L’ancien dissident soviétique Vladimir Boukowsky n’a pas hésité à comparer l’Union Européenne à l’ancienne URSS : « Comme l’Union soviétique, l’Union européenne porte en elle les germes de sa propre perte, déclarait-il récemment. Quand elle s’écroulera, elle laissera derrière elle une immense destruction ». (Alain de Benoist, Junge Freiheit, juin 2008)
C’est sans doute ce que démontre l’extraordinaire vote, passé inaperçu, qui s’est déroulé au parlement de Strasbourg le 21 février 2008, lorsqu’un amendement présenté par Ricard Corbett et Íñigo Méndez de Vigo, qui se bornait à proposer que l’Union européenne « s’engage à respecter le résultat du référendum irlandais », a été rejeté par 499 eurodéputés contre 129. Un Parlement s’engageant démocratiquement à ne pas respecter un vote démocratique, événement stupéfiant, encore jamais vu, qui pourrait d’ores et déjà constituer un bel objet d’étude pour les spécialistes de science politique!
Bon. On pouvait avoir de sérieux doute sur la légitimité démocratique de cette technocratie Bruxelloise, véritable Nouvelle classe politico médiatique, arrogante et toute puissante, mais le scénario Irlandais est définitivement éclairant sur le mépris total de nos élites à l’égard de toute manifestation populaire, fut-ce un vote démocratique, et sur le caractère despotique de cette Union Européenne.
L’Irlande est le seul pays de l’UE que sa constitution oblige à soumettre à référendum la ratification du traité de Lisbonne, adopté partout ailleurs en Europe à la seule initiative des gouvernements ou des parlements –souvent à rebours du verdict des peuples européens, théoriquement souverains. Les Irlandais ont voté NON le 12 juin 2008. Dans toute structure véritablement démocratique, ce seul vote aurait du bloquer le processus de ratification du traité de Lisbonne et entraîner une crise politique débouchant sur la réécriture d’un Traité de Constitution Européenne conforme aux attentes des peuples concernés.
Il n’en est rien.
Non content de mépriser le vote d’un peuple (et d’autres) européen, nos élites organisèrent dans un silence médiatique et politique ahurissant un second vote pour le peuple Irlandais, sommé de dire OUI, cette fois-ci. Finalement, il est assez extraordinaire que pareille forfaiture, illustrant parfaitement le caractère essentiellement anti-démocratique de cette entité supra nationale, ne fasse pas plus de bruit. Pour une raison simple : politiciens, journalistes, faiseurs et relais d’opinions, lobbys, partis politiques et parlementaires sont en grande majorité d’accord là-dessus : les peuples européens sont incapables de penser par eux-mêmes et la priorité des priorités reste d’éviter absolument –sauf, malheureusement en cas d’impératif constitutionnel- de lui donner la parole.
Durant l’année 2008, une étude de l’Observatoire de l’Europe a fait apparaître que le groupe PPE-DE, majoritaire, qui rassemble les partis de centre-droit en Europe (dont l’UMP pour la France) et le groupe PSE (socialistes) ont voté dans le même sens sur 97% des votes finaux par appel nominal (rapports, résolutions) examinés par le Parlement européen. La convergence des votes du PPE et du PSE exprimées en pourcentages était de 97%. Constatant déjà la convergence de leurs politiques au plan national, l’historien progressiste Max Gallo avait un jour résumé ceci en disant qu’ « ils se chamaillent sur le perron pour faire oublier qu’ils se partagent la maison ».
Pour qui veut bien ouvrir les yeux, l’Europe que l’on nous vend aujourd’hui se construit contre les peuples européens, pour le bénéfice d'une minorité et ne dispose d’aucune légitimité démocratique réelle. Une hyperclasse politico médiatique nomade et arrogante a pris le pouvoir et entend, avec la complicité de l’essentiel des relais d’opinions nationaux, le garder, par tous les moyens.
L'histoire n'est pas écrite. Les peuples européens, les européens conscients d'être les héritiers et les courriers d'une civilisation millénaire singulière et précieuse savent bien que celle-ci n'est en rien réductible à ce mall festif continental, ce barnum consumériste et multiculturel, cette Babel totalitaire qui se construit sous nos yeux.
« Et puis, c'est une Europe de la sempiternelle discussion ... et toujours sur des bases économiques et juridiques, comme si l'économie et le droit pouvaient être fondateurs. Vous savez l'importance que j'accorde à la décision, or l'Europe est dirigée par une classe discutante qui sacrifie le destin à la procédure dans un interminable bavardage qui ne parvient guère à surmonter de légitimes différents. Ce refus de la décision est lié au mal qui frappe nos élites ; elles ne croient plus à la grandeur de notre continent ; elles sont gâtées jusqu'à la moelle par la culpabilité dont elles transmettent l'agent létal à l'ensemble des Européens. D'où cette dérive moralisatrice qui transforme l'Europe en tribunal, mais en tribunal impuissant.( …)... Impuissant, car nous prétendons régir la marche du monde vers l'équité, mais nous refusons d'armer le bras de cette prétendue justice. La culpabilité névrotique inhibe l'action. Le problème, c'est que l'Europe est construite par des libéraux et par des socio-démocrates, c'est à dire par des gens qui croient dans l'économie comme instance déterminante. C'est pourquoi la neutralisation du politique est pour ainsi dire inscrite dans son code génétique. » (Julien Freund)