… vous avez dit Grenelle ?
par Makhno C’est le nouveau terme à la mode. Au nom de la “rupture”, promis juré, on va tout “grenelliser”. L’environnement bien entendu, mais aussi l’emploi, l’insertion, bientôt et du train où vont les choses, la choucroute et le boeuf en daube (pourquoi pas ?), sans oublier l’indispensable “saucisse de Strasbourg” probablement (”elle le vaut bien”). Mais quoi c’est donc Grenelle ? Ne manqueront pas de me “poser” les innombrables (et probablement majoritaires) “moins de 40 ans” qu’ont pas connu et pour cause. Je m’en vais de ce pas les “rafraîchir”, eux et aussi quelques “quincas” amnésiques. 25 mai 1968. Ouahhh !!! 68 ??? Sodome et Gomorrhe à la Sorbonne et tout et tout, les bagnoles qui crament (déjà), et les CRS qui chargent (parfois à reculons). Mais nan ! Vous n’y êtes pas du tout, ou alors, vous regardez trop la télé (”bonsoir”). 68, c’était pas ça du tout et surtout pas ça seulement. C’était des millions de salariés en grève et dans les rues, le drapeau rouge et le noir sur tous les édifices. C’était pu rien de rien qui fonctionnait, un pouvoir politique aux abois et un pouvoir syndical qui savait plus où il habitait. Débordés qu’ils étaient tous, autant dire affolés par la “tournure”, bref. Les accords de Grenelle ont été négociés les 25 et 26 mai, en pleine crise de mai 1968, pas les représentants du gouvernement Pompidou (paniqués), des syndicats et des organisations patronales (soulagés). Et qu’est ce qu’ils prévoyaient les “accords” dont auxquels ? Oh rien, des broutilles. Une augmentation de 25% du SMIG (ancêtre du SMIC), de 10% des autres salaires, une réduction du temps de travail à 40 heures et quelques “détails” du même tonneau. 25% ? Z’êtes sûr ? Ben oui, je suis et en plus en 1969, y’a pas eu de famine, pas de catastrophe mondiale non pu et la température planétaire ne m’a pas paru plus élevée qu’en 67. C’est comme j’ai l’honneur. Georges Séguy (le secrétaire général de la CGT du temps), l’a d’ailleurs raconté dans ses mémoires, quand il a découvert le projet d’accord, sur le coup, il s’est demandé si il ne devenait pas “ouf” ou si on n’était pas en train de se payer sa “tronche” dans les grandes largeurs (il était d’un naturel méfiant le Georges en question). Alors bien entendu, cette histoire n’étant pas un conte (à la mode Disney), elle se termine mal. Dans les années 70, l’inflation, la crise, enfin, vous comprenez, le “destin” quoi. Tout ce qu’on avait obtenu “tous ensemble”, ils nous l’ont repris de l’autre main, “chacun son tour” et nous voilà demain. N’empêche, quelques vieux dans mon genre n’ont pas oubié ce que c’était vraiment “Grenelle”. Quand j’y repense. Quand je les revois ces copines qui bossaient dans les filatures, se levaient à 4 heures du mat et revenaient à la “brune” et qui du jour au lendemain, ont vu leurs salaires doublés, les “petits chefs” volontiers portés sur le “droit de cuissage” (alors très en vogue dans les filatures), remis à leur place (fallait voir comme), je me dis : ”si ça a existé, c’est donc que c’est possible et si c’est possible, qu’est ce qu’on attend ?” Vous avez dit “Grenelle”, chiche ?