuve de ce que l'on peine toujours à croire : les gens ne se limitent pas à ce que l'on voit d'eux. Imaginez plutôt. Une salle de spectacle je jazz, une demi douzaine de groupes amateurs, supervisés par leur professeur, qui se produisent pour le plaisir dans une ambiance chaleureuse, devant un public nombreux.
* * * Au premier rang, près de l'entrée de scène, je suis aux premières loges pour observer les préparatifs. Et parmi les musiciens du troisième groupe, je remarque immédiatement un personnage qui ne cadre pas dans le décor : une femme, la bonne cinquantaine liftée, lèvres siliconées, silhouette à l'évidence maîtrisée par une bonne dose de gym hebdomadaire et une alimentation étudiée. Elle porte un jean slim délavé, des petites baskets et un T-shirt blanc pourvu d'un grand motif noir indéfinissable. Les gens qui l'entourent sont des jeunes, ou un peu moins d'ailleurs, mais ils ont cette allure bohème des artistes dans l'âme. Irrésistiblement attirée par ce qui se trame, je néglige un peu le groupe qui se produit sur scène. Celui-ci laisse la place et là, plus de doute possible : celle que j'appellerai désormais ma quinqua est la guitariste du groupe. Et quand c'est à son tour de se la donner en solo, elle se tortille comme Slash au temps du firmament des Guns and Roses. Elle ferme les yeux et fait la moue de sa bouche artificiellement pulpeuse à chaque coup de médiator donné sur les cordes de son instrument. Je n'en crois pas mes yeux. Les amis qui m'accompagnent non plus.
* * * Contre toute attente, cette femme que j'aurais jugée superficielle si je l'avais simplement croisée dans la rue, avec son visage tout tiré et sa coupe ultra fashion, c'est bien elle la star du moment. Elle peine à jouer, ses variations sont approximatives pour ne pas dire très médiocres, mais c'est une évidence : elle est aussi habitée par la musique qu'Amy Winehouse par l'esprit de vin !
Pour quelques minutes, au diable la course contre e temps qui passe, au diable ce qu'en penseront les autres, cette femme ose montrer la passion qui est en elle, les efforts qu'elle y consacre et le plaisir qu'elle prend à faire partie d'un groupe.
* * * La prestation se termine, chacun remballe son matériel pour laisser la scène aux suivants. Ma quinqua range sa guitare dans son étui, dit deux mots au professeur, apparemment pour râler de sa piètre performance. On dirait qu'on la rassure, qu'on relativise. Elle ramène alors son attention sur son matériel qu'elle finit de rassembler, entre incertitude et fébrilité.
* * * Elle ne le saura sans doute jamais, mais ma quinqua aura été ce soir-là ma belle leçon de vie. Celle de la diversité des aspects de toute personnalité. Car personne n'est simplement une enveloppe vide. La plus idiote des dindes, le plus aigri des vieux garçons a son jardin secret, qui, si l'on prenait la peine de l'imaginer, ne serait-ce qu'un instant, susciterait en nous des réflexions certainement moins dures.
* * * Par ce petit papier, je reconnais me laisser souvent influencer par la bobine des gens que je rencontre. Mais surtout, je voudrais rendre hommage à ma quinqua, qui ose affronter les regards et assume ce qu'elle est vraiment. Si j'ai de la chance, je serai comme elle, quand je serai grande !

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