
Obama dans une réunion publique au Montana, 14 août 2009 raconte, « l’histoire de gens qui travaillent dur et sont pris en otage par des compagnies d’assurances refusant de les couvrir, ou annulant leur police quand ils en ont le plus besoin, ou leur réclamant des primes qu’ils ne peuvent pas payer en échange de soins désespérément nécessaires. Nous avons un système de santé qui fonctionne mieux pour les assureurs que pour le peuple américain ».
Comme Halimi nous le rappelle brièvement, « Aux États-Unis, un programme d’aide sociale réservé aux pauvres fut aboli en 1996 par le Congrès républicain et par le président Clinton au motif (largement fallacieux) qu’il encourageait “fraudes, gâchis et abus”. Treize ans plus tard, la réforme que défend M. Barack Obama n’altérera pas fondamentalement un système de santé lamentable, car ceux qui en profitent ont pu acheter la faveur des parlementaires. Le programme d’aide sociale aboli en 1996 représentait environ 1 % du budget américain; les assureurs privés si bien protégés dévorent l’essentiel des 17 % de la richesse nationale affectés aux dépenses médicales. » Et de poursuivre plus loin...
« La politique américaine est à ce point gangrenée par l’argent des lobbies industriels et financiers que seules les réductions d’impôts franchissent sans peine le barrage du Congrès. Imposer quoi que ce soit aux banques, aux compagnies d’assurances, à l’industrie pharmaceutique relève donc de la gageure. Dans le cas d’espèce, le président (démocrate) de la commission des finances du Sénat, M. Max Baucus, dont le concours est nécessaire à l’adoption de la réforme, est aussi le parlementaire qui reçoit le plus d’argent des hôpitaux, assureurs et médecins privés. Ses principaux bailleurs de fonds se soucient assez peu des problèmes de son petit État rural, le Montana : 90 % des dons reçus par le sénateur, au demeurant légal et répertorié, proviennent en effet d’ailleurs. A-t-on déjà deviné que M. Baucus s’oppose à une remise en cause du système médical actuel? »

« L'ironie veut que le président ait sans doute besoin de l'aide des républicains s'il veut continuer le combat contre les talibans en Afghanistan. Un tel scénario ne manquerait pas d'ajouter à la déception de ses partisans progressistes, qui le soupçonnent déjà d'être prêt à des compromis qu'ils jugent inacceptables en matière de santé.»
«Oui, nous pouvons», scandaient les partisans de Barack Obama il y a un an. Et l'écho de répondre: «Peut-être pas.»