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Prévenir la transmission du VIH avec les antirétroviraux : extraits de l'intervention du Professeur Bernard Hirschel à la 4ème rencontre des parents et futurs parents vivant avec le VIH (papamamanbebe.net)

Publié le 10 septembre 2009 par Survivreausida



  • Écouter: Se protéger avec les médicaments : extraits de l’intervention du Professeur Bernard Hirschel à la 4ème rencontre des parents et futurs parents vivant avec le VIH (MP3, 6.7 Mo)

Reda : La 4ème rencontre des parents et futurs parents concernés par le VIH, c’était le 23 mai 2009 à l’Hôtel de Paris, y était invité Bernard Hirschel qui est ce professeur Suisse qui fait partie de la commission fédérale Suisse sur le sida, je vais demander à Tina de récapituler, quel est l’intérêt de notre cher Bernard Hirschel ?

Tina : Il fait partie des médecins suisses qui disent qu’il est possible de faire un enfant dans un couple sérodifférents, de faire un enfant naturellement sous certaines conditions. Donc la première c’est bien sûr que la charge virale de la personne séropositive soit indétectable et ça au moins depuis 6 mois. Après la deuxième condition c’est que la personne séropositive prend bien ses traitements, pas rater ses prises ça c’est vraiment...c’est un risque pour la personne séronégative. Ensuite il ne faut pas qu’il y ait d’autres MST dans le couple, ni la personne séronégative, ni la personne séropositive doit avoir d’autres MST et la dernière c’est que ce soit un couple stable toujours dans l’idée que si le couple n’est pas stable des MST peuvent entrer dans le couple.

Reda : Cela dit Tina l’avis de Bernard Hirschel et des autres spécialistes suisses ne concerne pas que la procréation mais aussi pour les relations sexuelles.

Tina : Oui au-delà, on peut aussi avoir des relations sans faire un bébé (rires).

Reda : Ce qui est envisageable quand même (rires).

Tina : Après il y en a qui disent que si on a ce genre de relations que pour faire un bébé, c’est moins fréquent, après tout le risque est comparable à ce qu’un avion tombe du ciel. En gros c’est à la personne séronégative, c’est elle qui prend le risque pour elle, en gros c’est à elle de décider, si elle est ok ou non...

Reda : Il y a des gens qui ont peur de prendre l’avion et qui du coup préfèrent voyager en diligence (rires).

Tina : (rires) Exactement.

Reda : Nadine, on te remercie pour ton appel. Dans les semaines qui viennent, on invitera les correspondants à donner des nouvelles plus approfondies et vraiment pour engager les discussions. Là on a en principe programmé les appels d’Alexandra et de Jennyfer et peut-être invité surprise, Ben de Valencienne qu’on salue mais tout d’abord je vous propose d’écouter Bernard Hirschel. Présentation et récapitulatif. Les premières 5 min et 25 secondes de son intervention à la 4ème rencontre des parents et futurs parents.

Dr Hirschel – Bonjour tout le monde, je m’appelle Bernard Hirschel, je travaille à Genève et je vais vous présenter en quelques mots cet avis, pourquoi il a été publié et sur quelles bases les affirmations tenues ont été faites.

(Conférence présentée à l’aide d’un support visuel de type Power Point)

Voici donc cette publication parue le 28 janvier 2008. C’est le résultat d’un long processus, d’une longue discussion que moi-même et d’autres avions déjà engagée dans les années auparavant mais qui, faute de tapage, n’était pas bien connue en dehors de la Suisse. Cette publication a eu un certain effet, également dans le grand public, bien qu’elle ait été publiée dans un bulletin médical et qui s’adressait donc avant tout aux médecins et qui a été conçue comme une aide à la consultation avec des couples se questionnant vis-à-vis de la reproduction, entre autre.

