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Les Impromptus Littéraires - la contrée imaginaire

Par Sandy458


C'est à un drôle de voyage que nous convient les
impromptus littéraires cette semaine.
La contrée imaginaire...

Voici la mienne, reflet de mon état d'esprit du moment...

Les Impromptus Littéraires - la contrée imaginaire


«Die Imposante Galerie», peinture de Mac Leod, wikimedia commons, domaine public.


« Le mystère le plus malin se cache dans la lumière ». Jean Giono.

 


On lui reprochait souvent d’être trop curieux en lui expliquant que cela confinait à une certaine irrévérence.

Et puis, ce n’était pas ce qu’on attendait de lui : il devait se montrer posé et discret, gommer ce qui pouvait ressembler à des détestables aspérités enfantines aux yeux trop raisonnables des adultes.


Malgré cela, il continuait à fixer le pavillon de ses oreilles contre les murs chauds et à coller son iris aux serrures charnues des portes.

Il avait décidé qu’il en serait ainsi, que rien ne lui serait caché qui concernait cet étrange monde dans lequel on l’avait jeté malgré lui.

Au 2ème étage de la maison, une porte l’attirait intensément.

Elle ne laissait voir que son vieux bois foncé aux veines apparentes, gonflées par la profonde respiration de la bâtisse.

On avait perdu la clé depuis bien longtemps, disait-on, depuis si longtemps qu’on peinait même à se souvenir ce que le lourd panneau pouvait bien dissimuler.

Lorsqu’il s’approcha de la porte, la curiosité et l’envie de percer le mystère l’attirèrent magnétiquement.

Dans une sorte de transe hypnotique, il se vit secouer vigoureusement la poignée qui s’arc-bouta pour ne pas céder.

Ne pouvant résister à son penchant naturel, il colla avidement son œil au trou de la serrure, le cœur tremblant et les mains moites rien qu’à songer à ce qu’il allait découvrir.

Il eut juste le temps de discerner des ombres se mouvant de l’autre côté qu’il fut aspiré au travers de l’orifice, son corps se délitant en longs fils de brume.

Une lumière bienfaisante l’accueillit et l’entoura chaleureusement pour guider ses premiers pas incertains dans la contrée soudainement dévoilée.

Devant ses sens ébahis, des effluves de jasmins et de gardénias se mêlaient à des giclées de musique joyeuse, tandis que des gouttes d’eau tintaient délicieusement avant de floconner dans les airs.

Des faunes et des elfes batifolaient au milieu des nuages duveteux qui les abritaient fugacement avant de se dissiper, révélant des charmants couples rougissants.

Brume espiègle, il s’enhardit alors à caresser un nuage diapré qui ondula et émit une longue vibration de connivence. Le cœur ivre mais dépité, il songea qu’on avait cherché à le tenir éloigné de ce lieu enchanteur et si vivace en tentant de museler sa curiosité naturelle.


Il se sentit si merveilleusement en symbiose avec ce monde qu’il peina à se raisonner et à regagner – à contre cœur -  la porte qui le séparait de son terne quotidien trop terre à terre.

Alors qu’il allait franchir le trou de la serrure en sens inverse, il perçut un cliquetis métallique sinistrement reconnaissable.
Une clé fourrageait rageusement pour ouvrir la porte qui résistait de toute la force de ses vieux gonds fatigués.


Lorsqu’elle céda enfin, l’air trop policée de la maison s’engouffra violemment, saisissant sur place les aimables habitants de la contrée intérieure. Ils se racornirent, se couvrirent d’une pellicule grise et sèche puis ils s’effondrèrent tragiquement sur le sol dans un grand nuage de poussière opaque.


Suffocant sous la nuée ardente des êtres disparus, il fut traîné de force hors de la pièce. La brume qui le défendait s’accrochait et s’effilochait sur le bois meurtri de la porte.

Vertement tancé par un Grand Sinistre pour sa désobéissance, il comprit douloureusement qu’on lui déniait désormais toute velléité d’imagination et de liberté.


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