Je lis beaucoup autour de moi que Numéro 9 est une grosse déception : scénario peu abouti et court métrage maladroitement rallongé, voici ce qu’on lui reproche principalement.
Je m’insurge : Numéro 9 est une grande réussite. Visuellement, d’abord. Ces poupées de chiffon ont vraiment quelque chose. Leur texture qui donne envie de les prendre dans les mains, leurs traits si simples mais pourtant si humains… A côté, Wall E aurait presque l’air d’une vulgaire boîte de conserve. Inspiré du peintre Zdzislaw Beksinski que j’ai découvert à l’occasion, le monde post-apocalyptique dépeint par Shane Acker est à couper le souffle, chaque détail est un délice pour le regard. Le tout est bien servi par la caméra, si je puis dire : je me suis bien souvent retrouvé à m’extasier (en silence) devant la qualité d’un plan, notamment durant les scènes d’action.
Peinture de Zdzislaw Beksinski (cliquez pour agrandir)
Alors certes, le scénario n’est pas à la hauteur de ce succès visuel. On s’y perd un peu, on se demande, comme le dit à juste titre Mister3ZE, quel est le pourquoi du comment. On sent aussi, et Mg le souligne dans sa critique, que le scénariste dépêché spécialement par Tim Burton a un peu bricolé pour rallonger l’histoire, et ce grâce au coup classique du méchant-qui-est-mort-mais-qui-en-fait-revient, qui intervient étonnamment tôt dans ce film.
Mais cela ne gâche en rien le film. Cette scène, justement, du retour du méchant, est d’une telle beauté qu’on en oublie d’être agacé par cette pirouette scénaristique. Chaque moment où l’on sent des longueurs est une occasion de mieux profiter de la qualité des décors et la fluidité des mouvements des personnages.
En fait, adhérer ou non à ce film revient plus ou moins à répondre à la question : peut-on être suffisamment séduit par l’univers d’un film pour lui pardonner ses carences scénaristiques ? Je fais partie des gens qui le peuvent. Le pouvez-vous ?