Vous avez vu que le titre est formulé de manière assez catégorique : « Les personnes séropositives ne transmettent pas le virus sexuellement ». Quand on lit cela dans l’article, il y a certaines réserves qui sont très importantes et qui ne faut pas oublier. Cette opinion de non contagiosité est soumise à conditions. D’abord, la trithérapie est une expression française assez particulière qui après tout signifie « traiter par trois médicaments », L’essentiel est que le traitement soit très efficace. Les anglophones préfèrent l’expression highly active antiretroviral therapy que je vais parfois utiliser dans ces diapositives. C’est la même chose que la trithérapie.

Alors si depuis au moins six mois, le virus dans le sang, appelé virémie, n’est plus détectable, si le patient continue de prendre le traitement de manière tout à fait fidèle et si aucune autre maladie transmissible sexuellement n’est présente, alors il n’y a pas de transmission du virus par voie sexuelle.

Sur quelles bases pouvons-nous faire une telle affirmation ? Une base est l’étude des couples sérodiscordants, soit un partenaire positif et un partenaire négatif. On a suivi ces couples pendant des années, ils ont eu des relations sexuelles non protégées et on a pu voir, ce qui détermine si une infection a lieu ou pas. Ces suivis se sont faits notamment dans le cadre d’une étude très connue en Afrique provenant d’un district d’Ouganda, dont le titre est « Risque de la transmission en fonction de la charge virale ». Vous le voyez tout de suite, quand la charge virale est petite, que ce soit la transmission femme-homme, homme-femme ou globalement, on observe une absence de transmission. Par contre, quand la charge virale est élevée, évidemment, il y a des transmissions fréquentes. Pas de transmission donc si la charge virale est indétectable.

La deuxième évidence qui nous permet d’affirmer que le niveau de la charge virale est très important dans le risque de transmission provient de l’étude sur la transmission de la mère vers l’enfant. Vous avez ici deux catégories de patients, vous voyez sur l’axe vertical qui va de quasiment zéro jusqu’à des valeurs astronomiques et vous voyez en blanc, la virémie de mères qui n’ont pas transmis le virus à leurs enfant et, en noir, la virémie de mères qui ont transmis le virus à leurs enfants. On voit tout de suite que la virémie des mères qui transmettent est plus élevée que celles qui ne transmettent pas le virus. On voit également que si la virémie de la mère est basse, en dessous de 1000 environ, rien ne se transmet. Donc de nouveau : virémie basse = pas de transmission de mère à enfant.

En effet, parmi les grands succès de la trithérapie, on retrouve l’abolition quasi-totale de la transmission. Les mères traitées correctement pendant la grossesse n’ont jamais d’enfants infectés. « Jamais » en médecine est un mot difficile à employer mais, par exemple, une grande étude de Grande-Bretagne qui portait sur près de 3 000 bébés de mères séropositives qui en fin de grossesse avaient une virémie indétectable, il n’y a eu que 3 transmissions.

Reda : Bernard Hirschel donc c’était la 4ème rencontre des parents et futurs parents concernés par le VIH. C’était la première fois que Bernard Hirschel intervenait en France pour expliquer le fameux contenu de cet avis suisse, un avis publié par commission fédérale suisse. Donc des experts sur le VIH sida dont le titre affirmait qu’une personne séropositive sous traitement efficace et dans certaines conditions bien précises, ne serait plus contaminante. C’est la nouvelle la plus importante depuis l’arrivée des trithérapies des antirétrovirales. On écoute la deuxième partie de l’intervention de Bernard Hirschel. Quand est-il des couples hétérosexuels sérodifférents notamment sur cette question de la procréation mais pas seulement. Quand est-il lorsqu’une personne séropositive sous traitement efficace sans autre infection sexuellement transmissible a des rapports sexuels protégés par les médicaments mais pas par le préservatif dans le cadre d’un couple stable hétéro.

