Magazine Société

Quand José-Manuel tacle le petit Nicolas

Publié le 04 septembre 2009 par H16

J’ai mangé trop gras ce midi. Ça arrive parfois, et du coup, je me sens tout ballonné, et pour tout dire un peu somnolant. C’est donc dans une succession de bâillements à me décrocher la mâchoire que j’ai pris connaissance des dernières aventures du gouvernement français dans la cour d’école européenne. A première vue, il semble que José-Manuel a discrètement taclé Nicolas.

Et là, à la première lecture, j’ai eu un sentiment … de déjà-vu.

Normalement, le déjà-vu se produit lorsqu’on est fatigué, et s’explique par un décalage (court) entre les sens et l’interprétation de ceux-ci par le cerveau. Oui, là, j’étais effectivement en pleine digestion et une partie de mon énergie était donc consacrée à réduire en petites protéines assimilables un met trop chargé… (Ce soir : soupe transparente)

Mais ça n’explique pas ce fameux sentiment de déjà-vu, qui s’entête à persister.

Reprenons calmement les éléments dont nous disposons.

a/ Une loi très mal aimée

Nous avons donc un projet de loi très très controversé, qui vise à instaurer une Taxe Carbone. On taxait jadis les fenêtres, décadence aidant, on va à présent taxer les prouts. On a les moyens qu’on peut…

Loi donc très controversé au sein de la majorité, comme  au sein de l’opposition ;  des gens farouchement pour mais très gênés pour expliquer exactement en quoi ceci va aider le monde, des gens farouchement contre qui hurlent à la mort parce que ce n’est pas comme ça qu’il faut frapper, mais plutôt comme ça, en biais, paf, juste sous la nuque, pour éviter que le bestiaux se relève.

b/ Un buzz effervescent

La sauce commence à monter et le nombre d’articles (tant sur ce blog qu’ailleurs) consacrés à l’usine à gaz impénétrable qu’on est en train de monter n’arrête pas de grandir.

On sent déjà frémir sur certaines plateformes sociales l’envie de rouspéter, d’autant qu’un récent sondage semble montrer que le Français n’est pas tip-top d’accord pour se faire fourrer l’anus au supo mentholé du gouvernement : vivement le groupe Facebook « Taxe Carbone : it’s complicated » ou le site Ning « TaxePasMesProuts.ning.com » …

suppomenthol

c/ Une fébrilité tangible de l’Elysée

Et alors que ça commence à s’agiter fiévreusement dans la classe politique, il devient de plus en plus compliqué de tenir à jour les positions des uns et des autres : tous, globalement, sont super-contents à l’idée d’aller taxer, mais tous, globalement, assez flous sur Qui et surtout sur Comment.

Et la bataille de dégénérer entre les socialistes et les umpistes, entre les verts et les autres, entre ceux qui soutiennent un peu Rocard (sans comprendre son charabia) et ceux qui le lâchent (sans comprendre non plus son charabia), et même entre ministres du gouvernement selon qu’on est à l’Environnement, au Budget ou à l’Economie…

Bref. Situation qui ne peut pas trop plaire à Nicolas et qui a décidé que « Bon, ça suffit comme ça, je vais taper du point sur la table zut à la fin : je reprends tout le dossier ! »

d/ Des abrutis pontifient et racontent d’énormes bêtises

Alors que la réunion entre les différents ministères qui se chamaillent vient à peine de terminer, déjà, on peut recueillir de judicieuses réactions affûtées au bon sens paysan habituel du milieu politico-syndical franchouille. C’est ainsi que Jean-Pierre Bompard, responsable du développement durable à la CFDT, déclare sans rigoler :

« Les élections régionales de mars approchent, le débat n’est plus la lutte contre le changement climatique, mais le niveau des prélèvements obligatoire. Nous sommes tombés dans le piège qu’il aurait fallu éviter. »

Eh oui les petits amis, c’est dramatique : si maintenant, les politiques commencent à s’occuper des sous qu’ils nous piquent, mais où va-t-on mes enfants, où va-t-on ?! C’est un véritable piège : on commence comme ça et on finit par se demander si tout cette histoire ne serait pas de la fanfreluche idiote ! Et ça, ce serait terrible pour notre responsable du développement durable. Qui reprendra bien, lui (et plutôt deux fois qu’une) le petit supo mentholé. A ailettes.

e/ La petite touche finale : l’Europe n’est pas d’accord

Là, on achève l’impression de déjà-vu grandiose : comme dit en introduction de ce billet, José-Manuel rappelle quelques principes de base, ce qui revient à claquer le museau gouvernemental (et, soyons clair, c’est toujours bon à prendre) : « …nous avons besoin d’une industrie en Europe, et il faut assurer que nos entreprises ne sont pas mises dans une position de manque de compétitivité à cause du fait que nous sommes plus avancés sur le plan de la réglementation environnementale que d’autres parties du monde. »

Ben voilà : si on taxe, on a moins d’argent au final. C’est bête, mais il faut bien le dire.

On a donc une loi décriée, un gros bordel politique, des gens qui s’expriment pour dire n’importe quoi n’importe comment, une grogne des Français, Nicolas qui s’excite dans son coin, et la voix de l’Europe qui dit « Non » (et qui ajoute, dans le fond, avec un petit rire sous cape, « c’est bien fait »).

On dirait …

On dirait …

HADOPI, Bien sûr !

Eh oui, cette odeur de merde dont on n’arrive pas à se débarrasser, ce cloaque dont on sent que nos élus vont avoir bien du mal à sortir, le constat que finalement, contre vents et marées, ça va passer quand même, pas de doute : on va assister à une redite de l’extraordinaire dossier de la loi Internet & Création.

Le gouvernement est donc parti pour ajouter une nouvelle marmite en fonte aux nombreuses soupières et autres casseroles qu’il a déjà.

Je ne pensais pas ça possible. Mais si, ils relèvent le défi !

C’est historique !

—-

Autres billets sur le même sujet sur  FalconHill et CaRéagit (notamment).


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


H16 229672 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine