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PS : opération déstabilisation ?

Publié le 09 septembre 2009 par Hmoreigne

 Difficile de croire au hasard. C’est étrangement au moment où la hache de guerre est superficiellement enterrée au PS que sort un livre sur les conditions de l’élection controversée de Martine Aubry à la tête de la formation socialiste. « Hold-ups, arnaques et trahisons » revient 10 mois après les faits sur l’organisation supposée d’une vaste fraude destinée à barrer la route à Ségolène Royal.

Le PS est décidément un bon client pour une presse plus apte à tirer sur les ambulances que les cortéges présidentiels. Peu importe. Les auteurs Antonin André et Karim Rissouli ne font pas, malgré un titre en trompe l’œil, de révélations fracassantes.

Oui il y a de la triche au PS lors des scrutins internes. Et cela ne date pas d’aujourd’hui. Certaines fédérations, notamment celle des Bouches-du-Rhône, ont acquis depuis belle lurette une réputation sulfureuse (vidéo 3).

L’ampleur de la fraude supposée est relative (vidéo 4). Les journalistes avancent le chiffre de 1 000 voix. Pas un tsunami mais suffisant pour faire basculer l’élection. Ces éléments sont sans doute à la base de l’agressivité des lieutenants de Ségolène Royal, Manuel Valls en tête, et leurs menaces de saisir la justice à l’issue de la proclamation des résultats. Difficile de croire pourtant qu’au cours de cette soirée des longs couteaux des partisans de l’ex-candidate aux présidentielles ne se soient pas également livrés à quelques pratiques douteuses.

Le livre se veut à charge contre Martine Aubry. C’est le droit de ses auteurs. Encore faut-il l’assumer.

De cet épisode on peut longuement disserter. Malgré tous ses défauts le PS est l’une des rares formations politiques où même imparfait le choix de ses dirigeants reste démocratique contrairement au caporalisme ambiant de l’UMP.

Le PS n’est pas pour autant un rassemblement de boys scouts. Dans les colonnes du quotidien Le Monde, Rémi Lefebvre Professeur en sciences politiques et coauteur avec Frédéric Sawicki de La Société des socialistes (Editions du Croquant) livrait dernièrement son analyse du PS.

L’universitaire estime que le Parti socialiste est, en réalité, confronté à un processus de décomposition lente engagé bien avant le congrès de Reims. “Ce congrès a certes accentué cette évolution, en rendant le PS ingouvernable, mais tout cela vient de plus loin. C’est le résultat d’un ensemble de dérèglements intervenus avec la succession de François Mitterrand lors du congrès de Rennes de 1990, qui se sont traduits par la “désidéologisation” et la professionnalisation du Parti”.

Rémi Lefebvre relève la contradiction entre “un organisme national démobilisé, privé de leadership et de perspectives, et, un niveau local qui n’a jamais été aussi florissant.”

Le local c’est justement une formation politique marquée par la présence de professionnels et d’obligés. “La filière de recrutement n’est plus le syndicalisme ou les réseaux associatifs. Un nombre de plus en plus important de ses adhérents vivent de et pour la politique. Avec la décentralisation, on a assisté à la montée en puissance d’une haute fonction publique territoriale et de collaborateurs d’élus, membres des cabinets ou salariés des collectivités locales qui se retrouvent militants semi-professionnels. Ce système endogamique fonctionne en vase clos, dans un milieu social fermé, entre personnes liées par des intérêts professionnels et politiques qui se confondent”.

PS qui es tu ? a-t-on envie de dire. Rémi Lefebvre apporte une réponse. “Il reste difficile de connaître la composition du PS aujourd’hui, l’âge, l’origine socioprofessionnelle de ses adhérents. La dernière enquête remonte à 1998. Ce qui ressort toutefois, c’est qu’il s’agit d’un parti vieillissant, qui compte un grand nombre de retraités et beaucoup de fonctionnaires des collectivités locales. On sait aussi que la moitié de ses membres sont des élus absorbés principalement par la gestion locale. C’est ce lien essentiel et professionnel qui les retient à l’organisation”.

Autant dire qu’il faudra beaucoup de pugnacité à Martine Aubry pour mener à bien la rénovation annoncée du vieux rosier socialiste. En attendant le sort du PS est entre les mains de Ségolène Royal. Feignant de découvrir l’ampleur de la fraude (vidéo 1), la présidente de Poitou-Charentes menace de rallumer la guerre des roses . Une situation idéale pour remettre en cause la légitimté de la première secrétaire et son droit naturel à figurer parmi les prétendants pour 2012.

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