Dr Hirschel : Qu’en est-il maintenant pour les couples hétérosexuels dont un des partenaires est négatif et quel est l’effet du traitement ? Il existe une étude provenant de Madrid avec un patient index VIH+ qui venait consulter en infectiologie. Nous avons choisi des couples où le seul risque de contamination au VIH est l’exposition au cas index. Tous les partenaires ont été testés par la suite pour calculer la fréquence de contamination parmi les partenaires. Nous avons constaté qu’il y a une énorme différence entre la période avant la trithérapie et après la trithérapie. Avant la trithérapie, un bon 10% des partenaires des patients sont devenus séropositifs. Après la trithérapie, vous voyez comment cette proportion baisse. Ce qui est très important, c’est le traitement qui a été donné au patient index. Vous voyez à gauche donc, pas de traitement ou une mono- ou bithérapie inefficace pour le patient index comme dans les années 90, environ 10% des partenaires deviennent positifs. Par contre, parmi les partenaires de patients qui ont reçu une trithérapie, il n’y avait aucun partenaire séropositif. L’effet était plus marqué que chez les couples qui employaient le préservatif. Donc vous voyez à droite, les couples qui disaient ne jamais avoir de relations sexuelles à risque avaient moins de partenaires infectés que les autres couples mais il y en avait quand même quelques uns suite à des accidents de préservatifs ou autre, ce n’est pas parfait non plus.

Il y a deux études africaines qui ont été présentées en congrès médical et où on peut comparer l’effet des préservatifs employés seuls et l’effet des préservatifs combinés à la trithérapie chez des couples sérodifférents. Dans l’étude, les couples qui utilisaient uniquement le préservatif, il y a eu 12% d’infection. Chez les couples qui utilisaient le préservatif combiné à la trithérapie, il y eu 0,5% d’infection. Notez bien que c’est sans référence à la virémie. Parmi les gens traités il y avait sûrement des gens chez qui le traitement n’était pas efficace.

Reda : Bernard Hirschel donc, à la 4ème rencontre des parents et futurs parents concernés par le VIH. La nouvelle la plus importante depuis l’arrivée des antirétroviraux, j’aimerais demander à Hadja et Tina. Là on est trois mois après cette 4ème rencontre et je voulais vous demander à l’une et l’autre avec un peu de recul, comment est-ce que vous voyez cette rencontre et puis surtout un peu les conséquences dans la vie des personnes séropositives et de ceux qui les aiment de ce fameux avis suisse, qu’est-ce que cet avis à changé ?

Hadja : J’ai vu les résultats de cet avis parce-que là on a plusieurs femme enceinte (rires) Donc je pense que de ce côté c’est positif. Faut dire que ce sont des femmes bien suivies aussi, elles ont pratiqué les recommandations.

Reda : Voilà c’est à dire se protéger avec les médicaments ça ne veut pas dire faire n’importe quoi et prendre des risques.

Hadja : Pour les côtés négatifs, qu’est-ce que je peux dire, la même chose aussi, que ce n’est pas parce-que qu’on se protège avec les médicaments qu’on va se mettre à faire du n’importe quoi.

Reda : Et n’importe quoi c’est quoi ?

Hadja : Aujourd’hui on arrive à rencontrer d’autres personnes qui disent, on peut se protéger avec les médicaments donc je peux avoir des rapports sans le dire à mon partenaire ou bien sans se protéger parce-que lui les médicaments le protège, il ne pense pas peut-être à l’autre.

Reda : L’avis suisse est explicite là dessus, sur le cadre du couple stable. A priori ça implique une monogamie, ça existe vraiment combien de couple la pratique ça c’est un autre débat on va dire. J’espère qu’on a Alexandra au bout du fil. Mais Tina, quelles conséquences, comment est-ce que tu mesures la portée de ce que cet avis change dans la vie des gens ?

Tina : Je pense que pour les personnes séropositives souvent très isolées, qui ont mis presque une croix sur leur vie sexuelle et tous les projets de vie d’enfants, qui prennent des risques dans le couple parce-que l’AMP est tellement inaccessible. Aujourd’hui c’est vraiment un espoir pour sortir de l’isolement. On est plus une bombe à virus quand on est séropositif. C’est envisageable de vivre une vie de couple normale et de faire des enfants. Pour Une personne séropositive je crois que le poids sur les épaules est un peu moins lourd.


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