Il ne se passe
pas de semaine sans que la répression de la liberté d'expression ne s'exerce au Vietnam contre des dissidents, qu'il convient de
réduire au silence. Leur crime ? Ils osent émettre des critiques dans le journal auquel ils collaborent ou sur le blog qu'ils ont créé sur Internet.
Trop rares sont les voix qui s'élèvent contre ces atteintes répétées aux libertés individuelles. Il faut remercier les agences de presse telles que l'AFP et
Reuters et les organisations de journalistes telles que Reporters sans frontières qui s'en font l'écho, mais dont les informations sont
insuffisamment relayées par les grands médias. On se demande bien pourquoi...
La semaine dernière doit être particulièrement marquée d'une pierre noire. En effet on apprend, sur le site de Viet Tan (ici), que trois dissidents ont été victimes de la répression menée par la dictature communiste vietnamienne. Il s'agit des
journalistes Duc Huy [photo ci-dessus] et Pham Doan Trang et du blogueur Bui Thanh Hieu, alias Nguoi Buon Gio [les photos des trois
dissidents sont extraites du site de Viet Tan] .
Après avoir posté sur son blog Osin (ici) des articles critiques à l'égard de la politique gouvernementale et, plus
précisément, le 23 août 2009, un article argumenté sur le mur de la honte érigé à Berlin par les communistes allemands, Duc Huy a été remercié, le mardi 25 août 2009, par le journal
Saigon Thiep Thi, qui l'employait, sous la pression amicale des autorités du pays.
Deux jours plus tard, le 27 août 2009, Bui Thanh Hieu [photo
ci-contre] a été arrêté et détenu pour des motifs de sécurité nationale. Il semble que Nguoi Buon Gio ait été appréhendé pour s'expliquer
sur des articles postés sur son blog (ici) critiquant la politique internationale - vis-à-vis de la Chine - du parti unique au
pouvoir, qui se vante d'être communiste, ce qui n'est pas des plus glorieux quand on sait le nombre de victimes de cette idéologie funeste... Le blogueur a aussi
écrit des articles relatifs au conflit qui oppose le gouvernement et l'Eglise catholique (voir mon article du 26 septembre 2008 sur Les biens de l'Eglise catholique vietnamienne détournés par le régime).
Le lendemain, 28 août 2009, c'était au tour de la blogueuse,
Truang the ridiculous (ici), plus connue sous son véritable nom de Pham Doan Trang [photo ci-contre] d'être arrêtée.
Rédactrice de l'hebdomadaire en ligne Tuan Vietnam, elle a eu la mauvaise idée d'écrire le 27 juillet 2009 un article où elle a critiqué le rôle joué par la
Chine au moment du partage du Viêt-Nam en 1954.
Reporters sans frontières, cité par Viet Tan, rappelle, le 1er septembre 2009, que :
En août, le gouvernement vietnamien avait ouvertement annoncé qu'il poursuivrait les 27 militants de la démocratie arrêtés dans les mois précédents. Reporters sans
frontières rappelle que la République socialiste du Viêt-Nam fait partie des douze ennemis d'Internet et est situé à la 168e place sur 173, dans le classement mondial 2008 de la liberté de la
presse établi par l'organisation.
Le régime communiste vietnamien est condamné à disparaître tôt ou tard, comme ont disparu tous ses homologues européens et disparaîtront ses homologues asiatiques. L'accueil du Vietnam au sein
de l'OMC, en janvier 2007, n'y change rien et n'apporte pas à son gouvernement la respectabilité qu'il recherche ardemment. Ce n'est qu'en acceptant de respecter les libertés individuelles
qu'il pourrait y parvenir, mais c'est sans doute trop lui demander. En attendant, devant les critiques qui grandissent dans le pays, ce gouvernement devient de plus en plus mauvais à
l'égard des récalcitrants déclarés et ... de plus en plus sans pitié.
Il y a deux ans, le 30 mars 2007, un prêtre catholique,
Nguyen Van Ly, était condamné à 8 ans de prison pour diffusion d'éléments nuisant à l'Etat. Il avait déjà passé 14 années dans les geôles communistes. La photo ci-contre [tirée du site de Viet Tan ] montre la police vietnamienne tentant vainement de le museler
lors de sa comparution devant la Cour populaire de Hué, en présence de la presse internationale. Aujourd'hui, âgé de plus de 60 ans, sa santé s'est dégradée. Hier, c'était la Fête nationale. A
cette occasion le président communiste Nguyen Minh Triet a amnistié des milliers de prisonniers de droit commun et ... 13 prisonniers politiques, mais pas le père Ly,
malgré la requête de 37 sénateurs américains. Explication du vice-ministre de la Sécurité publique, le général Le The Tiem :
Nguyen Van Ly n'est pas amnistié cette fois-ci...car cette mesure n'est accordée qu'aux personnes ayant fait des progrès dans leur rééducation.
No comment.
Francis Richard