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Francois Cheng L’un vers l’autre 9/10

Publié le 10 mai 2009 par Florent

Francois Cheng L’un vers l’autre 9/10Voici un livre d’un auteur que j’apprécie beaucoup : François Cheng

Il y parle de Victor Segalen, ce grand explorateur poético-mystique. Et François Cheng exprime sa reconnaissance pour le parcours humain de Segalen, parcours caractérisé par la reconnaissance de la richesse de la civilisation chinoise :
“Reconnaissance envers ceux qui , au lieu de siècles de tâtonnements et d’affrontements aussi néfastes qu’inutiles, savent d’emblée l’impérieuse nécessité, justement, de reconnaître. Reconnaître l’autre en se reconnaissant ; se reconnaître en se reconnaissant autre”.

Magnifique déclinaison du verbe reconnaître non ? Elle résonne beaucoup pour moi. Bien noter le “d’emblée” ; très important à mes yeux

et plus loin arrive ce passage qui m’a plongé avec délices dans le désir amoureux :

“Oui,
Il suffit d’un brusque éveil pour que la vie
Se renouvelle. Et soudain, on osa espérer
L’ineffable arrivée d’une amante. Ainsi,
Elle apparut, au milieu du vert et du bleu,
Eclatante, entière, comme depuis longtemps
Attendue, comme depuis toujours déjà là,
Improbable jeune fille d’un improbable
Matin du monde. Tout fut pourtant réel !
Divine surprise grâce à quoi la vie se révèle
Non “dû” mais “don”. Toute vie transformée
En don de vie mérite respect.  Honte à nous
Alors d’avoir tenu si désinvolte propos
Sur le cadavre du missionnaire, martyr anonyme
Au destin si tôt fauché ! Cette “chair glorieuse”, sur qui
S’étaient acharnées tant d’ingénieuse cruauté
Et d’implacable furie, n’était-elle que pure vanité ?
Avons-nous un seul instant tenté de pénétrer
L’insoutenable souffrance, de partager
La muette solitude de cet autre “arraché” volontaire,
 Si loin du sol natal”

Segalen est cité sur le caractère sacré de l’écriture chinoise page 45 :

Le mot chinois est un signe, complet en lui-même, existant, réalisant (une manière d’être), différent de ce qu’il dit, et déjà très supérieur à ce qu’il daigne signifier. 
Les idéogrammes méprisent les tons changeants et les syllabes qui les affublent au hasard des provinces. Ils n’expriment pas ; ils signifient ; ils sont

S’ensuit une belle analyse de François Cheng de l’influence de la langue chinoise (monosyllabique) sur le style poétique de Victor Segalen en Français.

Le livre de François Cheng est émaillé de vers, parfois de lui même comme ici 

Nul doute qu’à la fin tout voyageur se rendra
A l’évidence : le Divers ne divertit point,
Il déroute : fouilles des licornes enfouies,
Forage du for intérieur. Dans les rets
Du mandat du Ciel, toute une vie
A l’épreuve de l’amour! Toute une vie
   A l’épreuve de la mort !

Ce livre est un magnifique voyage poétique et culturel.


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