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Affaire Kadhafi: où l'on découvre qu'Hans-Rudolf Merz ne sait pas lire...

Publié le 08 septembre 2009 par Francisrichard @francisrichard
Affaire Kadhafi: où l'on découvre qu'Hans-Rudolf Merz ne sait pas lire... Depuis que j'ai écrit la dernière fois sur le sujet il ne s'est rien passé (voir mon article Affaire Kadhafi : en attendant le retour des deux otages. ). Je veux dire par là que les deux otages suisses retenus en Libye n'ont pas été autorisés à quitter le pays, en d'autres termes qu'ils n'ont pas été libérés. Ce qui ne m'étonne pas outre mesure et ce qui n'étonnera pas l'internaute qui a lu, lit ou lira mes articles précédents sur le sujet.

Quand je rédigeais mon article je ne savais pas qu'Hans-Rudolf Merz avait reçu une confirmation écrite de la proche libération des otages (ici). Sans avoir reçu cette confirmation il avait tout de même envoyé à Tripoli mardi 25 août l'avion du gouvernement helvétique, un Falcon 50. Celui-ci était reparti le jeudi 27 août, sans les otages, mais avec leurs bagages (ici). Ce qui était peut-être un peu précipité... et ne doit pas leur rendre la vie plus facile là-bas.

Comme les otages ne sont pas rentrés avant le 1er septembre 2009, les médias et la classe politique ont, dans un premier temps, critiqué le Président de la Confédération (ici), puis ont choisi de faire bloc derrière lui. Les Libyens ne tenaient pas parole. La preuve : ils n'avaient pas désigné en temps et en heure leur juge pour la constitution du tribunal arbitral prévu par l'accord du 20 août 2009, alors que la Suisse l'avait fait le 30 août 2009 (ici).

En fait le 1er septembre 2009, Muammar Kadhafi fêtait les 40 ans de sa dictature et on pouvait penser qu'il avait d'autres préoccupations en tête. Aussi bien le temps ne s'étire-t-il pas de la même façon en Afrique qu'en Europe... et puis ne fallait-il pas accueillir en héros, à Tripoli, Abdel Basset Al-Megrahi, un des condamnés à vie pour l'attentat de Lockerbie, perpétré le 21 décembre 1988, et qui avait coûté la vie à 270 personnes (259 passagers et 11 villageois). La justice écossaise l'avait libéré - officiellement - pour raisons humanitaires...

On apprenait le 2 septembre 2009, le lendemain de ces festivités, diverses et variées, que la Libye avait nommé son juge (ici) le 1er septembre 2009 et qu'il ne restait plus aux deux premiers juges que d'en choisir un troisième pour que le tribunal arbitral soit constitué et prêt à fonctionner.

Qu'attendait donc maintenant les autorités libyennes pour relâcher les deux Suisses ? Seules des raisons techniques empêchaient leur libération. Sous entendu : la justice libyenne est indépendante du pouvoir et il lui faut du temps pour faire son travail. D'ailleurs jamais promesse n'a été faite qu'ils seraient libérés avant la fin du mois. C'est un malentendu (ici).

La fameuse lettre, adressée le 26 août 2009 au président de la Confédération par le Premier ministre libyen, qui confirmerait que promesse il y aurait eu de permettre aux deux Suisses de quitter le pays avant la fin du mois, a été publiée  aujourd'hui par la NZZ (ici). Le texte est clair, il n'est pas du tout ambigu, n'en déplaise à ceux qui l'interprètent dans le sens qui leur convient. Voici le passage important en version originale anglaise suivie de ma traduction, où j'ai souligné la dernière phrase, qui est la plus importante :

Finally I would like to assure your Excellency that with regard to the two Swiss nationals who have been subject of judicial measures due to their violation of the immigration laws of Libya, they are and have always been free to move freely inside Libya and they have never been under any kind of arrest. The legal process with regard to their case is under way and the General Prosecutor is dealing with the matter in accordance with the relevant Libyan laws and regulations and on an expeditiously manner.

We anticipate that the procedures will be completed in a matter of days. Based on the normal course of things in similar situations we believe that their case will be determined very soon and they will be able to travel outside of Libya before the end of this month.


Enfin j'aimerais assurer votre excellence que, pour ce qui concerne les ressortissants suisses qui ont fait l'objet de mesures judiciaires, dues à leur violation des lois de la Libye sur l'immigration, ils sont et ont toujours été libres de se déplacer librement à l'intérieur de la Libye, et qu'ils n'ont jamais été arrêtés d'aucune manière [c'est oublier qu'ils ont connu les geôles libyennes du 19 au 29 juillet 2009...]. Le processus légal pour ce qui concerne leur cas est en cours et le Procureur Général s'en occupe conformément aux lois et règlements libyens en la matière, et de manière diligente.
Nous prévoyons que les procédures seront terminées dans quelques jours. Sur la base du déroulement normal des choses dans des situations similaires nous croyons que leur cas sera résolu très bientôt et qu'ils pourront quitter la Libye avant la fin de ce mois.
  

Jamais le gouvernement libyen n'a donc promis que les deux otages seraient libres avant la fin du mois. Ce n'était qu'une probabilité. Hans-Rudolz Merz a pris ses désirs pour des réalités. Force est de constater qu'il ne sait pas lire. Et peut-être même est-il sourd, et a-t-il mal compris ce que le Premier ministre libyen lui avait dit sur place... 

La Journée internationale de l'alphabétisation des Nations-Unies [l'image ci-dessus provient du site de l'ONU
ici) tombe aujourd'hui, jour de la Nativité de la Vierge Marie. La Fédération Lire et Ecrire (ici) rappelle (iciqu'en Suisse 800'000 adultes ne maîtrisent pas les savoirs de base, dont 365'000 sont nés en Suisse. Il souligne aussi l'inefficacité des mesures prises par les autorités gouvernementales dans ce domaine.

Au fond, l'exemple venant d'en haut, cela n'est pas surprenant... 

Francis Richard 

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