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Incompréhension linguistique

Par Simon Le Fur
C'est pas parce qu'on est en stage Bachelor qu'il est interdit de penser un peu de temps en temps (private joke pour les gens de ma promo...).
Donc vous êtes au parfum, ça va envoyer du très lourd intellectuellement dans ce billet, et ceux qui me lisent en espérant qu'un jour je publie les photos volées du sauna à l'heure des filles peuvent arrêter de lire dès maintenant, ce ne sera pas pour cet article.
Je vais vous parler ici de communication (verbale, non-verbale et tout le blabla), mais comme je suis quand même pas spécialement calé sur le sujet, je vais faire simple pour que tout le monde puisse comprendre (y compris moi).
En fait c'est une réflexion qui m'est venue pendant mon voyage en Suède...

J'avais entendu en cours de Français en prépa, pendant que je faisais un coloriage alors que ce cher M. Laporte nous faisait une de ses interminables corrections de colles (khôles si vous aimez vous la raconter) où finalement il se faisait un grand plaisir à réciter, avec une éloquence supposée, le même corrigé qu'il donne chaque année (pour l'anecdote).
Et parmi tous les trucs (pas toujours) intéressants qu'il énonçait, un m'a fait relever la tête alors que je passais un délicat à-plat de rouge pâle sur les maillot de bain d'une pervenche d'un dessin de Serre que ce même prof de Français nous avait donné comme sujet de colle (une autre que celle qu'il était en train de corriger...).
Oui bon désolé je dois placer ce genre de
filtres-à-gens-qui-vont-être-saoûlés-par-mes-phrases-trop-longues avant des passer au truc dont je veux vous parler ^^.
Donc ce fameux truc qui m'a fait relever la tête c'était :
Dans un message transmis, la part des mots est de 7%, celle de l'intonation de 35% et celle des mouvement et des expressions de 58%
Et là, 19 ans d'efforts à trouver les bons mots (oui le plus dur -enfin le plus long- à trouver a été le premier : maman ! enfin je crois faudrait demander à l'intéressée pour être sûr), à croire que ce qui compte c'est le contenu, le sens, peu importe qu'on les écrive avec une écriture à faire pâlir un pharmacien, ou qu'on les prononce avec une prononciation à côté de laquelle même une vache ou Michel Rocard paraissent éloquents, ce qui comptaient c'était les mots, juste les mots, le reste c'était de la connerie de communication. Ok j'exagère, mais je voulais croire, dans une tradition assez française je crois, que la force du message vient des mots, et que la vérité ne passe que par leur maîtrise parfaite.
Oui mais 7%.
Vous n'allez pas me la faire à moi... 7%, mais c'est du manque de respect ça ! Bon euh allez 50%, je descendrai pas plus bas.
Non, non 7.
35 ?
7 c'est comme ça, j'y suis pour rien moi !
Et d'abord c'est qui l'auteur de ce ramassis de connerie ?
Les auteurs c'est une école de psychologie, ou plutôt une approche du développement personnel mise au point pas des psychothérapeutes américains dans les années 1970 : Ils appellent ça la Programmation neuro-linguistique, la PNL (si vous voulez lire le longuissime article de Wikipédia que j'ai pas lu pour pouvoir me contredire, c'est par , mais si vous voulez juste en savoir un peu plus sans y passer 2h, je vous conseille cet article d'un blog que je viens de découvrir et qui m'a l'air plutôt bien foutu).
Pourquoi des caillous ? Parce que ça fait super classe comme sur les sites qui se la pètent intellos, ou sur les sites des boîtes de conseils et puis ça montre que ce que je dis est vraiment super sérieux, à la limite de devenir une source de référence citée dans tous les rapports d'étudiants fainéants...
Bon finalement je me suis incliné, et j'ai reconnu que les mots ne servaient pas à grand chose sans tout ce qu'on met en oeuvre autour pour impacter sa race : une cravate, un powerpoint qui bouge dans tous les sens, faire des gestes de politicien avec ses mains, faire des silences avec l'air absorbé, et tout ces genres de trucs sur lesquels votre auditoire qui ne vous aura pas écouté -ils bossent sur LEURS présentations- se basera pour affirmer avec un air super impliqué qu'il y a de l'intelligence et de la finesse dans votre analyse et qu'ils vous rejoignent sur CE point (même si en fait ils n'ont pas compris ce point mais qu'ils arrivent à faire un rapprochement avec un des points qu'ils vont développer juste après...).
Et grâce à cette compréhension, un jour j'allais être super riche et super successful... Mais je suis allé en Suède (oui je sais je traite le sujet trop tardivement et de manière expéditive, mais vu que c'est pas une dissert' d'éco, de philo ou de je sais pas quoi, je fais TOUT ce qui m'était interdit de faire pendant mes années studieuses !).
Et donc en Suède je me suis rendu compte dun truc lorsque mon chef parlait en Suédois avec des Suédois : même si je reçois des informations sur le ton de la discussion, la proximité de la relation entre les 2 participants et le sérieux de cette conversation... Je ne sais pas de quoi ils parlent, j'ai beau tendre l'oreille, les observer très attentivement (ils ont du me prendre pour un psychopathe d'ailleurs), le message ne me parvient pas. Donc les mots comptent peut-être pour 7%, mais sans ces 7% il n'y a rien. On peut réduire ses gestes, et mimiques, les rendre inappropriés, en somme on peut grappiller ces 7% de message incompréhensible dans la partie gestes ou dans la partie intonation, le message, bien que requiérant plus d'effort pour le comprendre, reste recevable. Si on ne capte que dalle aux mots on peut toujours utiliser un cornet auditif, des jumelles, où des lunettes infra-rouges, on ne pigera toujours rien à ce qui est en train de se dire.
Donc me voilà sorti du moule formaté par la fameuse théorie de l'impactage, que j'avais carrément intégrée, et je retourne dans le groupe des sceptiques qui ne connaîtront pas le succès... (snif)
Seulement, j'imagine bien que les grosses têtes de la PNL avaient bien pensé à cette contradiction que l'on peut apporter à leur théorie, donc si vous savez, ou même si vous imaginez (je suis la preuve vivante que l'on peut en écrire des tartines sur un truc qu'on connaît à peine) ce qu'aurait pu être leur réponse, faites partager !
Et parce que le seul fait d'être arrivé au bout de cette article, où j'ai beaucoup pensé à moi, est une performance, manifestez-vous dans les commentaires si vous faites partie des plus courageux (oui ça vaut pour toi aussi maman, et puis j'attends toujours de savoir quel fut vraiment mon premier mot ! Les mamans sont mises à contribution sur les blogs c'est comme ça, par exemple sur le blog de Juliette, sa maman a révélé qu'elle dribblait avec le nez plissé depuis tout bébé...)

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