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Ils l’ont laissée là – Alma Brami

Publié le 02 septembre 2009 par Livraire @livraire

Mercure de France
ISBN : 978-271-522-9327
Parution le 20 août 2009

Ils l’ont laissée là – Alma Brami
Quatrième de couverture :
Deborah est prisonnière. Prisonnière de l’institut “spécialisé” où ses parents l’ont placée. Prisonnière des histoires qu’elle s’invente – à moins qu’il ne s’agisse de souvenirs. Prisonnière du monde des adultes qui ne la comprend pas et à qui elle ne peut parler. Au fil des pages, articulées comme une mystérieuse mosaïque, la terrible vérité va se révéler…
Staccato de phrases brèves, notes prises sur le vif de l’âme : après Sans elle, son premier roman, Alma Brami, vingt-quatre ans, continue de tisser des miniatures qui nous pénètrent, nous effraient, nous bouleversent, et finalement nous illuminent.

Mon avis :
La quatrième de couverture était prometteuse : à vue de nez, un roman abordant des sujets durs, voir tabous. Une narration maîtrisée qui aurait dévoilée peu à peu l’abominable réalité, des personnages que l’on aurait pu accompagner, partageant leurs tensions, leurs secrets.
Seulement il n’en est rien. Staccato de phrases brèves ou notes prises sur le vif de l’âme, autant de termes enjôleurs pour désigner une syntaxe réduite au minimum syndical, un découpage brouillon que le lecteur peine à relier. L’alternance entre les pensées de Deborah et la réalité est difficilement distinguable, si bien que l’on finit par se perdre au milieu d’une narration sans passé, sans présent, sans futur. L’exercice est certes délicat mais sans faire des comparaisons extrêmes, (je pense, au hasard, à Ulysse, chef-d’œuvre pour les uns, exercice pédant et ennuyeux pour d’autres, toujours est-il qu’il faut s’accrocher et accepter de se perdre dans la narration) ce roman aurait certainement gagné à être un peu plus structuré.

Les personnages sont cruellement ordinaires. Aucune compassion pour Deborah ne vient nous perturber, elle est fermée au lecteur comme elle l’est aux médecins et à sa famille. La mère a quelque chose de répugnant, d’agaçant, une sorte de grosse bonne femme aux t-shirts de couleurs criardes et sentant le graillon, personnage envers lequel on devrait sans doute éprouver quelque chose, mais quoi ? Quant au père et à la sœur, ils viennent compléter ce tableau de la banalité, du quotidien abrutissant et grisâtre dans lequel on a envie de les laisser tous moisir. La grande difficulté avec des personnages ordinaires, c’est d’arriver à faire passer cette banalité sans qu’elle n’éclabousse tout le récit. Ces personnages n’étant pas des personnes (malheureusement il y sans aucun doute des familles vivant le même genre de situation) le ressenti est tout à fait différent.
Tout comme on ne compatit pas devant la petite Lolita, on reste de marbre devant la tragédie que cette famille traverse, mais pas pour les mêmes raisons. Le roman de Nabokov présente à notre “moi-lecteur” un schéma que ce “moi-lecteur” admet ou refuse, mais non sans réactions. Ce qu’Alma Brami nous présente ne parvient pas à réveiller ce même “moi”.
Réveiller les spectres de l’inceste et de l’enfance brisée ne suffit pas pour faire un bon roman et émouvoir un lectorat, il faut que le contenu suive, ce qui n’est pas le cas de ce livre que l’on a envie de laisser là.

Posted in française, Je n'ai pas accroché, Littérature Tagged: Enfance, Internement, Littérature française, relations familiales, Rentrée littéraire 2009


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