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Dernière phrase ~ Hélène Le Chatelier

Publié le 08 septembre 2009 par Clarabel

Arléa, 1er / mille, 2009 - 90 pages - 13€

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Forrest Gump a comparé la vie à une boîte de chocolat, la narratrice de Dernière adresse a cette petite phrase qui mériterait d'entrer dans les annales : le Flanby, comme la vie, ne tient jamais sa promesse d'un caramel généreux et opulent qui recouvrirait le tout d'une suavité un peu poisseuse et trop sucrée.

Niamh est une vieille dame, très, très âgée. Elle est arrivée au stade où elle se rappelle - son enfance en Irlande, son arrivée en France, son mariage avec Georges, le meilleur des maris, ses enfants, son veuvage, sa solitude, son ennui et son corps qui lâche l'affaire. Niamh ne tient plus debout, elle remplit son frigo de yaourts flanby, elle se fait pipi dessus, bref c'est le signal pour les enfants qui la confient à une maison de retraite. Ou, nursing home. Selon ses termes.

Le transfert est difficile, Niamh n'en peut plus d'être parquée parmi d'autres vieillards dans cet établissement où chaque geste est dénué de chaleur humaine. Tout est terriblement clinique, automatique. Sûr que ce climat la plombe... Niamh ne baisse pourtant pas les bras.
Dans tous les cas, vieillir c'est perdre. Perdre et se résigner à perdre. Se dépouiller de toutes ces choses parfois si chèrement acquises. C'est ça. On passe la fin de sa vie à se défaire de ce qu'on a mis tant de temps à acquérir.
Faut-il vraiment arriver au bout dans cet état de dénuement, de dépouillement de soi, sans artifice ?
Je ne m'y résous pas.
J'en veux encore.
Encore un peu.
Encore beaucoup.
Plus.
Toujours.
J'ai aimé cette vie, malgré tout.
Je l'ai aimée à m'en rendre malade.
J'en suis gourmande.
J'en veux encore.
J'ai faim encore.

Parce qu'il ne fallait pas s'attendre à un petit roman déprimant, le sujet parle de la vieillesse et de la fin de vie, mais c'est fichtrement bien raconté. Niamh est une narratrice extraordinaire, pleine de verve, avec un humour fin et plein d'esprit. Ok, ça yoyote un peu dans sa tête, elle a des lubies de collection improbable (après les yaourts, ce sont les stylos), mais bon sang, elle l'affirme crânement : Quitter le réel, c'est ce que je cherche justement ! Je parle toute seule, et alors ? J'assaissonne ma vie à ma façon. Je ne suis pas démente, j'ai de l'imagination. C'est tout. Ce n'est pas la même chose.

Bref, dans la vie, tout est bon... sauf la fin ! Niamh nous en offre un formidable exemple.
A méditer sagement.


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