La Chine, un an après… Douze mois se sont écoulés depuis le passage de la caravane olympique à Pékin et les sujets fleurissent dans les journaux. Que sont devenues
les installations olympiques ? Le fameux "Nid d'oiseau" s'est-il transformé en poule aux œufs d'or touristique ? Comment se portent une saison plus tard les héros médaillés de Beijing 2008 ?
Mais curieusement, à l'heure des bilans, le CIO pointe aux abonnés absents. La multinationale olympique reste muette. Elle n'avait
pourtant pas ménagé ses efforts pour faire passer la pilule chinoise auprès de ceux doutant du bien-fondé de confier les JO au plus grand régime autoritaire de la planète. Mister Rogge et ses
affidés ne nous avaient-ils pas promis qu'avec la Chine, l'olympisme faisait un pari sur l'avenir ? Que le passage de la flamme et de ses anneaux dans l'empire du Milieu allait inévitablement
contribuer à une ouverture des hiérarques pékinois sur le monde ? Que les droits de l'homme ne pourraient qu'en tirer bénéfice ? Comme à Berlin en 1936, où, après le passage des Jeux, Hitler
s'est tellement adouci qu'il n'a pu attendre une olympiade pour donner au monde entier de tendres accolades…
Je ne crois pas plus aux vertus thaumaturges de l'olympisme sur les dictatures aujourd'hui qu'il y a
soixante-dix ans. Ça tombe bien, ça m'évite de cruelles désillusions. Mais comment fait le CIO pour survivre à ses contradictions ? Son bel étendard humaniste, rongé par les
compromissions politico-économiques, ressemble à s'y méprendre à un torchon mité. "Tout le discours sur l'importance des JO pour la libéralisation de la société et de la politique chinoise
est évidemment nul et non avenu. L'effet a même été contraire.", constatait cet été le sinologue François Godement (1). Ce ne sont pas les Ouïgours et les Tibétains qui hélas le
contrediront… Pékin 2008 n'a été qu'une belle démonstration nationaliste du savoir-faire made in China. Elle a dû rassurer tous ceux qui doutaient qu'en Chine on sache faire danser et
défiler les petits enfants ou fleurir les feux d'artifice. Pour ma part, je n'ai qu'un regret : que le CIO n'ait pas profité de cette olympiade pour s'initier à l'art de l'autocritique, cher aux
Maoïstes. Ce triste épisode dans l'histoire de l'olympisme aurait au moins servi à quelque chose…
(1) Sud-Ouest, édition du 9 août 2009.