Voilà des considérations très personnelles sur le nom de ma société et mes déboires avec un avocat zélé. A ne lire que si vous me connaissez personnellement, car ça ne parle ni d’usages web, ni de stratégies digitales. Et je m’en voudrais de vous faire lire des choses inintéressantes, chers lecteurs. Vous voilà prévenus.
Au commencement était l’idée
Comme certains le savent peut-être déjà, cela fait quelques mois que j’ai décidé, avec quelques associés, de créer une société (on va plutôt parler de garage ou d’atelier) dont l’activité est basée sur l’exploration et la compréhension du territoire digital à destination d’annonceurs ou de publicitaires souhaitant investir stratégiquement ce territoire (c’est à dire, sans faire forcément du display publicitaire).
Notre volonté est d’avoir une approche décalée du métier de stratège digital. Une approche basée sur l’analyse la plus fine possible des cibles et de ses usages, mais aussi sur la formation du client sur les campagnes et usages digitaux (technologies, tarifs, meilleures pratiques, les échecs).
Nous avons en effet prévu de former le plus possible nos clients pour améliorer la qualité de leurs stratégies de présence sur le web, partant de notre certitude qu’un client qui en sait plus, est un client avec qui vous pouvez aller plus loin. Ce qui est, vous en conviendrez, le contraire des usages publicitaires classiques (ou le copier-coller de propales commerciales est roi et la marge brute, reine), où l’on va vous mettre sous le nez un commercial habitué à faire des claquettes face à des chefs de produits déresponsabilisés (“Internet on y comprend rien alors c’est pas notre problème“).
Deviant Marketing s’imposa avant de disparaître
Soulignant cette volonté de faire les choses différemment, nous avons choisi Deviant Marketing, pour affirmer notre posture de formateur-vulgarisateur-stratège (pas chers ;). Deviant Marketing fut choisi à l’unanimité. C’était nous. Le nom fut déposé à l’INPI, et nous avons commencé à parler de notre atelier autour de nous. Un logo parfait (simple, identifiant et signifiant) fut même aimablement dessiné par un talentueux designer que je ne citerai pas. Et quelques clients arrivèrent. Ca y est, l’aventure commençait.
Et puis nous reçûmes une lettre de Maitre Richard Gilbey (représentant la société Deviant Art Inc.) nous ordonnant de ne “jamais déposer, enregistrer ou utiliser à quelque titre que ce soit, …, tout signe contenant la dénomination DEVIANT” (sic) sous peine de tas de trucs désagréables. Ce qui était assez ironique, car les statuts de la société n’étaient pas encore déposés ! Et l’on nous promettait moults dommages et intérêts pour avoir osé prendre le mot deviant à DeviantArt (qui si je ne m’abuse, n’a pas encore attaqué le marché Français).
Mais notre source de profit principale n’étant définitivement pas le règlement de litige par les tribunaux, nous avons alors décidé de changer le nom de la société pour éviter un litige d’où nous ne sortirons pas gagnants, même si, de façon tout à fait rationnelle nous avions une inscription à l’INPI en règle et nous n’avions absolument pas la même activité que DeviantArt (société de contenus créatifs). Seulement devant le zèle de cet avocat, nous avons préféré fuir plutôt que de passer 6 mois en procès divers (c’est l’usage).
Changement de nom pour deviant
Il nous a fallu 2 mois pour trouver ce nouveau nom. 2 mois de sueur, de trouvailles géniales abandonnées, de brainstorming sauvages (merci aux participants d’ailleurs), de tests infructueux. Et puis, et puis, 2 noms restaient en lice (on a déposé les 2 à l’INPI, et cette fois on a aucune concurrence, cherchez pas ;). L’un était trop complexe et amenait la stupéfaction (il partait du côté de la Renaissance, période similaire selon moi à ce que l’on vit aujourd’hui avec les bouleversements du digital), l’autre, plus facilement mémorisable suscitait un franc intérêt.
Nous avons choisi le deuxième et nous avons décidé de baptiser notre société…
CURIOUSER
Ah, ah, Curiouser, mais qu’est-ce donc ? Vous demandez-vous émerveillés par ce nom.
Curiouser est issu d’une citation d’Alice in Wonderland de Lewis Caroll.
“Curiouser and curiouser!” Cried Alice (she was so much surprised, that for the moment she quite forgot how to speak good English).
Curiouser évoque la bizarrerie apparente derrière une logique cachée (on se rappelle l’immense partie d’échecs dissimulée dans Through the looking-glass and what Alice pound there), mais aussi l’inextinguible curiosité d’Alice l’exploratrice multiforme.
Car les territoires digitaux sont le Wonderland, une version transformée de la réalité où les règles et les certitudes habituelles ne fonctionnent plus (le marketing et la la communication en savent quelque chose), un lieu à la géographie constamment mouvante et aux populations aux usages étranges.
Et Curiouser est une version plus scientifique d’Alice. Nous explorons le territoire digital, nous étudions sa faune et sa flore, ses habitants étranges, et nous le cartographions. Forcément, cela nous oblige à nous transformer, à devenir immenses ou minuscules, à tester toutes les nouvelles applications et tendances du digital. Mais, comme Alice, nous sommes de terribles curieux et notre soif d’exploration est inextinguible.
La fin du début
Voilà pour l’explication. Curiouser est en cours de création (je vais enfin pouvoir envoyer mes factures à mes clients heureux). Aux dernière nouvelles, l’avocat vengeur fait son possible pour obtenir de l’INPI la révocation de l’inscription de Deviant Mktg. Grand bien lui fasse. Adieu Deviant et bonjour Curiouser.
Et au fait, ça vous plaît Curiouser ?
sa compréhension