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Gabelle écologique

Publié le 03 septembre 2009 par Hmoreigne

 La taxe carbone est morte. De battre son cœur s’est arrêté hier, au prix annoncé par François Fillon de 14 € la tonne. Décédée sur l’autel de l’acceptabilité sociale. Faute d’avoir réussi à démontrer que malgré des mécanismes compensatoires complexes l’effort était inégalement réparti. Entre riches et pauvres, pour faire simple. Les fautifs ne sont pas ceux qu’on croit. Cette nouvelle taxe s’inscrit dans un contexte où les exonérations fiscales de tous poils bénéficient aux classes favorisées. Elle se télescope notamment avec le paquet fiscal , toujours d’actualité, et la réduction de TVA sur le secteur de la restauration qui représente à elle seule un manque à gagner de 3 milliards d’euros pour l’Etat.

Force est de reconnaître que sur ce dossier, une nouvelle fois, Ségolène Royal a eu du nez . Avant les autres elle a intuitivement senti que, ça ne passerait pas auprès de l’opinion. Opportunisme politique ? Peut être mais, la présidente de Poitou-Charentes tape juste lorsqu’elle dénonce une taxe “inefficace écologiquement et qui prend du pouvoir d’achat aux Français” et réclame surtout une fiscalité écologique intelligente“.

A juste titre, Michel Rocard avait prévenu . L’instauration d’une fiscalité carbone doit être l’occasion de remettre à plat l’ensemble de notre fiscalité, mitée à l’excès par la multiplication des exonérations et des niches fiscales.

Il appartient aux écologistes de remettre l’ouvrage sur le métier et de trouver des solutions intellectuellement et socialement satisfaisantes. Serge Orru dans une tribune publiée dans Les Echos livre une analyse pertinente. Le Directeur Général du WWF France reconnaît que les mots ont un sens. “« Taxe carbone », cela sonne punitif et de plus limité au carbone, donc aux énergies fossiles, à l’essence et à la bagnole. La contribution climat-énergie à laquelle nous aspirons cherche justement à mettre en avant un aspect civique, d’abord en embrassant toutes les formes d’énergie, ensuite en proposant un système de compensation visant à soulager les foyers précaires, enfin en indiquant précisément sa destination.(…)

On ne changera pas les choses d’un simple coup de baguette magique. Serge Orru rappelle “que l’on ne sauvera pas le climat à la pompe mais à la source”. “C’est un fait, dans le champ environnemental, le signal prix aide à réorienter le consommateur vers des produits et services moins polluants. La contribution climat-énergie vise cet objectif. A condition toutefois d’être instaurée dans le bon sens, c’est-à-dire en sommant les industriels de réduire les émissions à la source plutôt qu’à la sortie du pot d’échappement. Tout comme l’énergie la plus efficace est celle que l’on a économisée, le carbone le meilleur pour le climat est celui que l’on n’a pas émis. A contrario d’une taxe carbone qui ne pressurerait que le bout du pipeline, la contribution climat-énergie doit être un levier pour accélérer l’investissement dans les transports collectifs et dans l’isolation thermique de l’habitat. La fonction ultime de cette contribution est d’entraîner une révolution dans nos modes de vie pour réduire déplacements superflus et autres gaspillages énergétiques, en clair pour propulser notre civilisation du jetable au durable”.

Le Directeur Général du WWF insiste sur le fait que l’instauration d’une fiscalité écologique se nourrit certes d’envolées lyriques et de communication adaptée mais surtout, d’une qualité rare : le courage politique. Et comme on est généralement plus courageux à plusieurs que seul, Serge Orru propose la généralisation d’une véritable contribution climat-énergie à l’échelle des Vingt-Sept.

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