Avec l’affaire Earl Jones, on vient de s’apercevoir que la finance et les conseils en valeurs mobilières ont aussi un marché noir. Des pseudo-professionnels qui vendent leurs services et conseils mais qui s’obstinent à rester en marge du système et des contrôles de conformité. Comme avec la contrefaçon, des milliards se transigent encore par de biais de recommandations «facturées». L’argent n’est pas détourné de façon spectaculaire comme dans le cas Jones ou Madoff mais, des frais et honoraires sont chargés sans passer par les vérifications obligatoires des autorités réglementaires.
Rare exception? Je ne suis pas certain. Parmi les pubs de Google nous pouvons régulièrement y voir des offres alléchantes de savants de la finance qui veulent notre bien… Ils ne sont ni plus ni moins que des imposteurs. Un trio de ceux-là s’affichent sous le vocable technique: Ratio Capital.
Sur la page d’accueil, on ne peut que se surprendre de la tactique employée. Elle défie la loi de la gravité en faisant valoir des rendements deux fois plus élevées que ceux promis par des Jones, Madoff, Stanford et compagnie. Ce panneau invite tous les nigauds à tomber dedans. On ne cesse pourtant de le répéter, méfiez-vous des trop gros rendements. Leur «Ratio momentum pour le TSX de petites et moyennes capitalisations» auraient procurer 49% de rendement annuel depuis 1997. Quand j’ai vu ça, j’ai pensé au capitaine bonhomme et après coup, je me suis dit… c’est là une belle démonstration de «prévisionnistes» du passé. Par des logiciels et analyses quantitatives complexes et exclusives, ils font la démonstration qu’avec eux… le PASSÉ auraient été supérieur. 49%, par année wow!
Génial. Mais pourquoi, ont-ils besoin de clients et de poissons qui leurs payent 1% par an pour appliquer leurs modèles PLUS 15% des profits. Pourquoi ne sont-ils pas sur une plage de St Maarten en train de siroter des mojitos à côté de 6 poupounes au top à l’air?
Avec des tableaux et explications biaisées ou dépassés par l’actualité, ils font valoir que les fonds communs ne battent jamais les indices. Ils sortent une statistique simpliste qui dit que 96% des fonds communs ne battent pas l’indice. Leur propre référence, Standard & Poors vient plutôt de publier des chiffres officiels très différents.
Mais que des fonds les surclassent ou pas, ce n’est pas le sujet. Qui est assez idiot pour se fixer comme objectif de référence, un indice boursier deséquilibré (60% dans la finance et les ressources) sans tenir compte de sa tolérance au risque et de ses besoins familiaux. La vrai vie est composé d’une multitude de facettes comme les séparations de conjoints, les études des enfants, la maladie et les changements d’emploi… Un professionnel de la finance accrédité prend en compte ces aspects plutôt que de suivre aveuglément des indices boursiers contaminés par des élans spéculatifs et des livres comptables truqués de compagnies comme Bre-X, Livent, Cinar, Nortel et autres cochonneries.
Malgré leur démenti et limite de responsabilité, un fait demeure, Ratio capital monnaye des conseils financiers sans être inscrit auprès de l’AMF. Ses dirigeants ont beau avoir une belle feuille de route en informatique et avoir réalisé quelques bons coups personnels, ils ne sont pas inscrits auprès de l’Autorité des Marchés financiers du Québec et ne souscrivent certainement pas à des assurances en responsabilités personnelles. Juste au cas où la vraie vie n’aura pas été prévue par leurs modèles informatiques quantitatifs et qu’un de leur client aurait subis des pertes par erreurs ou omissions de leurs parts.
Et si avant de vouloir battre l’indice en faisant affaire avec la première firme de vendeur de rêve sur le web, on tentait simplement de conserver son actif en ne retenant les conseils que des firmes sérieuses sous le contrôle et la juridiction de l’AMF?
Personnellement je suis outré de voir que ces beaux parleurs exigent 15% des gains que leurs belles recommandations peuvent engendrés mais, ils se déresponsabilisent totalement des pertes en affichant des mises en garde du genre » …nos dirigeants et partenaires ne peuvent en aucun cas être réputés avoir fourni des conseils financiers par l’entremise de ce site web… » blablabla… Et si ce ne sont pas des conseils ou recommandations, pourquoi exigent-ils des frais? L’imputabilité, ça vous dit quelque chose?
Pour contrer la contrefaçon, il faut parfois faire des démonstations au rouleau compresseur. Ce billet a été transmis à l’AMF le dimanche 6 septembre 2009 à 15:16