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Les suicidés du boulot

Publié le 10 septembre 2009 par Cetaitdemainorg
Aujourd'hui, c'était la journée mondiale de prévention contre le suicide. Les salariés de France-Telecom devenue Orange évoquent comment on pousse dehors les employés âgés de plus de cinquante ans. Résultat : 22 suicides en 18 mois. Renault a connu naguère la même inflation de morts sans ordonnance. A l'Education nationale, la situation est moins dramatique mais on se défenestre aussi, on se pend dans la classe. L'an passé, Valérie Cruzin mit fin à ses jours dans le Médoc à la suite d'un complot organisé par la municipalité où elle officiait et avec la complicité de son inspecteur. Affaire courante classée avec mépris. La défunte avait forcément des problèmes personnels. On a fouillé dans sa vie pour en trouver et les syndicats eux-mêmes se sont vite éloignés de ce noeud de vipères autocrates. Et moi dans tout ça ? Eh bien, lisez mon article "Un homme pas tout à fait gris". Oui, je le dis ici avec solennité, JE SUIS MALADE DE L'EDUCATION NATIONALE. Pas malade à cause des mômes et des parents. Eux me parlent et, dans une certaine mesure m'aiment, voire me soutiennent. Mais je suis malade des bouffissures réthoriques des ayatollahs de la pédagogie, des petits porteurs de valises de la doxa économique déguisés en bienfaiteurs de l'enfance, de l'ignorance et de l'individualisme forcené des jeunes collègues incapables d'entendre ma parole, du terrorisme de l'Evaluation soumise à la férule de l'OMS et de l'OMC, du crétinisme de la pensée bêtifiante qui érige Maurice Carême au niveau d'Arthur Rimbaud, des mantras des inspecteurs qui font du devoir d'obéissance un moulin à prières, du renoncement à la culture, de la résignation à la médiocrité, de et de... Je ne veux pas me prendre pour Zola ni pour Neruda. Je n'accuse personne ni ne demande un châtiment pour personne. Je n'incrimine même pas notre ministre pommadé comme un représentant de commerce. Quant aux recteurs, aux inspecteurs d'académie, ces mandarins confits en leur forteresse, je les plains plus que je ne les blâme. Mais un jour viendra où, Philippe Mérieu l'a d'ailleurs annoncé, il y aura des jacqueries parmi les maîtres d'école. L'un d'eux, qui aura évidemment des problèmes personnels, ira peut-être, pensant à Jan Palack, s'immoler devant son inspection académique. Une mort combustible qui tiendra dix secondes au journal télévisé de vingt heures, pendant que les beaufs mangeront le brouet qui leur sert de soupe et que les grands possédants se frotteront les mains sur le sang du peuple.

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